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L'еtranger

Fiche : L'еtranger. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Juin 2018  •  Fiche  •  1 020 Mots (5 Pages)  •  607 Vues

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L’Etranger

Introduction

 Il s'agit d'un incipit «in medias res» (au milieu des choses) car nous commençons par le récit de la mort de la mère du narrateur, mort qui intervient alors que celui-ci est déjà adulte. Néanmoins, ce début est pour le moins étrange car:

  • Cette mort est rapportée d'une manière directe (sujet + verbe + attribut) et indifférente par le narrateur
  • le style quasiment télégraphique évacue tout registre pathétique. Il semble étranger au monde dans lequel il vit (il s'auto justifie devant son patron, comme s'il était coupable du décès de sa mère l.7-8-9; il n'arrive pas à réaliser la mort de celle-ci l.11-12; il est introverti et refuse le contact humain l.24-25).

Les principales informations

L'incipit dans un récit a souvent la même fonction qu'une scène d'exposition au théâtre: ils'agit d'informer le lecteur sur: Tout incipit répond aux questions suivantes :

  • Marengo est en Algérie l.4 (le narrateur habite loin de l'hospice où il a placé sa mère). Les autres repères spatiaux donnent des indications sur son cadre de vie: «au restaurant chez Céleste» l.15, «chez Emmanuel» l.18. On a l'impression d'une vie bien réglée. (où?)
  • Le narrateur est un homme adulte, soumis, qui vient de perdre sa mère. Il est Français dans un pays colonisé (qui?)
  • L’époque est incertaine: moderne, contemporaine de l’écriture du romancier: Il emploie le présent, le futur et le passé composé. On ne sait pas exactement quand il écrit, toutes les actions sont mises au même niveau. (quand?)
  • Le sujet du roman n’est pas clairement indiqué, mais des grands thèmes sont présentés: la mort, la place incertaine dans la société et dans le monde.
  • Nous trouvons donc des renseignements traditionnels.

Meursault, le narrateur

  • Ce qui semble intéresser le narrateur n'est pas les circonstances de ce décès mais la possibilité qui lui est offerte d'emprunter les accessoires du deuil: l.18 «une cravate noire» et l.19 «un brassard».
  • Bien que le champ lexical de la mort soit très développé dans les 3 premiers § («morte» l.1, «décédée» et «enterrement» l.2, «veiller» l.6, «condoléances» l.10, «deuil» l.11, etc.), le narrateur n'exprime aucun sentiment personnel, ce qui peut surprendre voire choquer le lecteur.

Le narrateur, Meursault, apparaît comme étranger:

  • D’abord parce que nous n’avons pas de description de lui: il n’est pas caractérisé.
  • Cela est dû à la focalisation: Meursault parle, on n’a pas d’autre point de vue.
  • Il est à la fois très proche de nous, et étranger.
  • C’est une personnalité vulnérable, presque enfantine : «maman», «Ce n’est pas ma faute.»
  • La perte de la mère marque le début de son constitution en tant qu’individu à part entière.

Un récit étrange 

  • Il n’y a pas que le personnage qui est étrange: le récit l’est aussi.
  • Pas de sentiments, mais des actions («je prendrai», «j’arriverai», «je rentrerai»)
  • Nous sommes dans l’objectivité.
  • Le lecteur est pris à témoin.
  • C’est une nouveauté romanesque.

Un étranger très familier

  • personnage n’a pas de nom.
  • Il est sans sentiments (il n’a aucune réaction à l’annonce de la mort de sa mère) Absence de vocabulaire sentimental, vocabulaire de la raison : "affaire classée", "enterrement". Sa mère semble ne rien être pour lui. Ses amis eux ont l’air plus touchés que lui-même.

«il fait chaud»  sensation visuelle
C'est un personnage qui se réduit à un corps, sans aucun sentiment à part un, la culpabilité.

  • C’est un personnage commun, simple, voire effacé: il parle peu et par phrases courtes.
  • On ne peut s’identifier à lui à cause de cette froideur, de sa médiocrité.
  • Et pourtant il mène la vie de beaucoup de gens: il va au travail, il a ses habitudes, il a des «amis» avec qui il ne partage pas son intimité, etc.

 

Un seul sentiment : la culpabilité

  • C’est le seul sentiment présent dans le texte.
  • Mais cette culpabilité ne s’exprime que vis-à-vis des codes de la société.
  • Ce n’est pas personnel.
  • «ce n’est pas de ma faute», «je n’aurais pas dû dire cela», «je n’avais pas à m’excuser»
  • Vocabulaire moral, tournures négatives.
  • Meursault est passif.

Un incipit bien moins anodin qu’il n’y paraît

Tout ce qui est présent dans cet incipit se retrouvera le jour du procès.

  • Le restaurant, dans lequel on lui reprochera d’être allé après l’annonce de la mort de sa mère.
  • Les personnages qui viendront témoigner pour ou contre lui.
  • L’absurdité de l’existence humaine commune, sans passion, sans but, sans projet.
  • Malgré le ton neutre, cet incipit concentre tout le roman à venir.

Conclusion

L’incipit répond à ce qu’on attend d’un incipit: où, quand, quoi, qui?                                        Mais le récit n’en est pas moins original, notamment à travers le personnage de Meursault.     Il y a une mise à distance, ce qui permet au lecteur de juger.                                                   Il sera notamment appelé à juger les actes de ce personnage auquel il est difficile de s’identifier.

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