Le loup et l'agneau - Jean de la Fontaine

        « La raison du plus fort est toujours la meilleure ... » C'est ainsi, que Jean de La Fontaine, fabuliste du 17ième siècle introduit sa fable intitulée Le Loup et l'agneau. Cet auteur vivant sous l'Ancien Régime était connu pour ses critiques du régime dissimulées dans des fables animalières pouvant symboliser des personnages réels. Ainsi, comment dans cette fable, l'auteur montre-t-il qu'il s'agit d'une plaidoirie entre l'accusation et la défense et se permet ainsi une nouvelle critique de la société d'Ancien Régime ? Tout d'abord, nous montrerons comment cette fable repose sur un dialogue entre le loup accusateur et l'agneau accusé. Ensuite, nous analyserons dans quelle mesure l'auteur fait une critique de l'arbitraire royal dans la société d'Ancien Régime.

        Tout d'abord, l'auteur instaure un dialogue entre le loup et l'agneau dans une tentative d'argumentation réciproque sur le bien-fondé du jugement. En effet, on retrouve cette idée avec la parole du loup vers 7 « Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? ». De plus, on constate que la réponse de l'agneau est argumentée pour permettre une défense claire comme par exemple les vers 10 à 17.

        De plus, l'auteur insiste sur les caractéristiques propres à chaque interlocuteur afin de permettre aux lecteurs de mieux cerner l'attitude oratoire dans cette plaidoirie. En effet, le loup est présenté comme étant féroce dans ses propos comme par exemple au vers 8 « Dit cet animal plein de rage ». En revanche, l'attitude de l'agneau est plus enclin au respect et à montrer la réalité de la situation. Par exemple, on retrouve dans les propos de l'agneau : « Ne se mette pas en colère ;  par conséquent, en aucune façon ».

        Enfin, pour renforcer l'aspect d'un dialogue relatif à une plaidoirie, l'auteur utilise des termes relatifs au tribunal et au jugement. En effet, l'auteur utilise du vocabulaire juridique afin de mettre en place l'argumentaire de chaque personnage. Par exemple, on peut souligner les termes comme « Châtié (vers 9) qu'elle considère (vers 12) sans autre forme de procès (vers 29) ».

        Pour Jean de La Fontaine, les fables sont un moyen de pouvoir exprimer ses opinions sur la société d'Ancien Régime. En effet, dans la fable, Le loup et l'agneau, on retrouve des termes relatifs à la monarchie et à la royauté plus particulièrement. Par exemple, on peut voir « Sire (vers 10) votre Majesté (vers 10) Elle (vers 15) ». Ceci permet à l'auteur de mettre en évidence que les personnages de la fable à savoir un loup et un agneau ne sont pas seulement des animaux. C'est dans ce cas précis une métaphore animalière de sa société.

        Enfin, dans sa critique de la société d'Ancien Régime, La Fontaine met en avant l'arbitraire des décisions de la justice royale. En effet, il critique la pratique des lettres de cachet qui permettait au Roi de pouvoir faire enfermer en prison qui que ce soit sans faire mettre en œuvre un procès. On retrouve ces éléments dans la fable comme par exemple « La raison du plus fort est toujours la meilleure (vers 1) Sans autre forme de procès (dernier vers) ». On peut aussi souligner que le fait de débuter la fable par la morale permet de conditionner le lecteur pour qu'il cerne mieux les mécanismes de dissimulation.

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