La lecon de madame de Beusseangt
Commentaire de texte : La lecon de madame de Beusseangt. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar capucinerinaudo • 9 Janvier 2016 • Commentaire de texte • 2 510 Mots (11 Pages) • 19 280 Vues
Lecture analytique : Balzac, Le Père Goriot . 1ère partie : « Une pension bourgeoise » :La leçon de Madame de
Beauséant
De : « Eh bien, Monsieur de Rastignac » à « Ecoutez-moi Miguel. »
- Introduction générale
- Introduction particulière
Ce texte est un extrait de la 1ère partie du roman. Eugène de Rastignac vient de faire preuve d’une grande maladresse sociale chez Madame de Restaud, et celle-ci lui a fermé sa porte. Il se rend alors chez sa cousine Madame de Beauséant. La Vicomtesse est la seule capable de lui donner les conseils utiles pour pénétrer la société parisienne, véritable labyrinthe plein de promesses , mais aussi de dangers.
Dans cet extrait, entièrement au discours direct, Madame de Beauséant, qui vient d’apprendre la trahison de son amant le Marquis d’Ajuda-Pinto ( il se marie), va faire à Eugène une description vraiment peu engageante du monde parisien et elle va en dresser un tableau dur et sans concession. C’est dans ce « bourbier » » que le jeune homme devra mettre en œuvre les principes qu’elle énonce dans la leçon sur le monde qu’elle va lui donner.
Dans une lecture analytique, je montrerai d’abord combien le discours de Madame de Beauséant est celui d’une femme expérimentée mais amère, puis j’étudierai la vision pessimiste qu’elle propose de la société. Enfin, je mettrai en évidence les armes de la réussite qui seront, selon son expérience, nécessaires à Rastignac pour « parvenir ».
I . Madame de Beauséant, une femme expérimentée mais amère
Dès les 1ères lignes du discours de Mme de Beauséant, le ton est donné :
* Le ton qu’elle emploie montre qu’elle est sûre d’elle , c’est une femme d’influence
* Sait qu’elle a devant elle un jeune homme ambitieux, mais sans connaissance du monde . Cependant, elle s’adresse à lui d’égale à égal : « Monsieur de Rastignac ».
* L’apostrophe : « Eh bien, Mr de Rastignac » précède un conseil d’ordre général à l’impératif « Traitez le monde comme il le mérite » : elle sait, elle connaît le monde.
> Prélude qui donne le ton à la leçon qui suit : elle est sous le coup de ce qu’elle vient d’apprendre (la trahison de son amant) , elle est sur « sa lancée » : colère et amertume
1) D’emblée, Mme de Beauséant apparaît comme une initiatrice expérimentée grâce à sa connaissance du monde et des comportements sociaux
* Elle émet plusieurs hypothèses auxquelles elle apporte des réponses qui montrent son assurance : « Si vous aviez un sentiment vrai, cachez-le », « si vous aimiez , gardez-bien votre secret » . Les subordonnées de condition + les impératifs = elle connaît les situations possibles et les solutions. Ceci révèle : sa connaissance du monde et des comportements sociaux.
Cette connaissance parfaite est confirmée par son affirmation catégorique : « Maintenant je sais tout »
* Forte de ses connaissances, elle va multiplier des recommandations fermes à l’égard de Rastignac : « Plus froidement vous calculerez, plus avant vous irez », « Frappez sans pitié, vous serez craint », « N’acceptez les hommes et les femmes [….] que vous laisserez crever », « vous arriverez au faîte de vos désirs », « cachez-le », ne laissez jamais », apprenez ».
Nous remarquons que ces recommandations sont faites au futur et à l’impératif , ce qui traduit la fermeté des ces recommandations et la certitude de Mme de Beauséant quant à leur nécessité. Ces recommandations ont en fait valeur d’ordres.
2) Madame de Beauséant n’a plus d’illusions sur le monde
* L’amertume dont son discours est empreint apparaît tout de suite : son ton dur est celui d’une femme désabusée : « Eh bien, Monsieur de Rastignac, traitez le monde comme il le mérite » . Remarquons l’allitération en « t »= dureté. Elle conseille fermement à Rastignac d’adopter un comportement impitoyable dans ce monde qu’elle connaît trop bien et qu’elle avait précédemment qualifié d’ « infâme et méchant » ( juste avant ce passage). [infâme= qui avilit, qui provoque du dégoût, abject. méchant : dans son sens 1er = porté au mal . ]. Ce qui confirme que Rastignac ne devra montrer aucune pitié, ne consentir à aucun compromis, à aucune concession.
* Les recommandations de Mme de Beauséant sont incisives et se présentent sous la forme de formules concises : « Vous voulez parvenir, je vous aiderai », « Frappez sans pitié, vous serez craint », « Plus froidement vous calculerez, plus avant vous irez » : elle fait preuve d’éloquence, elle veut frapper la conscience de son interlocuteur grâce à ses recommandations formulées sur un rythme binaire. Elle dessine ainsi les moyens qu’Eugène devra mettre en œuvre pour réussir, et cela traduit aussi encore son immense amertume : ces moyens sont expéditifs, tranchés, sans compromis.
En même temps, Madame de Beauséant, grâce à son expérience et par sa souffrance, révèle au jeune homme que le monde est un monde d’hypocrisie, dans lequel l’arrivisme et le jeu des intérêts sont les seuls moteurs, et c’est une vision bien pessimiste de la société qu’elle présente à Rastignac.
II . Une vision pessimiste de la société et de l’humanité
1) Le tableau de la société que brosse Mme de Beauséant est celui d’un monde totalement corrompu, perverti, dénué donc de toute sincérité. Cette corruption apparaît nettement dans son discours : elle met en relief les bassesses, l’intérêt, que ce soit chez les femmes ou chez les hommes.
a) Les femmes
Mme de Beauséant parle explicitement de « corruption féminine » et elle souligne la bassesse morale des femmes avec l’emploi de l’adjectif « profonde » qui qualifie « la corruption féminine ». L’intensité de cet adjectif est encore soulignée par l’adverbe de quantité « combien » : « combien est profonde la corruption féminine ». Dans la société de la Restauration, telle que la présente Balzac, la femme est prête aux pires actions
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