L'île des esclaves, scène 3
Commentaire de texte : L'île des esclaves, scène 3. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar joellecarlin • 10 Septembre 2022 • Commentaire de texte • 1 121 Mots (5 Pages) • 593 Vues
L’ÎLE DES ESCLAVES
LECTURE ANALYTIQUE : SCÈNE 3
Introduction
Situation du passage
I Une satire de la coquetterie féminine et de la comédie sociale.
Le portrait dressé par Cléanthis fait la satire d’une jeune femme narcissique, futile, exclusivement préoccupée par son image et son souci de plaire. (satire = écrit, discours qui s’attaque à qqc ou qqun en s’en moquant)
Les 3 adj « vaine, minaudière et coquette » (l 83) sont proposés par Trivelin pour faire un portrait synthétique d’Euphrosine, experte de la comédie de la séduction. Cléanthis va les reprendre à son compte en illustrant chacun d’eux (en les « développant » comme le dit Trivelin l116) par des exemples itératifs racontés au présent ou des anecdotes particulières narrées au passé.
Dans les deux cas, Cléanthis recourt à des tirades dialoguées qui mettent en valeur son talent de comédienne. Voir tirades à partir l108 ou à partir l.117
Son emploi du temps est fonction de l’état de son visage qu’elle peut « promener hardiment » (l 114) ou qu’elle se croit contrainte de cacher au moindre signe de fatigue.
La coquette use de minauderies aussi affectées que son langage précieux. l.150 à 151 (minauder = prendre des manières affectées pour attirer l’attention, plaire, séduire).
Ses prétendues « bonnes amies » l.127 sont autant de rivales qu’elle discrédite par des pointes mesquines (« cette femme-là est aimable disiez-vous ; elle a les yeux petits mais très doux ») l.148,149.
Soumise au jugement d’autrui, à la tyrannie de l’opinion, Euphrosine toute aristocrate qu’elle est, apparaît ainsi esclave de la comédie sociale. C’est pourquoi Clanthis peut affirmer : « nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d’une pénétration !...Oh ! Ce sont de pauvres gens pour nous » (l134 à 136)
Les tableaux de la vie mondaine esquissés par Cléanthis évoquent bien plus la société française de la Régence que l’Antiquité grecque : on y reconnaît en effet les moeurs de l’aristocratie parisienne, envers lesquels Marivaux semble éprouver un mélange de condamnation et de fascination.
La satire de la coquetterie féminine relève d’un topos littéraire particulièrement illustré dans les oeuvres des moralistes du XVIIe siècle. (La Bruyère). Marivaux renouvelle toutefois la tradition du portrait satirique en exploitant des procédés propres au théâtre : la coquette est à la fois imitée et démasquée par sa servante qui lui tend ainsi un miroir critique tout en avouant avoir souvent épié son intimité (« j’étais dans la chambre ; vous vous entreteniez bas ; mais j’ai l’oreille fine » (L.145, 146)
II Une épreuve thérapeutique
Plusieurs citations montrent que l’effet thérapeutique du portrait vise Cléanthis autant qu’Euphrosine.
« Quand on a de la colère, il n’y a rein de tel pour la passer que de la contenter un peu... » (L. 60 – 62)
« J’espère, Euphrosine que vous perdrez votre ressentiment... » (Trivelin l67-68)
« il est nécessaire que vous m’en donniez un portrait, qui se doit faire devant la personne qu’on peint, afin qu’elle se connaisse, qu’elle rougisse de ses ridicules, si elle en a, et qu’elle se corrige » (Trivelin l69 à 73)
« vous sentez, c’est bon signe, et j’en augure bien pour l’avenir » (Trivelin à Euphrosine l91-92)
« profitez de cette peinture-là, car elle me paraît fidèle » (Trivelin à Euphrosine l.137-138)
Très excité par cette épreuve où elle se sait en position de force : « Oh ! que cela est bien inventé ! Allons, me voilà prête ; interrogez-moi, je suis dans mon fort » (L.75-76),
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