La scène de meurtre, L'Etranger. Albert Camus.
Commentaire de texte : La scène de meurtre, L'Etranger. Albert Camus.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Elisouuuu • 20 Mars 2017 • Commentaire de texte • 2 803 Mots (12 Pages) • 2 128 Vues
COMMENTAIRE DE TEXTE
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Elisa Nourry 1ère S Charles de Foucauld
2016-2017
Professeur de français : Mme Le Breton
La scène du meurtre de l’Etranger est une scène dramatique mettant en scène la fatalité et l’absurde. En effet elle va impliquer une prise de conscience de Meursault, le narrateur, et va marquer un tournant dans sa vie. C’est en réalité la scène pivot de l’œuvre : elle termine la première partie d'un roman divisé en deux.
L’auteur nous dévoile cet extrait avec élégance. En effet, notre écrivain, Albert Camus est né à Alger en 1913 et était orphelin de père.
Venant d’un milieu modeste, ayant connu la pauvreté, la maladie et la guerre, indirectement grâce à son métier de journaliste ; il développe une philosophie de l'absurde qui naît du décalage entre un besoin d'idéal et le monde réel et révèle aussi un esprit de révolte crée par le spectacle des crimes engendrés par l'humanité. Dans son écriture on voit qu’il met en évidence ces différents thèmes.
Dans ce roman, Meursault apprend la mort de sa mère et réagit avec passivité, tout comme au travail ou avec Marie qu’il a rencontré plus tôt et qui le demande en mariage. Dans ce chapitre, son voisin Sintès sort d’une altercation avec deux Arabes et lui confie ainsi son revolver pour éviter que cela ne dégénère. Meursault se retrouve, un peu plus tard, seul sur la plage, puis il croise l’Arabe et c’est une bataille infernale contre l’enfer et ses flammes qui s’en suit.
Nous verrons comment l’auteur met en scène le narrateur pour présenter sa philosophie de l’absurde. Nous aborderons, initialement, la perte des moyens du narrateur face à la chaleur du soleil, puis nous analyserons la fatalité de ce texte, et enfin nous parlerons de notre anti-héros de l’absurde.
Dans un premier point, nous verrons que cet extrait est frappant tant le narrateur va perdre ses moyens face au soleil ardent. En effet, dans ce roman constitué essentiellement de phrases courtes et peu descriptives, Camus nous propose ici un chapitre très particulier avec de nombreuses utilisations stylistiques et poétiques, pour nous décrire la souffrance qu’éprouve notre personnage face au soleil.
De fait, le « soleil » reprit au nombre de huit fois, est en fait un protagoniste important dans cette histoire. Il est omniprésent et cela témoigne de son influence, en réalité c’est le « même soleil » (l.1 et l.19) depuis le début du roman à cause duquel Meursault ne se maitrise pas et la répétition insiste sur la chaleur qui est pensante. Il est tellement présent que le personnage souhaiterait s’en « débarrass[er] » (l.26). On pourrait le considérer comme un personnage étant donné qu’il tient un rôle primordial dans cet scène, tant grâce à ses actions qu’à ce qu’il fait éprouvé au narrateur.
Le soleil, cet élément majestueusement puissant de par sa chaleur « brûlante » (l.40), va en fait venir perturber Meursault tout au long de cet extrait. En effet, le soleil va provoquer une « brûlure » (l.17) sur son visage qu’il ne peut « plus supporter » (l.24). La chaleur du soleil est telle que, des « gouttes » (l.18) de « ce rideau de larme et de sel » (l.36/37) perles de son front à ses « sourcils » (l.19), cette métaphore montre à quel point la chaleur pèse sur le personnage. C’est une chaleur insoutenable et « les cymbales du soleil » (l.38) que ressent le personnage révèlent des signes d’assourdissements et d’insolation c’est en réalité là que Meursault va perdre totalement ses moyens.
Celui-ci exprime son malaise il a « mal » (l.21) au front, ses yeux sont « douloureux » (l.42), on note que c’est essentiellement son visage qui est touché, ses « joues » (l.17), son « front » (l.21), ses « yeux » (l.42). Il se sent même agressé par la lumière du soleil qui a « giclé » (l.30) et « jaillit » (l.39), en disant cela il lui donne un caractère agressif. De plus, il assimile la lumière au champ lexical des armes : à une « lame » (l.31), puis à un « glaive » (l.39) et enfin à une « épée » (l.40), la gradation des termes insiste sur les ressentit du personnage qui est de plus en plus offensé par les actions du soleil. On remarque qu’il le ressent comme une torture, la lumière lui « rongeait les cils » (l.41) et lui « fouillait les yeux » (l.41), il utilise des termes poignants qui insistent sur la souffrance qu’il endure.
