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Lecture analytique 11

Commentaire de texte : Lecture analytique 11. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  1 955 Mots (8 Pages)  •  507 Vues

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Explication linéaire: III, 12, de « Il n’y a pas moyen, Dorante » à « laissez-moi parler ».

■ Correction

I. Lignes 23 à 33: La comédie de la hiérarchie sociale

a. Comment maîtresse et domestique maintiennent-ils, au début de la scène, l’apparence des

codes sociaux supposés les séparer? Appuyez-vous sur leurs éléments de langage pour

répondre.

- Conformément à ce que l’on attend d’elle, Araminte renvoie son intendant, car les usages du temps et la

bienséance (comme l’indique la présence du pronom indéfini «on» : «On sait que vous m’aimez, et on

croirait que je n’en suis pas fâchée », l. 23‐24) interdisent à un domestique d’aimer sa maîtresse à la

vue de tous. La réputation d’Araminte est en jeu.

- Elle joue donc le rôle qu’on attend d’elle: pour signifier son renvoi à Dorante, elle utilise un ton

autoritaire (« Il faut se quitter », l. 23) et sec (ses répliques sont brèves), et le mode impératif indiquant

un ordre (« allez », l. 26). Elle feint de n’avoir aucune compassion pour son domestique (« chacun à ses

chagrins », l. 26) et le malmène un peu (« À quoi vous sert de l’avoir?», lui demande‐t‐elle en lui

refusant son portrait, l. 28; «vous n’êtes pas raisonnable», l. 31).

- Dorante se plaint mais se soumet, et le terme «Madame» qui ponctue presque toutes ses répliques

rappelle sa déférence vis‐à‐vis de celle qui reste, pour quelques instants encore, sa maîtresse . Par

ailleurs Madame (comme Monsieur), titre de civilité donné aux femmes, est à l’origine un terme de

courtoisie qui désignait, jusqu’au XVIIe siècle, les seules reines et princesses. Ce terme nous vient

directement de la littérature médiévale: « ma Dame », c’est la manière dont le vassal s’adresse à la

femme de son Seigneur: le seul mot, répété ainsi par Dorante, rappelle cette posture de chevalier

soumis et amoureux, objet du fantasme d’Araminte (voir première lecture analytique de la séquence

dans laquelle Dorante est dépeint par Dubois comme un chevalier fou d’amour).

b. Que traduisent les types de phrases (déclaratif, exclamatif, interrogatif, injonctif) utilisés quant à

la capacité des deux personnages à tenir en respect leurs émotions ?

- Dorante utilise beaucoup le mode exclamatif : il peine à maintenir le vernis social, et sa douleur de quitter

la veuve transparaît à travers ses exclamations. Il s’exprime principalement par hyperboles (« J’ai tout

perdu ! », l. 27). Ses répliques prennent des tonalités lyriques («n’ajoutez rien à ma douleur!», l. 33) et

pathétiques («que je vais être à plaindre!», l. 25).

- Araminte, elle, ne perd pas contenance: la fermeté de son ton s’accompagne de nombreuses phrases

déclaratives («Il n’y a pas moyen», l. 23; «vous savez peindre», l. 28; «vous n’êtes pas raisonnable », l.

31). Elle feint d’être sûre de sa décision en étant définitive dans ses propos. Et, lorsqu’elle emploie une

tournure interrogative, ce n’est pas pour exprimer une incompréhension ou une incertitude mais pour

renvoyer Dorante à son absence de logique. Elle enchaîne d’ailleurs avec une réponse affirmative et

ferme: «À quoi vous sert de l’avoir? Vous savez peindre» (l. 28).

c. Selon vous, lequel des deux portraits d’Araminte (celui de la boîte ou celui du tableau) est évoqué

dans ce passage, et sommes-nous toujours dans le cadre de l’ingénieux stratagème de Dubois?

Justifiez votre réponse.

1Le portrait ici mentionné par Dorante est celui de la boîte. En étant le peintre, il en est aussi le propriétaire.

Araminte, qui l’avait confisqué, l’avait ensuite utilisé pour contraindre le jeune homme à avouer ses

sentiments (II, 16). L’accessoire est donc apparu à de multiples reprises, toujours à des moments clés. Idée

de Dubois au départ (nous ne savons d’ailleurs pas s’il a demandé à Dorante de peindre le portrait dans la

perspective du stratagème ou si Dorante, depuis longtemps amoureux, l’avait déjà peint, dans une

démarche sincère!), cet objet a ensuite servi les plans d’Araminte: le stratagème du valet lui a échappé,

mais pour réussir tout aussi bien.

II. Lignes 34 à 53: Un double aveu

a. Dans quelle mesure l’aveu d’amour d’Araminte à Dorante est-il annoncé par les répliques qui le

précèdent?

Araminte, malgré la contenance qu’elle parvient assez bien à conserver, prête l’oreille à Dorante, qui amène

de plus en plus la conversation sur le terrain des émotions en réclamant le portrait («bien cher», l. 30;

«vengée», l. 32; «douleur», l. 33): son exclamation à la ligne 34 («Vous donner mon portrait ! »), ainsi que la

construction de la phrase, réduite à son minimum, révèlent son trouble. Dans un éclair de lucidité, et par le

biais d’une question rhétorique («songez‐vous que ce serait avouer que je vous aime?», l. 34‐35), elle établit

cette équivalence: rendre le portrait

...

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