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« L'Horloge », Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861.

Commentaire de texte : « L'Horloge », Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861.. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  1 326 Mots (6 Pages)  •  1 067 Vues

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« L'Horloge », Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861.

Éléments d'introduction

- Charles Baudelaire : charnière du Romantisme et du Symbolisme, contemporain du Parnasse, ouvre la voie à la poésie moderne.

- Les Fleurs du Mal : son œuvre majeure, parue en 1857, censurée pour « outrage aux bonnes mœurs ». Remanié, le recueil connaît une nouvelle publication en 1861 où le poème « l'horloge » clôt la partie « Spleen et Idéal ».

- La partie « Spleen et idéal » alterne des poèmes spleenétiques (évoquant l'humeur mélancolique du poète) et des poèmes évoquant son idéal (l'amour, la beauté, l'évasion du quotidien). Les poèmes spleenétiques dominent et « L’Horloge » en fait partie. Le poème clôt cette partie du recueil et fait suite à d'autres poèmes sur le temps (cf. « L'Ennemi »).

- Baudelaire reprend ici un topos poétique : la fuite du temps, le memento mori. Il le présente à travers le discours d'une Horloge, ce qui en fait son originalité.

→ Comment Baudelaire renouvelle-t-il le thème/topos du temps qui passe grâce à l'allégorie de l'horloge ?

I- Une image originale du temps

a. Le temps représenté par ses instruments de mesure

- Référence à l'horlogerie :

→ Voc. : horloge (V.1), clepsydre (V.20) + image du doigt= aiguille (V.2)

→ Évocation des divisions du cadran qui obéissent à un système duodécimal : 24 vers de 12 syllabes, quatrains (4 vers) évoquant la division en 1/4 d'heure des heures sur un cadran.

- Thème du mécanique : ref. à l'objet : mon gosier de métal (V. 14).

- Évocation du bruit de l'horloge par la construction du vers : certains alexandrins réguliers évoquent le mouvement du balancier de l'horloge.

Ex. (V.1 et 2) Horloge! //dieu sinistre,// effrayant,// impassible,

Dont le doigt// nous menace// et nous dit:// "Souviens-toi!

+ Les vers réguliers coupés 6//6 du deuxième quatrain.

+ Quand il s'agit d'évoquer la seconde, le rythme s’accélère grâce aux mots d'une syllabe et aux enjambements (V. 9,10 et 11) :

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde

Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix

D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois

- Voc. de la mesure du temps : Seconde (V.9) , instant (V. 7), saison (V.8), minute (V.15), heure (V.9, 21)

=> De nombreux éléments construisent l'image de l'objet-horloge. Cet objet du quotidien, sujet du texte, caractérise la modernité du poème. Mais Baudelaire anime cette horloge en une effrayante allégorie.

b. L'horloge, allégorie du temps

- Déification dans l' apostrophe initiale (V.1) : Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible. La métaphore est soulignée par trois adjectifs qui font de l'Horloge un dieu mortifère et indifférent aux souffrances humaines.

Cette image est filée dans le quatrain où le doigt de la divinité est l'aiguille de l'horloge. Cette image est associée au supplice avec les termes : vibrantes Douleurs, planteront, cible (= coeur).

- Horloge ogre ou vampire. Comme dans le sonnet « L'Ennemi », Baudelaire associe le temps à la dévoration (mythe de Chronos) : chaque instant te dévore un morceau de délice (V. 7), Le gouffre a toujours soif (V.20). Dans le 3ème quatrain il compare la seconde à un insecte-vampire : sa voix //d'insecte (image surprenante du « minuscule menaçant » et mis en valeur par le rejet du mot insecte), Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde (où l'immonde est intensifié par l'allitération en « p » et l’assonance en « on »).

=> Cette allégorie est aussi dotée de la parole et l'essentiel du poème est constitué de son discours au lecteur, et donc d'une prosopopée.

c. La prosopopée

- le discours de l'horloge :

→ Il démarre au vers 2 et se termine à la fin du poème comme l'indiquent les guillemets.

→ L'horloge s'exprime à la première personne (Mon gosier, V.14) et s'adresse au lecteur qu'elle tutoie (Souviens-toi ! ; ton cœur plein d'effroi V. 2, 3) ce qui exprime le rapport d'autorité qu'elle entretient avec lui. Elle l'apostrophe plusieurs fois ( Prodigue , mortel folâtre, vieux

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