Le héros de roman

Lorsqu’en 1830, le roman Le Rouge et le Noir paraît, le mouvement littéraire du Romantisme est à son apogée. Cependant, Stendhal est légèrement en avance sur son temps ; en effet, son roman se situe à la charnière entre les genres littéraires que sont le Romantisme et le Réalisme. L’auteur l’annonce d’ailleurs dès le début en le sous-nommant « Chronique de 1830 » ou encore dans le livre second lorsqu’il écrit qu’il traite de politique uniquement pour refléter au mieux la société de l’époque. Toujours dans Le Rouge et le Noir, Stendhal écrit : « Un roman, c’est un miroir qu’on promène le long d’un chemin », d’où sa volonté d’écrire un roman qui dépeint le portrait de la société. Néanmoins, ce qui caractérise le plus Le Rouge et le Noir, ce sont ses personnages complexes, à commencer par Julien, un personnage principal qui divise quant à sa condition d’héros. Cela soulève donc une interrogation qui est : « le personnage principal d’un roman doit-il obligatoirement être un héros ? » et à laquelle nous répondrons en nous appuyant sur Le Rouge et le Noir de Stendhal, mais également en nous basant sur Bel-Ami de Maupassant et Le Père Goriot de Balzac. A ce questionnement se substitue une problématique : Le personnage principal d’un roman est-il conditionné à représenter une personnification des caractéristiques et des valeurs morales qui régissent les héros ?

Afin de discuter du fait que le personnage d’un roman puisse être une allégorie du héros qui incarnerait ses caractéristiques et valeurs morales, nous étudierons en quoi il peut les incarner à la perfection en faisant preuve de qualités telles que le dévouement, l’honnêteté ou la bonté, d’intelligence, de courage et d’originalité dans son comportement, puis comment il peut ne pas les suivre voire en être un parfait antonyme en étant à la limite de l’immoralité, avec une ambition néfaste et une éternelle insatisfaction qui lui cause bien des torts

Pour commencer, certains personnages principaux se démarquent du commun des mortels par des qualités morales exceptionnelles comme le dévouement, l’honnêteté et la bonté. Dans cet optique, dans Le père Goriot d’Honoré de Balzac, Rastignac refuse de prendre part au meurtre de du frère de la jeune femme fortunée qu’il voulait épouser, alors qu’il était opposé à ce mariage ; il renonce donc à sa richesse pour ne pas attenter de lui-même à ma vie d’un homme, et tente d’ailleurs d’empêcher un criminel de le tuer, en vain. Le jeune homme prend également en pitié le père Goriot et va d’ailleurs se débrouiller afin de payer son enterrement avec le peu d’argent qu’il a à disposition. Le père Goriot, quant à lui, accepte de quitter son entreprise pour ses filles et, complétement dévoué à elles, se ruine pour leur coquetterie. Dans « No et Moi » de Delphine de Vigan, Lou accueille chez elle Nolwenn, une jeune fille sans domicile fixe, elle la nourrit, la loge, et lui offre ce contact humain qui lui manquait tant.

Ils font également preuve d’une grande intelligence et de capacités intellectuelles ; ainsi, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, Julien Sorel connaît et est capable de réciter par cœur la bible en latin, il a aussi une excellente mémoire. Dans Bel-Ami, de Maupassant, Georges Duroy parvient à se faire sa place à peine arrivé dans un journal, puis à prendre la place de son rédacteur en chef lorsque celui-ci vient à décéder.

Mais au-delà de leurs valeurs morales imposantes et de leur intelligence hors du communs, les personnages principaux de roman peuvent également se caractériser par des actes courageux ainsi que des comportements peu ordinaires et surprenants.

En effet, certains personnages principaux se distinguent par des comportements hors du commun, courageux et inhabituels, mais aussi des actes de bravoures. Ainsi, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, Mathilde porte une tenue de deuil lors de l’anniversaire de la mort d’un de ses ancêtres, Boniface de la Mole et qui embrasse la tête coupée de son amant avant de la porter sur ses genoux tout le long du trajet menant à sa sépulture. Dans La face cachée de Margo, de John Green, Margo déserte sa vie à la veille de ses examens pour échapper au schéma populaire qui serait d’obtenir son diplôme, de poursuivre des études et de fonder une famille.

Enfin, les protagonistes d’un roman peuvent subir un grand changement, une grande transformation entre

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