Les Fausses Confidences

Dans Forme et signification, Jean Rousset dit de Dubois qu’il est un «meneur de jeu virtuose, […] le type accompli de l’acteur témoin; […] l’œil, omniprésenté et omniscient, prévoyant tout ce qui se produira dans les sensibilités de ces amoureux dont il est le vrai».

Cette citation suffit-elle à décrire le personnage de Dubois dans Les Fausses Confidences ?

        Les Fausses Confidences est une comédie en trois actes écrite par Marivaux et parue en 1737, au siècle des Lumières. Dorante, un jeune noble a perdu sa fortune et se retrouve désargenté. Dubois, son ancien valet le quitte pour entrer au service d’Araminte. Cette dernière est une riche héritière, ravissante et jeune veuve. Mais sa mère, Madame Argante rêve de voir sa fille au statut de comtesse. Dubois va alors mettre un stratagème en place pour aider Dorante à conquérir Araminte. On peut se demander alors si la vision de Dubois par Jean Rousset suffit à décrire ce personnage.

Pour répondre à cette problématique, nous allons voir dans un premier temps que Dubois est le meneur de jeu dans l’histoire : c’est un personnage clé; et dans un second temps nous allons voir que malgré le fait qu’il soit un personnage clé, Dubois à des limites, dans un plan en deux parties.

        Tout d’abord, nous allons voir le fait que Dubois est un personnage clé de la pièce. Nous savons que Dubois est à l’origine du stratagème qui a pour but d’aider Dorante à conquérir Araminte. Pour que son stratagème fonctionne, Dubois doit faire des victimes collatérales. Dans son plan, Araminte et Dorante sont bien sûr les personnages principaux mais il y intègre également le comte Dorimont et Marton. Pour que ceci soit un succès, il fait dire à Dorante qu’il veut Marton pour rendre jalouse Araminte, celle-ci se vengera en faisant écrire à Dorante une lettre adressée au comte Dorimont dans laquelle elle explique vouloir se marier avec lui et que ce mariage sera un mariage fondé sur l’amour. Dubois avait en effet prévu tout ceci et son stratagème finit par payer.

        Le seul but pour Dubois est d’accomplir sa mission : réunir Dorante et Araminte. Nous ne savons quelles sont les ambitions et les intentions qui le poussent à aider ainsi son ami et ancien maître, mais son attitude paternelle envers Dorante montre bel et bien qu’il n’y a aucune mauvaise intention derrière tout cela. Est-ce juste la satisfaction de voir son ami heureux ? Dubois est, comme tous les valets, un personnage qui n’évoque aucune ambition personnelle mais on peut se demander s’il en a réellement. N’a-t-il pas mis sa vie au service de Dorante malgré le fait que celui-ci ne soit plus son maître ? Dubois, dans cette pièce, peut totalement être perçu comme un ange gardien pour Dorante, qui l’aide à réaliser son plus grand désir : Araminte.

        Comme le dit Jean Rousset, Dubois est «omniprésent et omniscient»: c’est-à-dire qu’il est toujours présent même quand il n’est pas là physiquement et qu’il sait tout sur tous les personnages (leurs réactions, leur manière d’agir…). Dubois a, dans la pièce, au minimum une interaction avec chacun des personnages mis dans son stratagème. Il a été le valet de Dorante et est désormais celui d’Araminte tout en étant toujours proche de Dorante. Et même lorsqu’il n’est pas sur scène, Dubois est là car la pièce est construite sur son stratagème; c’est-à-dire que le fondement de la pièce repose sur lui et son idée. Dubois est un personnage très optimiste, avec une vision des choses qui va toujours vers la meilleure situation. Il est persuadé qu’avec son esprit stratège, Araminte va tomber amoureuse de Dorante et ils seront heureux ainsi.

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