La gaieté dans les Fables de la Fontaine

Les premiers livres des Fables de la Fontaine ont commencé à être publiés en 1668 puis les suivants sont sortis tous les ans. La Fontaine est un bourgeois vivant dans un milieu aisé, il est resté la plupart du temps à l’écart de la cour, mais fréquente quelques salons. Il s’inspire de l’Antiquité gréco-latine, pour écrire ses Fables qui sont considérées comme une pièce maîtresse de la littérature française. Son don pour le maniement des vers et des rimes l'a aussi rendu populaire. Ses Fables dénoncent la cruauté de la vie, de la cour mais aussi son hypocrisie. Il y décide donc d’énoncer ses idées sans mettre de noms sur les personnages et en gardant une atmosphère joyeuse et enfantine. C’est pourquoi le sujet nous amène à nous demander comment l’auteur parvient-il à exprimer de la gaieté dans ses Fables. Dans un premier temps, nous allons voir comment nous percevons les Fables à notre première lecture, puis les procédés qui permettent de créer de la gaieté.

Tout d’abord, La Fontaine réussit à nous provoquer de la gaieté quand on lit une de ses fables grâce à son sens et à sa forme. Il est possible de voir cet aspect d’abord avec celui des personnages dans ses histoires. La plupart de ses personnages sont des animaux, ce qui crée une situation plus joyeuse et gaie. Cependant, le but premier de La Fontaine, d’illustrer des personnes avec des animaux n’était pas pour créer de la joie. En effet, l’auteur choisit cette transformation pour pouvoir critiquer les nobles, sans les désigner clairement comme coupables de leurs actes. Cette idée lui permet donc de pouvoir dire du mal de la société sans se soucier des répercussions, car, s’il avait inscrit à la place le véritable nom de ces personnes, il aurait pu craindre pour sa vie. On peut bien voir cet argument dans Les Obsèques de la Lionne, où l’auteur montre la crédulité du roi, et l’hypocrisie des courtisans qui sont capables d’inventer toute une histoire pour échapper à la cruauté de celui-ci.

        Ensuite, dans ses fables, les situations que La Fontaine décrit sont minimisées. En effet, les sentences sont souvent allégées, et la cruauté des personnages atténuées. Cela montre que La Fontaine cherche une nouvelle fois à apporter sa gaieté dans ses histoires. Il veut dénoncer mais sans tout énoncer. Il ne veut pas parler de la violence et de la cruauté de la vie. On peut très bien illustrer cet exemple dans la Fable de La Cour du Lion, le Roi est représenté par le lion, et les punitions qu’il inflige à ses sujets étaient sans doute bien pire que ce qu’il n’est dit, un simple aller au cachot, est parfois la meilleure chose qu’il est possible de recevoir.

        De plus, la gaieté n’est pas perceptible pour tous les publics, les enfants verront tout de suite la joie dedans contrairement à la plupart des adultes. Avec le temps, nous gagnons en maturité et donc notre vision sur les œuvres que nous regardions et lisions évolue. Un enfant aura une perception innocente des fables, il pensera que c’est simplement une histoire pour raconter ce qu’il ne faut pas faire, pour ne pas se faire piéger, blesser ou être mauvais. Tandis qu’un adulte comprendra le sens caché derrière chaque fable. Il verra toute la cruauté masquée et atténuée. Il parviendra à assimiler l’animal à une personne, et comprendra la dénonciation faite par La Fontaine envers la noblesse et le pouvoir, ou bien, il pourra l’appliquer à son époque, et, remplacer les personnages par le gouvernement ou simplement des personnes de son entourage. En effet, dans Le Singe et le Léopard, le léopard est stupide et ne se vante que d’avoir un beau pelage, tandis que le singe, lui, peut accomplir de nombreuses choses. La morale nous apprend à la fin que mieux vaut avoir des compétences et capter l’attention, plutôt que d'être simplement beau en apparence, mais provoquer rapidement de la lassitude. Avec cette fable un enfant comprendra simplement qu’il est préférable de savoir faire des choses plutôt qu’être simplement beau. Tandis qu’un adulte pensera que c’est une critique de la société, où la plupart des individus pensent qu’il suffit d’être beau pour qu’on nous aime ou qu’on nous choisisse, et que l’on ne choisira pas forcément une personne avec une apparence peu attirante mais qui est capable d’accomplir de nombreuses choses.

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