Les cahiers de Douai
Dissertation : Les cahiers de Douai. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Chloé Choukroun • 21 Avril 2020 • Dissertation • 1 890 Mots (8 Pages) • 21 498 Vues
Rédaction
Les Cahiers de Douai est un recueil de poèmes écrit par Arthur Rimbaud en 1870 à l’âge de 16 ans. Cet adolescent appartenant au milieu bourgeois fut élevé par une mère stricte et pieuse. A l’époque où il écrit ses poèmes le jeune homme commence à se révolter contre son milieu social, à exprimer ses opinions et fugue à plusieurs reprises. Les Cahiers de Douai furent publiés après la mort de Rimbaud alors que celui-ci les avait envoyés à Paul Demeny en 1870, ami de son ancien professeur chez qui il avait trouvé refuge suite à son incarcération pour fugue, poète et en qui Rimbaud voyait un potentiel éditeur. Il lui demande en effet d’abord de publier ses poèmes puis se rétracte et lui demande de les brûler, les trouvant trop « classiques ». Demeny n’avait répondu à aucune de ces demandes et avait mis de côté les poèmes qui furent retrouvés des dizaines d’années plus tard et publiés en 1919. On ne sait si Arthur Rimbaud aurait publié dans un même recueil tous ses poèmes et il peut être intéressant de s’interroger si ce recueil forme un ensemble cohérent. Cet ensemble de poèmes serait-il uniquement porté par la révolté d’un adolescent tentant de s’affirmer face à la société de son temps ? Pour répondre à cette question nous verrons, dans un premier temps, en quoi Arthur Rimbaud se révolte contre son époque et marque une rupture avec son enfance et s’émancipe puis, dans un second temps, en quoi il se conforme aux standards d’une certaine poésie pour être reconnu dans le milieu littéraire sans en bouleverser aucunement les règles.
Dans un premier temps nous allons voir comment Arthur Rimbaud, malgré son jeune âge, traduit dans ses textes sa révolte face à son époque, affirmant ses idées et rompant par la même occasion avec son enfance, car les idées qu’ils expriment sont bien différentes de celles qui prévalent dans son milieu d’origine.
Ainsi, Rimbaud s’oppose à la royauté dans son long poème Le Forgeron où le forgeron défend l’avis républicain du peuple face à Louis XVI et donc face à la monarchie. Dans ce poème non seulement l’adolescent critique la royauté mais il exprime également son avis politique déjà très arrêté pour son jeune âge en se rangeant aux côtés du monde ouvrier et de ses rêves de soulèvement, de révolte. Dans un autre poème Rages des Césars, on peut noter que Rimbaud critique le pouvoir absolu et la tyrannie du gouvernement de son époque qu’incarne Napoléon III. En effet, dans ce sonnet, le poète utilise la tonalité satirique pour dépeindre le comportement d’un empereur, qui voit son règne se finir alors qu’il subit la débâcle dans la guerre contre la Prusse et qu’il est diminué physiquement par des problèmes de santé. La ponctuation exclamative et les figures d’exagération qu’utilise Rimbaud dépeignent un despote qui n’est plus et se moquent de sa chute, il vient d’être fait prisonnier, il est destitué et ne peut plus que se souvenir de ce qu’il a été, ses rêves de grandeur sont anéantis mais Rimbaud n’a aucune pitié et ne lui prête aucun remord. Cette satire se retrouve dans L’éclatante victoire de Sarrebrück : dans ce poème Rimbaud ridiculise le côté mise en scène des exploits guerriers de Napoléon III. La grande liberté de ton et de langage qu’il utilise dans le contexte de guerre de cette époque relève de la polémique. Pour Rimbaud la guerre c’est la cruauté et la mort et il n’y voit rien de glorieux.
Cette dénonciation de la guerre de 1870 qui marque son époque et qu’il a vécu de près car certaines batailles se sont déroulées proche de sa ville d’enfance est prégnante dans Le Mal : Rimbaud s’y insurge contre l’horreur qui règne sur les champs de bataille et le mépris de la vie humaine qui est le cœur même de la guerre. Rimbaud veut fuir ce contexte. Dans Morts de quatre-vingt-douze le poète critique à nouveau la guerre mais glorifie surtout les soldats épris de liberté et qui ont donné leur vie pour celles-ci en les comparant à des Christs. Cette célébration de la liberté ne fait elle pas écho à sa propre envie de liberté ? Arthur Rimbaud fugue à plusieurs reprises durant son adolescence : il veut peut être fuir le contexte politique de son époque en se réfugiant en Belgique et sa ville natale. Ce besoin de liberté de l’adolescent se retrouve dans son poème Rêvé pour l’hiver où il se trouve dans un train en compagnie d’une jeune femme et part à la découverte d’un monde nouveau et plein d’espoir. Ses fugues en Belgique l’inspireront par la suite pour la rédaction de son poème Au Cabaret-Vert qui raconte un moment de bonheur et de plaisir à la table d’un cabaret belge.
Enfin Rimbaud fuit aussi sa mère et son pouvoir abusif tout autant que celui des dirigeants de son pays.. Rimbaud est bien un adolescent en rupture avec son enfance, avec sa mère très stricte et attachée à la religion. Ainsi, Le Mal est un poème engagé contre la religion et surtout l’Eglise puisque Rimbaud en dénonce la vénalité et l’indifférence. Dans Le châtiment de Tartuffe, le jeune homme critique également l’hypocrisie de la religion en utilisant le personnage Tartuffe de Le Tartuffe ou l’imposteur, pièce de théâtre écrite par Molière où le personnage éponyme est hypocrite et faux, il rejette avec véhémence cette religion qui prive les gens de leur liberté, et les enferme par la peur et la culpabilité. Rimbaud se révolte contre ce catholicisme dans lequel voulait l’enfermer sa mère et contre sa classe sociale d’origine. Le poème A la musique, dont le récit se déroule à Charleville, lieu où Rimbaud passa son enfance avec sa mère, est une satire sociale de la bourgeoisie. C’est une façon pour l’adolescent de rompre avec ses origines, son enfance et sa mère qui l’étouffe et le prive de la liberté à laquelle il aspire tant.
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