Lecture analytique 11
Commentaire de texte : Lecture analytique 11. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Michel Merci • 5 Mai 2021 • Commentaire de texte • 1 955 Mots (8 Pages) • 493 Vues
Explication linéaire: III, 12, de « Il n’y a pas moyen, Dorante » à « laissez-moi parler ».
■ Correction
I. Lignes 23 à 33: La comédie de la hiérarchie sociale
a. Comment maîtresse et domestique maintiennent-ils, au début de la scène, l’apparence des
codes sociaux supposés les séparer? Appuyez-vous sur leurs éléments de langage pour
répondre.
- Conformément à ce que l’on attend d’elle, Araminte renvoie son intendant, car les usages du temps et la
bienséance (comme l’indique la présence du pronom indéfini «on» : «On sait que vous m’aimez, et on
croirait que je n’en suis pas fâchée », l. 23‐24) interdisent à un domestique d’aimer sa maîtresse à la
vue de tous. La réputation d’Araminte est en jeu.
- Elle joue donc le rôle qu’on attend d’elle: pour signifier son renvoi à Dorante, elle utilise un ton
autoritaire (« Il faut se quitter », l. 23) et sec (ses répliques sont brèves), et le mode impératif indiquant
un ordre (« allez », l. 26). Elle feint de n’avoir aucune compassion pour son domestique (« chacun à ses
chagrins », l. 26) et le malmène un peu (« À quoi vous sert de l’avoir?», lui demande‐t‐elle en lui
refusant son portrait, l. 28; «vous n’êtes pas raisonnable», l. 31).
- Dorante se plaint mais se soumet, et le terme «Madame» qui ponctue presque toutes ses répliques
rappelle sa déférence vis‐à‐vis de celle qui reste, pour quelques instants encore, sa maîtresse . Par
ailleurs Madame (comme Monsieur), titre de civilité donné aux femmes, est à l’origine un terme de
courtoisie qui désignait, jusqu’au XVIIe siècle, les seules reines et princesses. Ce terme nous vient
directement de la littérature médiévale: « ma Dame », c’est la manière dont le vassal s’adresse à la
femme de son Seigneur: le seul mot, répété ainsi par Dorante, rappelle cette posture de chevalier
soumis et amoureux, objet du fantasme d’Araminte (voir première lecture analytique de la séquence
dans laquelle Dorante est dépeint par Dubois comme un chevalier fou d’amour).
b. Que traduisent les types de phrases (déclaratif, exclamatif, interrogatif, injonctif) utilisés quant à
la capacité des deux personnages à tenir en respect leurs émotions ?
- Dorante utilise beaucoup le mode exclamatif : il peine à maintenir le vernis social, et sa douleur de quitter
la veuve transparaît à travers ses exclamations. Il s’exprime principalement par hyperboles (« J’ai tout
perdu ! », l. 27). Ses répliques prennent des tonalités lyriques («n’ajoutez rien à ma douleur!», l. 33) et
pathétiques («que je vais être à plaindre!», l. 25).
- Araminte, elle, ne perd pas contenance: la fermeté de son ton s’accompagne de nombreuses phrases
déclaratives («Il n’y a pas moyen», l. 23; «vous savez peindre», l. 28; «vous n’êtes pas raisonnable », l.
31). Elle feint d’être sûre de sa décision en étant définitive dans ses propos. Et, lorsqu’elle emploie une
tournure interrogative, ce n’est pas pour exprimer une incompréhension ou une incertitude mais pour
renvoyer Dorante à son absence de logique. Elle enchaîne d’ailleurs avec une réponse affirmative et
ferme: «À quoi vous sert de l’avoir? Vous savez peindre» (l. 28).
c. Selon vous, lequel des deux portraits d’Araminte (celui de la boîte ou celui du tableau) est évoqué
dans ce passage, et sommes-nous toujours dans le cadre de l’ingénieux stratagème de Dubois?
Justifiez votre réponse.
1Le portrait ici mentionné par Dorante est celui de la boîte. En étant le peintre, il en est aussi le propriétaire.
Araminte, qui l’avait confisqué, l’avait ensuite utilisé pour contraindre le jeune homme à avouer ses
sentiments (II, 16). L’accessoire est donc apparu à de multiples reprises, toujours à des moments clés. Idée
de Dubois au départ (nous ne savons d’ailleurs pas s’il a demandé à Dorante de peindre le portrait dans la
perspective du stratagème ou si Dorante, depuis longtemps amoureux, l’avait déjà peint, dans une
démarche sincère!), cet objet a ensuite servi les plans d’Araminte: le stratagème du valet lui a échappé,
mais pour réussir tout aussi bien.
II. Lignes 34 à 53: Un double aveu
a. Dans quelle mesure l’aveu d’amour d’Araminte à Dorante est-il annoncé par les répliques qui le
précèdent?
Araminte, malgré la contenance qu’elle parvient assez bien à conserver, prête l’oreille à Dorante, qui amène
de plus en plus la conversation sur le terrain des émotions en réclamant le portrait («bien cher», l. 30;
«vengée», l. 32; «douleur», l. 33): son exclamation à la ligne 34 («Vous donner mon portrait ! »), ainsi que la
construction de la phrase, réduite à son minimum, révèlent son trouble. Dans un éclair de lucidité, et par le
biais d’une question rhétorique («songez‐vous que ce serait avouer que je vous aime?», l. 34‐35), elle établit
cette équivalence: rendre le portrait
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