L'étranger d'Albert Camus, l'homme problématique.
Commentaire de texte : L'étranger d'Albert Camus, l'homme problématique.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar osullerot • 21 Janvier 2017 • Commentaire de texte • 1 412 Mots (6 Pages) • 5 267 Vues
Oeuvre intégrale : L’Etranger d’Albert Camus. L’homme problématique.
Texte 1 : incipit
Introduction à l’auteur : Albert Camus est un romancier, philosophe et dramaturge dont l’oeuvre se caractérise par deux thèmes principaux : celui de l'absurde, qui naît du décalage entre un besoin de compréhension et un monde réel oaque (cf. Le Mythe de Sisyphe) et celui de la révolte engendré par le spectacle de l’injustice.
Introduction à l’oeuvre : dans L'Etranger, Camus présente un homme que des circonstances extérieures vont amener à commettre un crime et qui assiste, indifférent, à son procès et à sa condamnation à mort.
Introduction au passage : c’est l’incipit du roman. Rappelons que celui-ci ouvre les textes narratifs et qu’il a trois fonctions : introduire le cadre spatio-temporel et les personnages, faire démarrer l’histoire et créer un horizon d’attente. Ici, Meursault relate la nouvelle de la mort de sa mère et les préparatifs de son départ pour la veillée funèbre et l’enterrement.
Lecture analytique
Problématique : en quoi s’agit-il d’un incipit « étrange » ?
Plan : I) Un récit déroutant.
II) Un personnage absent et « étranger » au monde.
I) Un récit déroutant :
1) Un journal ?
a) OUI car - a) présence intense du narrateur par l'utilisation du point de vue interne (perception des événements se fait uniquement par le personnage).
- b) 22 occurences du pronom personnel « je » en anaphore, renforcé par les pronoms possessifs.
- c) faits et gestes de la vie quotidienne du personnage principal : enterrement de la mère, départ vers l’asile pour la veillée funèbre...
b) MAIS – incipit in media res : simultanéité entre le moment où il écrit et le déroulement des événements, entre ce qui est vécu et ce qui écrit par Meursault.
→ le lecteur est projeté dans le présent du héros alors que la narration et l’écriture littéraire exigent du temps entre ces deux moments (le moment vécu et le moment de sa mise en forme par les mots).
- un « je » ambigu : un « je » non proche et confident (celui de l’autobiographie) mais qui a les caractères du « il » : froid, distant, détaché, neutre : lire le premier paragraphe lors de l’évocation du télégramme.
2) Une chronologie incohérente :
a) Elle est à peu près respectée puisque la succession des événements suit la progression des paragraphes: « je prendrai l’autobus à deux heures », « j'ai pris pris l’autobus à deux heures », « j’ai couru ».
b) Les marques temporelles (« aujourd’hui », « peut-être hier », « demain », « deux heures », « dans l’après-midi », « demain soir », « après-demain ») font apparaître l'absurdité de son comportement, à la fois mécaniques et plates, car elles sont très nombreuses, on a l'impression qu'il nous livre son programme mais il y a un manque d'enchaînement logique.
→ le personnage a une vision floue du monde, il se rattache donc à des repères temporels extrêmement balisés, cette focalisation sur les dates trahit un équilibre intérieur fragile.
c) Les temps : le présent d'énonciation (« je ne sais pas », « ce n’est pas de ma faute ») s'allie correctement avec le futur (« je prendrai l’autobus à deux heures », « mais il le fera sans doute après demain » et l'imparfait (« il faisait très chaud »)
MAIS le passé composé est utilisé en très grande quantité (17 fois). Or ce temps est vague (il indique simplement une action terminée et accomplie dans le passé), il nécessite des compléments circonstantiels pour en circonscrire les modalités. Cette succession d’actions rapides et récentes introduites par les conjugaisons au passé composé déstabilise le lecteur qui s’attend dans un incipit - même in media res - à des informations tangibles qui vont l’aider à se représenter mentalement personnages et décors.
En effet, on observe une
3) Absence quasi-totale de description des lieux :
a) il y a deux remarques spatiales (« Marengo » et « Alger ») mais elle sont faussées par l'intervention du narrateur qui y ajoute une information géographique (leur distance, « quatre-vingts kilomètres »).
→ A cause de la technique du journal intime, ce ne peut être que le personnage qui se précise à lui-même où se trouve l'asile. Là encore, on ne satisfait pas aux exigeances traditionnelles du début de roman (renseigner le lecteur).
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