La mûlatresse solitude
Commentaire de texte : La mûlatresse solitude. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sunixou • 14 Avril 2021 • Commentaire de texte • 1 910 Mots (8 Pages) • 985 Vues
CC n°1 – Méthodes de l’écrit et de l’oral
Licence 1 de Lettres Modernes S2
Mercredi 10 mars 2021
Durée de l’épreuve : 8h45- 11h.
La Mulâtresse Solitude, André Schwarz-Bart, 1972, p. 116-117.
Lorsqu’ils atteignirent la rivière, l’escarmouche était terminée. Seul demeurait, à l’abri d’un tronc d’arbre, un jeune homme blanc surmonté d’un plumet et tiraillant paisiblement sur l’autre rive. Il portait l’uniforme vert des bataillons de chasseurs, avec une perruque et des guêtres qui montaient à ses genoux. À chaque coup de feu il éclatait de rire. Les nègres traînaient leurs blessés, tant bien que mal, sous les fourrés, pour éviter ce canardage d’arrière-garde. Comme elle considérait la scène, Solitude se sentit à nouveau flotter, de façon écœurante, entre chien et femme, jusqu’au bout de ses longs doigts incertains. Alors, elle contempla une dernière fois, avec une joie mêlée de tristesse, toute la beauté du monde qui s’étalait autour de sa chair énigmatique : la douce pénombre des arbres, les taches bleues qui descendaient en tournoyant dans sa tête, la silhouette émouvante d’Euphrosine accroupie derrière un taillis, et suante, soufflant de tous ses nasaux, avec cette petite boule noire enfoncée dans sa nuque d’éponge grise. Un sabre de canne traînait dans l’herbe, tacheté de sang. Elle se baissa, le saisit du bout des doigts et se mit à courir vers la rivière en modulant d’une voix étrange : Tuez-moi, tuez-moi…aye je vous dis tuez-moi. Souriant d’un air incrédule, les combattants observaient cette silhouette à l’accoutrement bizarre, vaguement d’eau salée, et qui remuait son sabre au-dessus d’elle avec lassitude, comme on fait tourner une ombrelle de jeune fille. Elle sautait de roche en roche, soulevant d’une main son pagne, le rideau à fleurs qu’elle s’imaginait un pagne, et sa bouche confuse implorait tandis que le sabre ondulait dangereusement autour de ses joues. Toujours serré contre son arbre, le soldat blanc la regardait du même œil béat que les nègres immobiles sur l’autre rive, là-bas…Tuez-moi, tuez-moi, répétait-elle en tournant vers lui des yeux immenses. Elle tomba dans l’eau, accrocha une roche plate, gravit la pente herbeuse en chancelant. Alors le soldat eut un geste, comme pour redresser le canon de son fusil ; mais déjà elle se trouvait tout contre lui et modulant une dernière fois avec douleur : aye, je vous dis tuez-moi… elle lui plantait tout uniment son sabre dans le ventre.
Consignes : plan détaillé de commentaire composé
Suivre les différentes étapes en les complétant au fur et à mesure sur le document.
[pic 1]
Introduction rédigée
Le roman d’André Schwarz-Bart, La Mulâtresse Solitude, est un roman qui fait pour choix plutôt insolite de mettre à l’écrit un personnage très éloigné de la femme debout, résistante exemplaire qui est désormais entrée dans l’imaginaire guadeloupéen et dans nos mœurs. Cela contrevient radicalement à l’idée que l’on se fait ordinairement de l’héroïsme.
Dans l’extrait étudié ici, nous sommes au chapitre 6 de la première partie de l’œuvre. Solitude, remarquée par certaines caractéristiques physiques comme sa beauté et son regard, s’est vue soustraite de son clan et de sa famille par des soldats, dans le but de finir comme esclave. Solitude est à bout de force et supplie alors ses bourreaux de lui retirer la vie.
L’extrait cité est ici d’un roman et est écrit en prose libre. Il est intéressant de noter que nos règles conventionnelles ne sont pas respectées. En effet lorsqu’un personnage prend parole, nous ne revenons pas à la ligne avec un tirait, ce qui peut nous rendre la lecture moins aisée.
Nous verrons ici en quoi Solitude, incarne parfaitement l’image de l’anti-héros.
Nous étudierons la place de la nature dans cet extrait qui semble très présent. Pour ensuite continuer sur l’idée de la mort, également un thème récurent de cet extrait pour finir sur la prise en pitié du lecteur pour l’antihéros.
- La place de la nature.
- Un somptueux paysage entacher
Portrait d’une nature qui renvoie un paysage de carte postale, assistant néanmoins à une tragédie.
« Alors, elle contempla une dernière fois, avec une joie mêlée de tristesse, toute la beauté du monde qui s’étalait autour de sa chair énigmatique »
Nous voyons ici une description d’un monde magnifique entaché par « sa chair énigmatique », personnification de Solitude, qui voit qu’elle n’a rien à faire dans ce décor.
- Une nature luxuriante et envahissante
La nature est omniprésente dans cet extrait du texte. Si bien que nous avons une impression de grandeur et d’impuissance pour le personnage de Solitude
« (…) la douce pénombre des arbres, les taches bleues qui descendaient en tournoyant dans sa tête (…) »
Nous avons un registre de la nature assez riche et dense dans tout le texte. Cela donne une impression au lecteur que Solitude n’est qu’un point noir dans un monde qui n’est que vaste étendue, elle n’a pas ça place dans cette nature parfaite.[pic 2]
- L’antithèse de l’humain et de la nature
Tout oppose nature et l’humain. La nature est belle, forte, vivante, alors que l’humain, faible, meurtrier, salissant.
« Un sabre de canne traînait dans l’herbe, tacheté de sang. »
Le sabre n’a rien à faire dans l’herbe, étant fruit de mains humaines. Il dénote dans le paysage par le sang dont il est imprégné. Comme un cadeau de la nature pour Solitude comme solution finale. L’arme de conquérant met finalement à la conquête.
Transition rédigée :
Après avoir vu l’idée de la nature, très présente dans l’extrait de ce récit et avoir vu à quel point elle relègue notre personnage, à un point noir sur une page blanche, nous allons voir la seconde idée omniprésente du texte, qui est la mort.
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