Lecture analytique lettres 161, Lettres persanes
Commentaire de texte : Lecture analytique lettres 161, Lettres persanes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gilles Polop • 4 Octobre 2021 • Commentaire de texte • 436 Mots (2 Pages) • 487 Vues
Lecture analytique
LETTRES PERSANES, MONTESQUIEU 1721
LETTRE 161
Préparation :
Entrée dans le texte :
La question peut susciter le débat. Roxane a agi ainsi pour se venger d’Usbek qui a fait tuer l’homme qu’elle aimait (l. 7). La forte présence des pronoms personnels de la première et de la deuxième personne du singulier confirme cette lecture. Néanmoins, Roxane dénonce également la condition des femmes dans le sérail et la «servitude» (l. 13), elle revendique sa liberté et son «indépendance» (l. 13-15) : en cela, sa lettre revêt une portée plus large.
Comment Roxane fait-elle apparaître Usbeck comme un tyran domestique ?
L’usage de l’expression «adorer tes caprices» est révélateur : le verbe « adorer » renvoie au domaine religieux, Usbek prétend être adoré comme un dieu; le mot « caprice », du latin capriccio (« sauts de chèvre ») repris par le synonyme «tes fantaisies» (l. 20), suggère un pouvoir arbitraire. Ce pouvoir est également dénoncé comme absolu avec le pronom ou déterminant «tout : «tu te permets tout» (l. 12), «le droit d’affliger tous mes désirs» (l. 12). Roxane dénonce «l’affreux sérail» (l. 4) où Usbek l’enferme et où il règne.
En quoi la démarche de Roxane rejoint-elle celle des philosophes des lumières : « j’ai réformé tes lois sur celles de la nature » ?
Roxane n’est pas «crédule» (l. 10) : elle ne croit pas naïvement ce que lui dit Usbek et n’accepte pas les usages parce que c’est la coutume. Elle exerce son esprit critique et sa raison : les questions (l. 10-12) font apparaître ce qu’il y a d’illogique dans la situation. Roxane rejette l’autorité et prend pour exemple la loi naturelle, sur laquelle elle réforme les lois.
Sa démarche peut être comparée à l’argumentation de Polly Baker (Supplément au Voyage de Bougainville, p. 275) ou d’Émilie du Châtelet (Discours sur le bonheur, p. 264).
En quoi ce dénouement romanesque délivre-t-il un enseignement politique ?
Le roman se termine par un coup de théâtre : la vengeance de Roxane qui se suicide. Dans cette lettre, elle exprime de manière lyrique sa haine pour Usbek. La fin est très pathétique : on découvre Roxane mourir en achevant d’écrire. Cette lettre est donc très efficace d’un point de vue dramatique dans l’économie du roman. Mais elle délivre aussi un enseignement politique : Usbek, que le lecteur lit depuis le début du roman et qui s’est présenté comme un homme éclairé qui critique les défauts européens, est lui-même remis en cause comme tyran domestique, et Roxane révèle un point aveugle dans la société, la condition des femmes. Plus largement encore, elle dénonce toute forme de servitude en revendiquant la liberté.
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