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Lecture analytique Barbe bleu

Fiche de lecture : Lecture analytique Barbe bleu. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Mai 2021  •  Fiche de lecture  •  2 176 Mots (9 Pages)  •  1 466 Vues

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BARBE-BLEUE, Lecture linéaire

Introduction :
Charles Perrault se consacre d’abord à la poésie et trouve aisément sa place dans le monde courtisan et littéraire du 17
ème siècle. Pourtant, c’est d’abord pour ses contes qu’il est passé à la postérité. Les Contes de ma mère l’Oie, publiés en 1697, s’adressent en effet à un double public : d’une part les enfants, dont ils satisfont le goût du merveilleux ; d’autre part les adultes fascinés par les pulsions subconscientes qui animent ses personnages. La Barbe Bleue n’échappe pas à cette règle en révélant à la fois la force de la curiosité et le goût de l’interdit. La Barbe bleue, homme étrange et autoritaire, s’est marié à plusieurs reprises avant d’épouser une toute jeune femme qui peut circuler dans toutes les pièces, sauf un petit cabinet. Ce dernier vient de partir en voyage en lui confiant les clefs de toute la maison et en lui rappelant l’interdiction formelle de pénétrer dans le cabinet.

Projet de lecture : En quoi ce moment constitue-t-il la clé du conte ?

1. Avant la découverte du cabinet (lignes 1 à 6)

a) La femme de Barbe-bleue est tout entière tournée vers la tentation ; on sait qu’elle dispose de tout ce dont peut matériellement rêver : que pourrait-elle souhaiter de plus que ce qui est interdit ?

 Perrault souligne l’impatience de la jeune femme par :
• La mention de l’impolitesse dont elle fait preuve : le désir qu’elle éprouve est si fort qu’elle ne peut le repousser dans

le temps et qu’il la prive de son jugement = elle ne peut plus prendre en compte autre chose que ce désir (« sans considérer... ») qu’elle veut satisfaire absolument. La présence des autres (« la compagnie ») constitue un obstacle qu’elle ne veut pas envisager.

Perrault signale dès ce moment la gravité de la faute commise par la jeune femme, avant même que le drame soit révélé. Etude de la polysémie de l’adjectif « malhonnête » :
👓Malhonnête : A. Qui va à l'encontre de la décence, de la pudeur. Ce qui touche à l'épouvantable, c'est l'objet même que l'on emploie pour attirer la foule, c'est la femme nue (...). Le spectacle est plus affreux que malhonnête (Veuillot, Odeurs de Paris,1866) B.− Qui enfreint les règles de la politesse.

• L’emploi répété de propositions subordonnées de conséquence : Elle fut si pressée que... elle y descendit

...avec tant de précipitation qu’elle pensa se rompre...

La tentation était si forte, qu’elle ne put la surmonter
Ces propositions de conséquence font apparaître des adverbes d’intensité : « si » et « tant » qui renforcent encore l’impression de précipitation vers la désobéissance.

• La matérialisation du danger que représente cette désobéissance : « elle pensa se rompre le cou » + répétition du phénomène (« deux ou trois fois) = Autant d’éléments qui devraient l’alerter.

👓Penser : Vieilli. [À un temps passé, sert à exprimer qu'un fait a été très près de se produire] Synon. faillir, manquer (de).Je ressemble à un homme, qui, mesurant des yeux l'abîme où il a pensé tomber, est plus effrayé qu'au moment du danger.

b) L’arrêt que la jeune femme marque devant la porte constitue le moment ultime avant de basculer dans la désobéissance  Temps du § le plus long.

= Moment de suspens où tout est possible : la porte est devant elle (obstacle qui surgit métonymiquement au début de la phrase par antéposition) et devrait permettre à la raison de revenir.
 Résurgence de la figure du mari et de l’ordre qu’il lui a donné (« défense » et « désobéissante » : dernière notation avant de passer à l’acte)

 verbes de réflexion : « songeant », « considérant » (par opposit° à ligne 1)
Mais le 2
nd membre de la phrase vient annihiler toute raison. Et l’effet paradoxal de cette halte est d’aviver la tentation.

Etude de la cadence de la phrase : Partie 1 (jsq’au ;)
2 lignes
4 éléments de plus en plus amples.

Partie 2 (jsq’aux :)
± une demi-ligne
2 éléments, séparés par une virgule (arrêt de suspens) mais reliés par l’expression de la conséquence.

= Construct° qui souligne le caractère irrépressible de la tentation contre laquelle la raison ne peut lutter.
La phrase n’est pas achevée : le dernier membre est la conséquence de la conséquence, marquée par « donc » et l’expression pratique de la tentat° = la clef.
La phrase s’achève comme elle a commencé, sur « la porte du cabinet » mais l’irréparable a été commis : « ouvrit ».

Bilan : Une première phase qui a créé un climat d’attente inquiète : va-t-elle céder à la tentat° ? Que cache le cabinet interdit ? Que risque-t-elle ?
Ces quest° sont à la fois celles du personnage et du lecteur ; ainsi Perrault inscrit-il déjà la compréhension dont on va faire preuve envers la jeune femme (contre BB)

2. La découverte macabre (lignes 7 à 18)

a) Le temps semble se suspendre :

[pic 1]

  • Rien n’indique la durée passée dans le cabinet
  • En revanche, les étapes de la découverte macabre sont nettement précisées :
  • —  «D’abord»:onnevoitrien
  • —  « Après quelques moments » : révélat° de l’horrible spectacle
  • —  « Après avoir un peu repris ses sens » : fuite

b) La découverte macabre
L’horreur suggérée et diffuse dans le début du conte, ou présente comme une menace, se cristallise soudain avec l’entrée dans le cabinet. Pourtant

  •         —  Un lieu ordinaire: sombre certes, mais la cause est on ne peut plus banale : « les fenêtres étaient fermées »
  •         —  Un plancher quelconque
    Cependant, tout bascule avec l’évocat° qui suit : le sol « tout couvert de sang caillé » reflète le spectacle des corps de femmes mortes et « attachées le long des murs ».
    Un spectacle d’horreur :
  •         —  Valeur du pluriel : le nombre des femmes semble augmenter au fil de la phrase Plusieurs / toutes / l’une après l’autre
    + elles occupent plusieurs murs !
  •         —  Un bain de sang :
    Abondance : valeur de l’adverbe « tout » (8) = entièrement
    Usage de la répétit° = le sang envahit la phrase comme il a envahi la pièce.
    A rapprocher de l’assonance : sang / dans / sang et de l’allitérat° sang /ce. On entend le mot « sang » partout.
    Détail sordide : ce sang est « caillé ». Le réalisme du détail renforce l’aspect atroce de la vision.

— Le sol devient le miroir dans lequel l’image des cadavres est réfléchie ; cf. « se miraient ». Mais ce miroir est

constitué du sang même des victimes. L’horreur tient ici au choix du vocabulaire, qui renvoie au quotidien de

la toilette féminine.
Conséquences : elles sont de même nature que la curiosité de la jeune femme, aussi extrêmes.
 Mêmes procédés littéraires : « elle pensa mourir de peur » (10)

Conséquence inversée : « Elle n’en pouvait venir à bout, tant ... »
 Un meurtrier en série : avec la découverte de ses épouses, se dessine une nouvelle facette de la BB : on savait déjà qu’il exerçait une autorité impérieuse sur sa femme (« défense ») et qu’il constitue une menace (« lui arriver malheur »). On

...

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