Le personnage de roman peut-il acquérir la complexité et le mystère d’un être vivant ?
Dissertation : Le personnage de roman peut-il acquérir la complexité et le mystère d’un être vivant ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Zach Naji • 24 Mai 2018 • Dissertation • 1 341 Mots (6 Pages) • 1 134 Vues
DISSERTATION
Sujet: Le personnage de roman peut-il acquérir la complexité et le mystère d’un être vivant ?
Le romancier dans ses oeuvres souhaite donner un souffle de vie à ses personnages, faire d’eux des “êtres de papiers”, il cherche donc à reproduire des être vivant. Or, un être vivant, et l'homme en particulier, est par nature complexe et mystérieux. Nous pouvons donc nous demander si le romancier peut donner à ses personnages humains cette multiplicité de caractères qui font de lui un individu énigmatique. Certes, la complexité et le mystère d’un personnage romanesque le rapproche d’un être vivant. Cependant, un personnage de roman ne peut l'être autant une personne. Quoi qu’il en soit, rapprocher des personnages d’un être vivant est-ce un enjeu ?
Tout d'abord, le romancier en créant complexe et mystérieux ses personnages, permet de les rapprocher d’un être vivant.
Dans le roman réaliste, il va donner à ses personnages une description très précise de leur portrait physique et mental dans leurs complexités.
Par exemple, dans l’incipit d’Une vie, Maupassant nous indique l’état mental de candeur dans lequel est Jeanne, ainsi que les raisons qui l’ont plongées dans cette ingénuité et son allure physique singulière. On nous informe aussi de l’esprit particulier de son père,dont la plus grande force mais aussi la plus grande faiblesse est la “bonté” , c’est à dire celui d’une doctrine spécifique, celle de Rousseau. Dans L’Assommoir d’Emile Zola, Gervaise est un personnage complexe puisqu’elle est ambitieuse et entreprenante et son mystère est tel que c’est peut être cette tendance à sans cesse vouloir grimper, qui va la faire chuter dans l’alcool, la paresse et la gourmandise après ses désillusions. Celles ci commencèrent par l’accident de Coupeau qui marque le début de la décadence. Sur ce point elle ressemble beaucoup à un humain. Balzac dans son oeuvre réaliste-fantastique La Peau de chagrin, fait poser à son personnage principal Raphaël de Valentin des questions existentielles comme “Est-il préférable de vivre peu mais de satisfaire tous ces désirs ou de vivre longtemps mais d'être dans la déception de ne pas tout avoir” et donc “faut-il chercher à satisfaire tous ses désirs pour être heureux”
c’est à dire des réflexions très humaines, puisqu’en plus Balzac cherche à nous faire poser ces questions indirectement.
Par ailleurs, outre ce qui est dit, la manière dont l’écrivain joue de sa plume possède un grand rôle dans le rapprochement du personnage romanesque avec un personnage réel. En effet, l’emploi du point de vue externe dans Moderato Cantabile fait “voir” au lecteur le personnage fictif, comme s’il avait en face de lui un être vivant. Le comportement du personnage apparaît ainsi naturellement complexe et mystérieux, en raison du fait que la cause de nombreux gestes ne soit pas explicitée, contrairement notamment au point de vue omniscient.
Le personnage prend donc en effet les qualités de complexité et de mystère qui caractérise l’homme.
Il apparaît donc clairement que le romancier a toutes les cartes en mains pour donner à ses personnages de la complexité et du mystère, [ainsi que d’autres traits de personnalité] qui les font identiques à un homme en qualités. Mais des personnages de romans peuvent-ils avoir la même intensité que des êtres vivants ?
L'être de papier est le produit d’un travail alors que l'être vivant d’un mystère, puisque la vie est un mystère en soi… Il ne peut donc pas être l’égal d’un être vivant.
En effet, le personnage fictif a une fonction attitrée au sein du roman par l’auteur, il fait partie d’une histoire dont il ne peut pas se détacher. Pour reprendre l’exemple de Moderato Cantabile, le roman est centré sur Anne et les autres personnages ont un rôle autour d’elle: l’enfant incarne la volonté de transgression, Mlle Giraud les règles sociales établies et Chauvin l’accoucheur des vérités refoulés d’Anne ainsi que son désir de passion. La mise en abyme réalisé dans le compte des Mille et une Nuit, pourrait tout aussi bien être réalisé dans un roman puisqu’il s’agit d’un procédé littéraire et que la littérature englobe aussi le roman. Ainsi Shéhérazade va prendre le rôle de
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