Le gymnaste, Ponge

Francis Ponge Le parti pris des choses (1942) Lecture analytique n°3 - Le gymnaste

1/- La démarche pongienne : le compte-tenu des choses et des lettres a) Une description-définition description précise du physique (bouc, moustache, aine, pieds) et des vêtements du gymnaste (maillot) description des mouvements de son corps (il bondit, il choit) + ses outils (agrès, corde à noeud) b) poétisation de la prose jeu sur les sons : voir 3°phrase (dévaste-chaste-baste) reprise récurrente de la consonne C première lettre du poème (comme, corps, corde) + [ch] chenille, choit chef) jeu sur le rythme (proche des vers) : 3° phrase rythme régulier /6/6/6 /6 = 2 alexandrins blancs

2/- Le cratylisme (analyse des lettres du mot pour en tirer son sens) a) Le G et le visage du gymnaste et le Y l'aine du gymnaste "Comme son G l'indique"/"comme son Y" : on passe à la description-définition d'un mot. Le G = le visage du gymnaste : "porte le bouc et la moustache que rejoint presque une grosse mèche en accroche-cœur" Le Y allusion scabreuse à l'aine du gymnaste "la queue à gauche" b) les nombreuses allitérations en M "moustache-mèche-moulé-maillot" c) la reprise de la syllabe finale ASTE : "dévaste-chaste-baste"

3/- La satire et l'humour sur un objet humain a) la comparaison humoristique avec des animaux L'homme est successivement comparé à un "bouc-singe-chenille-ver" ce qui est dévalorisant. Le bouc est le symbole de la luxure // accroche-cœur : dévaste les cœurs" image d'un gymnaste qui court après les femmes mais est impuissant " se doit d'être chaste" Image du singe donne une image grotesque d'autant que la comparaison est négative "moins adroit" ( et non l'attendu "malin comme un singe" !) Le ver le dépouille de sa noblesse (on dit "nu comme un ver) et le rabaisse La chenille (rappel des chenilles qui tombent des pins et sont nocives) la rabaisse également b) La satire du gymnaste image de la bêtise (l'anti-poète) Effacement de tous les signes d'intelligence : dès la première phrase "le front bas" (= faible intelligence) et ellipses du mot tête remplacé par le mot "chef de son corps" qui supprime aussi le côté intellectuel. La dernière phrase dévoile vraiment l'intention satirique : "parangon adulé de la bêtise humaine". Le mot bêtise" renvoie à nouveau à la bestialité. Parangon = le summum Le gymnaste se réduit à un corps sans parole, une animalité grotesque, une chose...

NB : la veine satirique est marginale dans le parti pris des choses ; le poème suivant la jeune mère ne l'est pas. Ce poème occupe donc une place à part dans ce recueil.

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