L'étranger, Albert Camus

Séquence 3: Quand le personnage apparait....

L.A 3: Camus, L'étranger

Présentation: L'étranger est une oeuvre littéraire écrite par Camus en 1942 en milieu de WW2 qui prend place dans la philosophie de l'absurde, selon laquelle l'existence n'a pas de sens et seule la fatalité et le hasard guident nos pas. Il retrace donc l'existence médiocre, limitée au train-train quotidien et  vit dans une étrange indifférence de Meursault, modeste employé de bureau. L'extrait qui nous intéresse est l'incipit de ce roman, dans lequel le personnage principal s'éveille à partir du moment où sa mère meurt.

Problématique: En quoi cet incipit est-il étrange? / En quoi le personnage de Meursault apparaît-il dans cet incipit comme un "étranger"? / En quoi cet incipit reflète-t-il la pensée d l'absurde selon Camus?

Plan:     I. Un incipit à la fois traditionnel et déroutant.

Les caractéristiques classiques:

-Cadre spatio-temporel précis -> 2e paragraphe: narrateur se trouve à Alger (à 80km de Marengo où se trouve l'asile de vieillards où vivait sa mère)

-plusieurs indictions temporels: "Aujourd'hui" / "hier" / "à deux heures" / "après-demain" mais aucune date précise de l'action

-Situtation initiale particulière: le narrateur vient de recevoir "un télégramme de l'asile" annonçant la mort de sa mère= il va donc se rendre à Marengo pour l'enterrement

Un décalage entre le contenu et le style:

Présentation très factuelle des évènements -> récit à la première personne (focalisation interne: narrateur intimement concerné) = le lecteur entre dans le roman directement au coeur de l'action

-absence totale d'un lexique psychologique-> exprime les sentiments et émotions du narrateur

-Détails purement informatifs donné dans des phrases simples et déclaratives (3e paragraphe) = rappelle le style laconique du télégramme.

-Banalité des propros surprenante -> "cahots", "l'odeur d'essence", "la réverbération de la route et du ciel" = manifeste aucune tristesse

=Phrases courtes et banales contrastent avec la situation exceptionnelle qu'est en train de vivre le narrateur.

        II. Un personnage atypique.

Personnage en apparence complètement détaché...:

=Mersault apparaît comme un personnage indifférent et détaché

"cela ne veut rien dire" -> lorsqu'il reçoit le télégramme, alors que l'information est très claire ("mère décédée").

-Impression d'être plus préoccupé par le jour exact du décès ("aujourd'hui" ou "hier" ?)

-Impression également qu'il a hâte que ce soit "une affaire classée" comme s'il s'agissait d'un léger désagrément à régler.

-Il ne change pas ses habitudes ("j'ai mangé au restaurant chez Céleste, comme d'habitude") -> indique qu'il n'est pas troublé par la nouvelle.

-Réaction de ses amis au restaurant qui "ont tous beaucoup de peine" pour lui -> met un accent sur l'absence d'émotions de la part du narrateur.

-Narrateur apparaît comme un enfant: phrases simples, peu de connecteurs, utilisation du mot "maman", sieste dans le bus pour Marengo ("je me suis assoupi", "j'ai dormi presque tout le trajet") -> semble qu'il n'est pas conscience du monde qui l'entoure.

... Mais en réalité complexe:

=Mersault fait preuve de bonne volonté et se conforme aux codes

-"Ainsi, je pourrai veiller" -> il a l'intention de partir pour pouvoir veiller sa mère et demande "deux jours de congé à (son) patron", puis porter les habits de deuil ("quand il me verra en deuil") et emprunte à son voisin Emmanuel "une cravate noire et un brassard" = Il fait tout ce qu'on attend de quelqu'un qui perd sa mère.

-Personnage qui se sent coupable, par la conversation rapportée entre lui et son patron -> se sent obligé de justifer son départ ("ce n'est pas de ma faute" même s'il ajoute immédiatement "je n'aurais pas dù lui dire cela. En somme, je n'avais pas à m'excuser")

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