Meursault semble submergé par la souffrance physique qu’il éprouve face au soleil et tente de s’en débarrasser en avançant vers « la source » (l.13) là où se trouve l’Arabe mais qui est en fait lieu de tous les dangers. C’est en réalité un besoin irrépressible, un geste instinctif et c’est de la que va naitre la tragédie.
Dans un second temps, l’auteur nous met en scène un personnage dominé par son destin et qui va subir les évènements avec fatalité.
Pour cet extrait on retrouve une harmatia, c’est un terme propre à la tragédie et utilisé par Aristote dans la grecque antique. L’harmatia est l’acte irréfléchi, l’erreur, que commet le héros et qui déclenche le mécanisme tragique. Le soleil représente alors l’agent de fatalité le narrateur ne peut « plus supporter » (l.24) cette chaleur, c’est cela qui va pousser le héros à faire un « mouvement en avant » (l.24) et commettre une faute. Mais, c’est en effet un acte irréfléchi et involontaire mis en valeur par le connecteur logique « Mais » (l.27) et la répétition du mot « un pas, un seul pas » (l.27) , sauf que ce simple « pas » (l.27) aura des conséquences et le narrateur reconnait que cela était « stupide » (l.25).
En fait, c’est un enchainement inéluctable des évènements qui s’en suit ; un engrenage tragique en cinq étapes. L’harmatia, le « pas » en lui-même constitue le premier élément qui montre que le personnage est dominé par son destin, il ne contrôle pas ses gestes. La conséquence est immédiate l’Arabe sort son « couteau » (l.29) où « la lumière » (l.30) se reflète et l’atteint au « front » (l.32) donc l’aveugle telle une « longue lame étincelante » (l.31) à laquelle l’auteur la compare et « au même instant » (l.32) « la sueur […] a coulé d’un coup » (l.33/34) sur ses yeux, venant renforcer la sensation d’aveuglement.
Puis, à ce moment-là, la nature semble vouloir se liguée contre Meursault.
Et dans cette troisième étape la formule d’emphase « C’est alors que tout là vacillé » (l.42) met en valeur l’action des éléments.
De fait, l’auteur nous dévoile ce passage avec un ton chaotique, utilisant des métaphores filées comme « la mer à charrié un souffle épais et ardent » (l.43) ou simple telle que « le ciel s’ouvrait […] pour laisser pleuvoir du feu » (l.44), l’auteur nous emmène en enfer en donnant cet atmosphère apocalyptique. Le personnage principal devient alors « tendu » (l.46) face à cette offense des éléments et finit par « crispé [s]a main sur le revolver » (l.46/47).
Le premier coup de feu est donc parti en direction de l’Arabe « Et c’est la […] que tout a commencé » (l.48/50) en réalité c’est ici que finit l’engrenage des éléments et l’inconscience de Meursault. L’enchainement tragique, lui, ne prend fin que lorsqu’il tire « encore quatre fois sur un corps inerte » (l.54) comme s’il « frappai[t] quatre coups brefs sur la porte du malheur » (l.57), on peut penser qu’il frappe à la porte de son futur problème.
De surcroit, la dimension tragique est également présente sous le thème de l’aveuglement. En effet, Meursault subit les effets nuisibles du soleil, de sa lumière et de la sueur qu’il lui provoque. Les notations descriptives montrent effectivement que le visage au complet est source de souffrance.
Le personnage se retrouve d’abord aveuglé par la lumière du soleil qui « fouillait ses yeux » (l.41), l’auteur emploie un terme qui renvoie au martyre. De plus, la chaleur est telle qu’elle fait transpirée Meursault jusqu’à lui brouillée la vue. Plusieurs métaphores permettent de décrire la gêne provoquée par se « voile tiède et épais » (l.35) qui devient ensuite un peu plus aveuglant, effectivement le « voile » (l.35) se transforme en « rideau de larmes et de sel » (l.36/37) venant lui cacher son champ de vision. Les sensations visuelles et tactiles en viennent à se doubler d'une sensation auditive pénible, il ne sentait « plus que les cymbales du soleil sur [s]on front » (l.37/28).
Un fois l’harmatia commis, le héros est tragiquement engrainé par les éléments qui ont l’emprise sur lui. L’entrée du personnage dans le mécanisme tragique est associée à l’embrasement de la mer et du ciel, rendant le passage apocalyptique. Toute la narration suggère qu’il est victime de son destin et qu’il ne maitrise pas ses gestes.
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