Lorenzo / Alfred de Musset
Cours : Lorenzo / Alfred de Musset. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Yassinelle • 9 Février 2022 • Cours • 2 883 Mots (12 Pages) • 367 Vues
Lorenzaccio veut assassiner son cousin, Alexandre de Médicis, qui règne en tyran sur Florence en Italie. Pour y parvenir , il travestit son âme en devenant son compagnon de débauche, lui qui est romantique à l’origine. Dans cette tirade, il s’adresse à Philippe Strozzi, l’un des opposants républicains d’Alexandre de Médicis.
LORENZO
Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre ? Veux-tu donc que je m'empoisonne, ou que je saute dans l'Arno ? veux-tu donc que je sois un spectre, et qu'en frappant sur ce squelette (Il frappe sa poitrine), il n'en sorte aucun son ? Si je suis l'ombre de moi-même, veux-tu donc que je m'arrache le seul fil qui rattache aujourd'hui mon coeur à quelques fibres de mon coeur d'autrefois ? Songes-tu que ce meurtre, c'est tout ce qui me reste de ma vertu ? Songes-tu que je glisse depuis deux ans sur un mur taillé à pic, et que ce meurtre est le seul brin d'herbe où j'aie pu cramponner mes ongles ? Crois-tu donc que je n'aie plus d'orgueil, parce que je n'ai plus de honte ? et veux-tu que je laisse mourir en silence l'énigme de ma vie ? Oui, cela est certain, si je pouvais revenir à la vertu, si mon apprentissage du vice pouvait s'évanouir, j'épargnerais peut-être ce conducteur de boeufs. Mais j'aime le vin, le jeu et les filles ; comprends-tu cela ? Si tu honores en moi quelque chose, toi qui me parles, c'est mon meurtre que tu honores, peut-être justement parce que tu ne le ferais pas. Voilà assez longtemps, vois-tu, que les républicains me couvrent de boue et d'infamie ; voilà assez longtemps que les oreilles me tintent, et que l'exécration des hommes empoisonne le pain que je mâche ; j'en ai assez d'entendre brailler en plein vent le bavardage humain ; il faut que le monde sache un peu qui je suis et qui il est. Dieu merci ! c'est peut-être demain que je tue Alexandre ; dans deux jours j'aurai fini. Ceux qui tournent autour de moi avec des yeux louches, comme autour d'une curiosité monstrueuse apportée d'Amérique, pourront satisfaire leur gosier et vider leur sac à paroles. Que les hommes me comprennent ou non, qu'ils agissent ou n'agissent pas, j'aurai dit tout ce que j'ai à dire ; je leur ferai tailler leur plume, si je ne leur fais pas nettoyer leurs piques, et l'humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée marqué en traits de sang. Qu'ils m'appellent comme ils voudront, Brutus ou Erostrate, il ne me plaît pas qu'ils m'oublient. Ma vie entière est au bout de ma dague, et que la Providence retourne ou non la tête, en m'entendant frapper, je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre ; dans deux jours, les hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté.
Extrait de l'acte III, scène 3 de Lorenzaccio - Alfred de Musset
Commentaire littéraire de l’Acte III, scène 3 de Lorenzaccio.
Présentation de l’auteur / mouvement / vie / œuvres.
Présentation de l’œuvre.
Présentation de l’extrait et de son intérêt dans l’œuvre.
Problématique.
Annonce du plan
Le plan qui sera abordé sera le suivant :
I] Le soliloque de Lorenzo : un personnage face à lui-même
a) Une démarche personnelle
b) Une quête personnelle
c) Un acte vital
II] Lorenzo : un héros romantique face au monde.
La figure importante de Philippe.
Un héros marginal.
L’orgueil du héros.
Alfred de Musset est un auteur romantique français du XIXeme siècle, dramaturge, poète et romancier. Le romantisme, qui apparaît à la fin du XVIII° siècle, jusqu’au XIX°siècle se développe en rupture avec le classicisme. Il concerne tous les genres tel qu’ici le théâtre. S’attachant à la supression des règles classiques, il défend le mélange des registres et des niveaux de langue. Les romantiques prennent le modèle de La Préface de Cromwell de Victor Hugo. Après la mauvaise critique de sa première pièce, Musset se met à écrire des pièces faites pour être lues et non pour être jouées, il parlera lui-même de spectacles pour un fauteuil. Il a écrit des pièces à grand succès comme On ne badine pas avec l'amour et Lorenzaccio , ainsi que son autobiographie La confession d'un enfant du siècle. Dans son autobiographie, il explique que les enfants du XIXeme siècle n'ont plus d’espoir, ni de rêves, ni de père, ils sont sans idéal et sans espoir. Musset a écrit Lorenzaccio après sa rupture avec son grand amour, Georges Sand. Lorenzaccio se passe au XVIeme à Florence. Cette pièce traite de l'histoire de Lorenzo et de son cousin Alexandre de Médicis, un dictateur et tyran qui règne sur Florence. Ce dernier a beaucoup de maitresses et adore la débauche. Et Lorenzo lui organise ses plaisirs, lui trouve des femmes et de l'alcool. Lorenzo est fragile et sensible, c'est un héros romantique qui a travesti son âme pour se rapprocher de son cousin afin de le tuer. Cette tirade de Lorenzo est centrale à plusieurs égards. D’abord parce qu’elle se situe précisément au centre de la pièce et du déroulement de l’intrigue. Par ailleurs, la scène 3 est la plus longue de la pièce. Elle est cruciale car elle retrace la germination et l’itinéraire qui ont amené Lorenzo au projet d’assassinat du duc et permet, sur le mode de la confidence, voire de la confession, de présenter le meurtre comme un acte nécessaire, patriotique et libérateur. Mais la révélation prend surtout, dans cette tirade, une dimension existentielle. En effet, le tyrannicide devient, à travers Lorenzo, un acte personnel de résistance et de révolte. La modalité de parole de la tirade permet à cet égard d’accéder à la conscience du héros qui tombe le masque et dévoile son conflit intérieur face à Philippe, interlocuteur bienveillant. Le raisonnement de Lorenzo peut d’abord sembler paradoxal. Conscient de l’inutilité de son geste, il exprime pourtant la nécessité de l’accomplir jusqu’au bout et le besoin de s’en justifier.
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