Le personnage de Meursault
Commentaire de texte : Le personnage de Meursault. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gabbyggt11 • 18 Novembre 2015 • Commentaire de texte • 3 413 Mots (14 Pages) • 2 494 Vues
Lecture analytique n° 6 : L’Etranger, la veillée funèbre (chapitre 1)
Dans L’Etranger, Camus relate sous la forme d’un journal les circonstances qui amènent un homme
commun, ordinaire, à commettre un meurtre et à être condamné à mort. L’intrigue a en elle-
même peu d’importance : c’est la manière dont nous est montré le monde par l’intermédiaire de la
vision de Meursault qui prend un sens en rapport avec la philosophie de l’absurde.
Dans ce premier chapitre, après l’annonce par télégramme de la mort de sa mère, Meursault s’est
rendu à l’asile de Marengo où elle est morte. C’est la veillée funèbre et les compagnons de a mère
de Meursault à l’asile (des vieillards) viennent manifester leur sympathie. Mais sous l’apparente
objectivité de la description, le grossissement des détails donne un caractère fantastique à la
scène, révélatrice du sentiment de l’absurde.
I Le monde vu et perçu par Meursault : une atmosphère fantastique et irréelle:
A Description méticuleuse de la pièce : le récit est en focalisation interne : la perception de
l’univers se fait par le regard de la conscience du personnage témoin : « c’est un frôlement qui m’a
réveillé », « la pièce m’a paru », « je la voyais ». Mais cette perception est d’une étonnante acuité :
les sensations éprouvées sont poussées à l’extrême et c’est ce qui crée un effet d’étrangeté comme
si la scène n’était qu’un enregistrement de perceptions et de sensations qui donnent à des détails
une importance qu’ils ne devraient pas avoir. Aucun détail matériel n’échappe au narrateur tant est
grande l’acuité de son regard.
Ainsi Meursault semble découvrir ces détails comme pour la première fois comme le souligne
la répétition de l’adverbe jamais et les tournures négatives : «Je les voyais comme je n’avais
jamais vu personne et pas un détail de leur visage ou de leurs habits ne m’échappait » ; « un
tablier et le cordon qui les serrait à la taille faisait ressortir leur ventre bombé »/« Je n’avais
jamais encore remarqué à quel point les femmes pouvait ne avoir du ventre »
La structure de certaines phrases mime cet enfoncement dans le réel : « chaque objet/,
chaque angle/, toutes les courbes se dessinaient avec une pureté blessante » : Rythme
ternaire et reprise en anaphore du terme « chaque », repris par le pluriel « toutes » qui
souligne la précision tyrannique de la perception. Le vocabulaire se fait géométrique et
découpe l’espace : « objet, angle, courbe ».
La scène se concentre une série de gros plans successifs comme autant de zooms progressifs
qui nuisent à la vision d’ensemble : ainsi la ligne 10 : « ils se sont assis sans qu’aucune chaise
grincât » semble répété par la ligne 26 : « lorsqu’ils se sont assis ». Entre les deux phrases, La
narration s’arrête, bute sur chaque détail. La description objective enregistre ainsi le réel à
travers une série de gros plans : « le ventre de femmes », « le nid de rides » des hommes,
« les pleurs répétés », « ces clappements bizarres » : cette vision fragmentée et fragmentaire
chosifie le réel, le déréalise.
Le souci extrême du détail est également visible dans la multiplication des connecteurs
temporels : « c’est à ce moment », » c’est à ce moment (l. 32), « peu après », (l ;37) »après un
assez long moment », « nous sommes resté un long moment ainsi », « de temps en temps
seulement », « a la longue » (l. 69) : Or ces connecteurs ne construisent pas pour autant une
vision claire du déroulement chronologique de la nuit (pas d’heures précises données). Ils
traduisent seulement la lenteur de l’écoulement du temps et son irréalité qui ne progresse
que par successions de petits faits dérisoires et de sensations enregistrées sans construction
véritablement linéaire. Nous ne percevons pas le sens d’ensemble de cette cérémonie qui ne
constitue qu’une juxtaposition de détails dérisoires, matériels et anecdotiques.
B Le triomphe des sensations : Meursault semble prisonnier d’un monde de sensations qui
surgissent et le dévorent : perception purement sensorielle des choses :
1 impressions visuelles : elles apparaissent brutalement comme le suggère le réveil brusque
et la sensibilité à la lumière : « D’avoir fermé les yeux, la pièce m’a paru plus éclatante de
blancheur » : La phrase débute sur une attaque brutale par la dureté de la dentale [d]et la
redondance de l’idée de blancheur soulignée par le comparatif « plus ». Les assonances
...