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L’assommoir, Zola, lecture analytique

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Par   •  19 Novembre 2019  •  Dissertation  •  1 385 Mots (6 Pages)  •  579 Vues

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Lecture analytique 2

L’Assommoir, Zola, 1877

Introduction :

Au 19ème siècle, le naturalisme, né de l’influence des sciences, a développé la théorie selon laquelle la littérature se doit de peindre la société en utilisant des méthodes scientifiques. Fascinés par les progrès de leur époque, les écrivains naturalistes, avec Zola comme chef de file, entendent explorer les classes sociales.

Il publie, en 1877, l’Assommoir, qui fait partie de la série des Rougon-Macquart. Les propos de Zola sont les suivants : «  L’histoire naturelle et social d’une famille sous le 2nd empire ».

L’extrait se situe au chapitre 1. Gervaise a abandonné sa boutique, vit sous les toits et s’enfonce dans la misère et l’alcool.

Comment Zola dépasse-t-il le portrait pour proposer une véritable page naturaliste ?

Après avoir étudié la manière dont le romancier décrit les ravages de l’alcool, nous nous demanderons ce qui rend cette page si poignante.

I – Une description des ravages de l’alcoolisme

  1. Les ravages physiques (= transformations physiques)

  • Les signes cliniques de l’alcoolisme apparaissent comme il est mentionné à la ligne 9, peu à peu. A partir de ce moment là, grâce à un retour en arrière, la narration nous fait suivre les différentes étapes.
  • On peut noter les temps verbaux en valeur d’antériorité ligne 5 « était passée », ou encore « étaient devenues » lignes 21-22.
  • Il y a de multiples signes extérieurs observés par Gervaise. On peut noter à la ligne 7 le terme « sécot », qui est un terme familier utilisé pour évoquer une personne décharnée (utilisation d’un vocabulaire populaire 🡪 naturalisme)
  • Zola introduit également des symptômes médicaux avérés réels, liés au phénomène de l’alcool. En effet, ligne 25, il fait mention de vertiges, du froid ligne 27 et de « tremblement », ligne 28.
  • Cela rentre dans la doctrine naturaliste car il y a une analyse scientifique. Ces trois symptômes sont très naturalistes et très réels car la médecine moderne l’explique, c’est un problème de neurotransmetteurs.
  1. Des troubles dans la perception des sens
  • Le goût altéré ligne 9 « il n’avait plus eu de gout pour le pain », ou encore « la seule nourriture qu’il digérât » ligne 13, font référence à l’alcool et à l’eau de vie.
  • De plus, il y a une apparition progressive des sens mais également une altération du sens du toucher illustrée lignes 19-20 et grâce à l’accumulation « D’abord il avait senti des chatouilles, des picotements sur la peau, aux pieds et aux mains ».
  • D’autres sens sont également touchés tels que l’ouïe et la vue : « les oreilles bourdonnantes, les yeux aveuglés d’étincelles » ligne 25 🡪 structure en parallélisme.
  1. Le portrait de Coupeau

Portait dynamique 🡪 encore plus saisissant et pathétique

  • Ce passage est un sommaire ou un résumé d’actions où Zola insiste sur le côté itératif du récit. Dans le texte 🡪 deux types d’imparfait : itératif (habitude) et descriptif.
  • On peut relever ligne 13 « le matin », suivi du verbe « sautait » 🡪 imparfait itératif. A partir de la ligne 13, on assiste à une journée classique du personnage avec ce réveil, les douleurs, puis les forces qui reviennent au fur et à mesure de la journée grâce à l’alcool...
  • Zola rajoute dans sa description des détails qui sont visuels, sordides, certes, mais saisissants. On peut notamment relever la métaphore ligne 8 «  avec des tons verts de macchabée pourrissant dans une mare ». Ligne 15, « lâchant de la pituite » (= liquide glaireux que crachent les alcooliques à jeun) renforce les détails sordides.
  • C’est donc un portait cru, saisissant de vérité 🡪 on est bien dans la thématique du naturalisme.

II – Les conséquences de cet alcoolisme

  1. Le couple Gervaise – Coupeau

Gervaise à été mariée une première fois à Lantier, qui est mort des suites de l’alcool. C’est bien le personnage de Coupeau que l’on voit ici et qui disait qu’il ne boira jamais...

  • C’est une vraie déchéance du couple, la descente aux enfers du mari, et ce, dès le début du texte, ligne 2 « la blanchisseuse voyait arriver l’heure », et en écho, à la ligne 36 « Gervaise lui disait au contraire de ne plus boire ». Le personnage de Gervaise est lucide. Ligne 3, l’euphémisme « comme Bijard, pour mener la danse » montre qu’elle à sous les yeux l’exemple de la violence conjugale. Face aux ravages qui commencent, Gervaise est impuissante. On ne peut que penser à la dernière page du livre, dans laquelle Gervaise, seule et désormais veuve, meurt dans un placard, ravagée elle aussi par l’alcoolisme.

  1. Une véritable étude psychologique du mari

  • Le personnage est inconscient de son mal, aveugle de son état : « il rigolait » ligne 20, il donne à l’alcool des noms familiers, il le personnifie : « le cric » ligne 5, « le sacré chien » ligne 6, ou encore « son liquide » ligne 38.

Il prétend avoir le vrai remède pour se soigner.

  • Nombreux exemples dans le texte de sa mauvaise foi (🡪 typique du naturalisme) 🡪 il refuse l’évidence.

On peut noter ligne 27 « la main droite surtout devait avoir commis un mauvais coup, tant elle avait des cauchemars » et «  accusant les omnibus qui passaient de lui bousculer son liquide ».

Il est déjà dans une phase de délire, et cela préfigure la fin : il meurt à l’hôpital de délirium trèmince.

  • Registre tragique, fatalité

  1. Mais c’est surtout le cercle vicieux de la dépendance que dépeint Zola

  • Côté pathétique chez ce personnage 🡪 champ lexical de la souffrance «  crampes abominables » ligne 22 ou encore ligne 23 « lui pinçait [...] comme dans un étau » ou ligne 14 « il restait un gros quart d’heure plié en deux ». Egalement pathétique car c’est un homme qui ne se maîtrise plus physiquement « Nom de Dieu ! Il n’était donc plus un homme, il tournait à la vieille femme ! » ligne 30 => deux phrases exclamatives à la suite qui expriment le désarroi.

Répétition de la locution négative « ne plus », à travers « il ne pouvait plus » ligne 5, « il n’avait plus » ligne 9 ou encore « il ne riait plus » ligne 24 => personnage qui n’est plus maître de lui-même.

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