Le Malade Imaginaire de Molière
Dissertation : Le Malade Imaginaire de Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar arss • 28 Février 2022 • Dissertation • 2 081 Mots (9 Pages) • 1 560 Vues
LE MALADE IMAGINAIRE
MOLIÈRE
Jean-Baptiste Poquelin est un dramaturge et comédien français. Né le 15 janvier 1622 à Paris, il est le fils d’un tapissier du roi. A 21 ans, il s’éprend de l’actrice Madeleine Béjart et fondent tous deux une troupe de comédiens : l’Illustre-Théâtre. Il prend ainsi le pseudonyme de Molière. Ils se produisent alors essentiellement en province. Molière s’illustre par ses talents de comédien mais surtout par les comédies qu’il compose, inspirées de la commedia dell’arte, genre de théâtre populaire italien. De retour à Paris en 1658, à la suite d’une représentation à la cour de la farce Le Docteur amoureux, il devient vite le comédien et auteur favori de Louis XIV. Afin de satisfaire son attrait pour la musique et la danse, Molière lui compose de nombreuses comédies-ballets telles Les Fâcheux en 1661 ou plus tard Le Bourgeois gentilhomme en 1670 et Le Malade Imaginaire en 1673. Cependant, il connaît de nombreuses polémiques notamment avec son œuvre Tartuffe en 1664. En effet, le Roi est contraint de l’interdire pour des raisons d’atteinte à la religion. Molière en réécrira ainsi une autre version Tartuffe ou l’Imposteur en 1669, qui suscitera un vaste engouement. Cela n’entache néanmoins pas son succès. En 1665, sa troupe devient troupe du roi. Molière réalise plusieurs farces comme Le Misanthrope (1666), L’Avare (1668), Les Fourberies de Scapin (1671) ou encore Les Femmes savantes (1672). Le 17 février 1673, lors de la quatrième représentation du Malade imaginaire, comédie-ballet en trois actes et en prose dans laquelle il interprète le personnage d’Argan, Molière, très malade, est pris d’un malaise et décède quelques heures plus tard.
Cette ultime pièce est l’histoire d’Argan, un hypocondriaque. Ne pouvant se passer de médecins et de remèdes, il décide de marier sa fille Angélique à Thomas Diafoirus, neveu d’un médecin. Celle-ci, amoureuse de Cléante, s’y oppose. Aidés de la servante Toinette et de Béralde, le frère d’Argan, ils révéleront certaines hypocrisies, préserveront l’Amour et tenteront en vain de sauver Argan de sa maladie.
René Bray, romancier et essayiste français, spécialiste de la littérature baroque et classique du XVIIᵉ siècle, affirme à propos de Molière qu’ “il sait que le théâtre, tout théâtre, est spectacle d’abord”.
Il sera alors opportun de se demander, au vu de la lecture que l’on peut faire du Malade Imaginaire, si cette comédie-ballet n’est essentiellement que spectaculaire.
Plan Nous verrons tout d’abord que cette œuvre dramatique est divertissante à plus d’un titre puis nous nous intéresserons à sa dimension didactique.
Dans un premier temps, cette œuvre est un divertissement.
Tout d’abord, le spectacle, de son nom latin “spectare”, est à l’origine quelque chose qui est donné à voir. Le terme “théâtre” vient quant à lui du grec et signifie “lieu d’où l’on regarde”. En effet, au XVIIème siècle, le théâtre est surtout destiné à divertir Louis XIV. Dans la dernière pièce de Molière, cette visée est énoncée clairement dans le Prologue : “[...] les exploits victorieux de notre auguste monarque, il est bien juste que tous ceux qui se mêlent d’écrire travaillent ou à ses louanges, ou à son divertissement”. Sous l’influence du ballet de cour, très populaire au XVIème siècle, et de la commedia dell’arte, Molière, afin de satisfaire son roi, invente la “comédie-ballet” : pièce de théâtre mêlant l’action dramatique à la musique et à la danse. La beauté, l’esthétique, la joie et le plaisir sont conviés afin de célébrer la royauté avec toute la magnificence nécessaire. Tel est le cas, par exemple, du Malade Imaginaire avec son prologue, montrant par exemple le caractère bucolique et même poétique du décor “un lieu champêtre, et néanmoins fort agréable”, et ses intermèdes chantés et dansés. Ce nouveau genre théâtral spectaculaire charme ainsi tous les sens du spectateur. Il le fascine et le séduit par sa diversité, ses décors et son apparente légèreté.
En outre, nous assistons à des comédies d’intrigues qui présentent un scénario rocambolesque, presque grotesque. Le Malade imaginaire offre effectivement de nombreux rebondissements et des péripéties surprenantes par des querelles comme entre Argan et Toinette, des relations compliquées entre un père et sa fille et des quiproquos autour du sujet du mariage reprenant la comédie du père, une passion démesurée envers la médecine,.... Dans ses comédies, Molière utilise la farce qui privilégie la gestuelle et joue sur la fantaisie et la mascarade. Le troisième intermède est une belle illustration de ce caractère spectaculaire et burlesque par la pantomime grotesque de ce ballet de médecins, soulignée par la didascalie, en ouverture : « C’est une cérémonie burlesque d’un homme qu’on fait médecin en récit, chant et danse ». Aussi, la dimension farcesque se traduit par les personnages, pittoresques et hauts en couleurs, au ridicule extravagant, qui nous donnent envie de rire d’eux et de leurs mésaventures. Qu’il s’agisse de parents égoistes et tyranniques mais facile à berner ou bien de valets ingénieux et rusés dévoués à la cause de jeunes amants maudits comme Argan et Toinette. A travers ses ridicules et ses excès, le personnage d’Argan est un monoman, obsédé par une manie, une folie envers la médecine. Ces pièces de théâtre participent donc généralement à une comédie de caractère qui amuse les spectateurs.
Enfin, les pièces de Molière ont surtout une visée comique. Molière persistera à faire de la farce le fondement essentiel du comique dans presque toute son œuvre. L’exagération bouffonne y occupe une place importante. Tous les gestes et paroles des personnages sont poussés à la caricature. Molière lui-même interprétait certains de ses rôles avec tellement de grotesque qu’il soulevait le rire chez les foules. Dans ses farces, il utilise de nombreuses formes de comique simples mais efficaces. Dans l’acte 1 scène 5, lors de la confrontation entre Argan et Toinette et de leur course poursuite nous assistons à un comique de gestes comme nous l’apprend la didascalie “Argan, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main”. A de nombreuses reprises, nous remarquons un comique de mots que cela soit lors du monologue d’Argan dans la scène d’exposition par la reprise de l’onomatopée “drelin,drelin” ou bien même d’un comique de répétition lors de l’acte 2 scène 8, scène entre Argan et son autre fille Louison, et la reprise presque systématique de “mon papa”. Ensuite, dans l’acte 3 scène 8, il s’agit d’un comique de situation, fondée généralement sur des quiproquos, lorsque Toinette se déguise en médecin afin de tromper Argan et que lui-même y est dupe ou bien encore dans l’acte 1 scène 5 par la course poursuite de Toinette et Argan. Aussi, dans cette scène comme dans bien d’autres, Molière a recours à la stichomythie qui apporte de la vivacité lors d’un dialogue, accélérant le rythme et captivant le public. Ses pièces, ponctuées de burlesque, d’extravagance et d’humour, provoquent un rire euphorique chez le spectateur. En effet, l’irréalité joyeuse de la farce estompe la gravité des problèmes abordés et empêche la situation de virer au drame.
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