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La vie Antérieure, Baudelaire

Commentaire de texte : La vie Antérieure, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Novembre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 420 Mots (6 Pages)  •  5 309 Vues

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        « La poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'Elle-même. » Charles Baudelaire, poète du XIXème siècle et chef de file du mouvement symboliste, a hérité du Parnasse et de Théophile Gautier son souci de la perfection esthétique. Il exprime son âme dans la poésie, avec le Spleen et l'Idéal. « Spleen et Idéal » est d'ailleurs le nom d'une des sections des Fleurs du Mal, parues en 1857, qui firent l'objet d'un procès pour leur aspect choquant à l'époque du poète mais ont connu un énorme succès par la suite, et dont est issu le poème « Vie Antérieure ». Ce sonnet d'alexandrins nous présente l'Idéal baudelairien, un monde inaccessible de perfection dont la réalité n'est qu'un pâle reflet, à travers un univers paradisiaque, exotique. Il s'agira de se demander comment ce sonnet est représentatif de la dualité baudelairienne entre Idéal et Spleen. Pour ce faire, nous analyserons cet univers onirique qui est le reflet de l'idéal du poète, avant d'étudier son irrémédiable nostalgie.

        Baudelaire, à travers ce poème, tend vers l'Idéal, avec la description de paysages paradisiaques, l'évocation des sensations et l'exposition d'une vie rêvée.

        Tout d'abord, le poète procède à la caractérisation d'un paysage merveilleux, exotique. Cette caractérisation passe par des références à l'Orient : les groupes nominaux « vastes portiques » v1, « grands piliers » v3 rappellent l'architecture grandiose de la Méditerranée en particulier, les expressions « soleils marins » et « mille feux » v2 et le verbe « rafraîchissaient » v12 connotent la chaleur et laissent penser que la scène se déroule dans le sud, tout comme le nom « palmes » v12. Avec le champ lexical de la mer (« marins » v2, « houles » v5, « au milieu de l'azur, des vagues » v10), les couleurs orientales connotent le voyage, l'évasion vers un ailleurs exotique, symbole de délivrance chez Baudelaire, et font sans aucun doute référence aux voyages de jeunesse du poète. On observe de la même manière dans les deux quatrains la thématique de la lumière (« soleils », « mille feux » v2, « couchant reflété » v8...), ainsi que celles de la couleur et de la musique dans le deuxième : « accords », « riche musique », « couleurs » aux vers 7 et 8 : ces thèmes représentent la beauté. Cette beauté est amplifiée par un vocabulaire mélioratif : « majestueux » v3, « riche » v7, « splendeurs » v10... La Nature acquiert ainsi une beauté et une puissance qui dépassent le poète, grâce au pluriel et à la personnification « les houles » v5, aux adjectifs qualificatifs tel que « tout-puissants » v7, ainsi que « vastes » v1, « grands », « droits et majestueux » v3, qui donnent une impression de grandeur, d'ampleur.

        De plus, le locuteur fait part de ses sensations et expose sa vie parfaite. En effet, Baudelaire est ancré dans ce poème, c'est bien sa vie qu'il décrit, on le sait par le pronom personnel de 1ere personne du singulier aux vers 1 et 9 ainsi que « mes » v8 et « me » v12 et 14. Il a une position centrale, aussi bien du point de vue naturel que du point de vue humain : cela est dû aux compléments circonstanciels de lieu « au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs/Et des esclaves nus » vers 10 et 11. Il évoque le calme reposant mis en valeur par la place en fin de vers de l'adjectif (v9), l'apaisement généré par les « soins » v13 qui lui sont destinés et ses « esclaves » v11 qui le « rafraîchissent » v12. On retrouve partout dans le sonnet les champs lexicaux des sens : la vue (« images » v5, « couleurs » et « yeux » v8), l'ouïe (« accords », « musique » v7), l'odorat et le toucher aux vers 11 et 12. La synesthésie des vers 7 et 8 fait correspondre l'ouïe et la vue : « mêlaient […] Les tout-puissants accords de leur riche musique/Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux ». Le plaisir sensuel, qui est une image de l'Idéal pour Baudelaire, est également évoqué avec le nom « voluptés » vers 9.

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