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L'enterrement de Paul Verlaine

Commentaire de texte : L'enterrement de Paul Verlaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Juin 2018  •  Commentaire de texte  •  1 612 Mots (7 Pages)  •  1 048 Vues

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L'Enterrement

Je ne sais rien de gai comme un enterrement !
Le fossoyeur qui chante et sa pioche qui brille,
La cloche, au loin, dans l'air, lançant son svelte trille, 
Le prêtre en blanc surplis, qui prie allègrement,

L'enfant de cœur avec sa voix fraîche de fille,
Et quand, au fond du trou, bien chaud, douillettement,
S'installe le cercueil, le mol éboulement
De la terre, édredon du défunt, heureux drille,

Tout cela me paraît charmant, en vérité !
Et puis tout rondelets, sous leur frac écourté,
Les croque-morts au nez rougi par les pourboires,

Et puis les beaux discours concis, mais pleins de sens,
Et puis, cœurs élargis, fronts où flotte une gloire,
Les héritiers resplendissants !

l- Un tableau assez loufoque mais très réaliste de l’enterrement

1/ Une description réaliste au maximum :

·        Verlaine compose un tableau très animé, à partir d'une description réaliste. Il n'y manque aucun des éléments traditionnels de l’« enterrement », mentionné dans le titre et au premier vers.

·        Les différents acteurs apparaissent successivement : par leur disposition dans le texte, ils encadrent le « défunt », situé au centre du vers 8 et donc du poème. Comme un défilé. Le fossoyeur intervient dès le vers 2, relayé par « le prêtre » au vers 4 et son assistant, « l'enfant de chœur » (vers). Puis viennent les « croque-morts », qui organisent la cérémonie. Quant aux « héritiers », ils concluent logiquement le texte (vers 14).

·        Verlaine cite également les outils et les attributs religieux nécessaires aux obsèques. « La cloche » (v.3) fait écho à la « pioche » (v.2) ; leurs sonorités se mêlent par la rime comme dans la réalité. Le « surplis », qui est le vêtement de l'officiant, intervient au vers 4, accompagné du « frac » des croque-morts (v.10), tandis que, comme le défunt, le « trou » et « le cercueil » surgissent au milieu des vers 6 et 7.

·        Ainsi, la cérémonie se déroule selon un ordre temporel, au rythme des apparitions et des actions des personnages.

2/ Un véritable spectacle :

 

·        Certains aspects accentuent le tableau de genre jusqu'à en faire un véritable spectacle vivant. La description privilégie les couleurs et les sons.

·        La lumière (« brille » au vers 2, « resplendissants » au vers 14) s’ajoute aux teintes vives ou sombres (le « blanc surplis » du vers 4, les noirs « fracs » du vers 10, le « nez rougi » du vers 11

·        Des sonorités variées s'y ajoutent : le « trille » de la cloche (v.3), la « voix fraîche » (v.5) de l'enfant de chœur, mais aussi le son plus discret de la pioche et de la terre qui tombe dans le trou.

·        Pour transcrire cette musique, le poète utilise des assonances et des allitérations. Les sons sifflants et chuintants des vers 2 à 4 (« fossoyeur », « chante », « sa pioche », « la cloche », « lançant » etc.) créent une harmonie imitative, celle-ci est renforcée par la constante présence du son [en] à la rime (« enterrement », « allègrement », « douillettement » etc.) mais aussi au sein des vers (« chante » au v.2, « blanc » au v.4, « l'enfant » au v.5, « charmant » au v.9).

·        Enfin, l'apparition successive des différents acteurs, placés en général en début de vers, contribue à faire du spectacle un ballet bien réglé.  Les personnages sont caractérisés chacun par une action et/ou un attribut bien distinctif : le fossoyeur avec sa pioche et son chant, le prêtre avec son surplis et ses prières, l'enfant de chœur et sa voix, le défunt et son édredon.

De cette manière le poète, en intégrant des éléments réalistes, crée un spectacle original et plus vivant que le thème abordé ne le laisse entendre.

2-Passage à la caricature

1/ La gaieté de la mort

 ·        Paul Verlaine, en fait, tourne en dérision un sujet ordinairement pathétique : le sombre, l'inquiétant sont traités d'une façon gaie, mais il s'y ajoute une satire des personnages. Le second quatrain assimile la mort à un sommeil agréable, comme le signale le terme « édredon » (v.8). Cette vision n’est pas commune aux autres poètes du moment. Ici, les expressions « s’installent » (v.7), « bien chaud », « douillettement » (v.6), créent un univers rassurant et agréable. La douceur de la mort s'étend naturellement sur l'ensemble de la scène.

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