L'Ecume des jours, Boris Vian
Commentaire de texte : L'Ecume des jours, Boris Vian. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar anneuuh29 • 27 Septembre 2017 • Commentaire de texte • 1 643 Mots (7 Pages) • 2 235 Vues
INTRODUCTION : Boris Vian est un touche à tout : ingénieur fraîchement diplômé, il joue de la trompette dans le groupe de jazz qu'il forme avec ses frères et ses amis, il peint, il bricole et il écrit. C'est ainsi qu'il rédige, depuis son bureau à l'AFNOR (Association française de normalisation), en à peine deux mois L'Ecume des jours. Ce roman ne connaît pas de succès à sa parution en 1947, et Vian en restera amer. Ce n'est qu'en 1968, lors de sa réédition, qu'il est enfin découvert par la critique et les lecteurs.
Le chapitre LXVIII est l'ultime chapitre du roman. Il met en scène le personnage secondaire de la souris qui a accompagné les héros depuis le début du récit. Chloé est morte, emportée par le nénuphar qui lui rongeait les poumons. Colin se retrouve seul et désespéré. Sa souris ne supporte pas de le voir se morfondre et trouve une solution radicale pour mettre un terme à cette situation, et au roman.
LECTURE DU PASSAGE
Comment B. Vian achève-t-il son roman et quelles sont les particularités de cet épilogue ? Pourquoi peut-on parler de fable tragique ? Tout d’abord, nous montrerons que l’on peut parler d’une farce tragique. Puis, nous aborderons le désespoir de Colin. Enfin, étudierons la mort de la souris.
I/ Une fable tragique
1) Des animaux personnifiés
- Ici la souris présente dès le 1er chapitre du roman (la préférée de Colin, puis de Chloé au chap XIX. Cf. dans le film de Gondry : acteur avec costume de souris) + le chat, nouveau personnage (mais qui va de pair) : nouveau couple en qq sorte.
- Les humains qui maintenaient Colin en vie sont morts : sa femme Chloé, son meilleur
ami Chick et sa petite amie Alise. Il n'a plus que Nicolas et Isis, et la souris. Elle a survécu à la destruction totale de l'appartement de Colin qui s'est effondré sur lui-même (chap LXVII). La fin de l'histoire est proche...
- Réactions humaines, comme dans les fables. Elle s'inquiète pour Colin, a de la compassion pour lui, veut cesser de souffrir. Pleine d'humanité ! Le chat l'est aussi en acceptant de l'aider : l'humanité déteint sur lui.
=> Les deux animaux sont en pleine conversation comme dans les fables, ce qui participe aussi à leur personnification.
2) Un dialogue particulier
- Etonnement du lecteur de voir le roman s'achever par cette saynète et ce dialogue inattendus.
- Scène pleine de mélancolie, de tristesse. Mais style de Vian car notes d'humour malgré tout : les répliques du chat sont comiques (la 1ère notamment), il a une haleine de requin, ...
- But de la fable : instruire (morale) et plaire (récit), corriger les mœurs en riant (castigat ridendo mores). Or ici, ce n'est pas du tout amusant, pas comme dans un Tom et Jerry ! La souris veut mourir et se faire aider par le chat pour réussir son suicide ! Dénote par rapport au genre de la fable !
- Ce n'est pas le cadre traditionnel de la fable, du moins c'est une version autre, moderne et tragique de la fable : les animaux parlent, ont des réactions et des sentiments humains, et ils nous émeuvent (cf. film de Gondry où c'est encore plus frappant !). Le chat apparaît humain, plein de compassion (hypocrite d'ordinaire). La souris est fragile, comme Colin.
- Donc pas de morale à la fin, mais simplement une émotion, de la tristesse, du blues... (cf. musique blues de Chloé).
- Pourtant, c'est plein de pudeur : à aucun moment le mot « mort », le verbe « mourir » ne sont prononcé : c'est implicite, pas du tout ostentatoire ! On le comprend petit à petit, par touches. L'émotion est d'autant plus forte que la souris est fragile et déterminée à mourir.
=> En fait, la souris = double de Colin, sorte de symbole de son âme.
II/ Le désespoir de Colin
1) Un chapitre énigmatique
Si on a du mal à comprendre pourquoi ce dialogue de bêtes, on se heurte aussi à un chapitre qui débute de manière énigmatique : on ne sait pas vraiment de quoi parle le chat ; puis on comprend vite qu'il s'agit du désir qu'a la souris de mettre fin à ses jours. Le non-dit se poursuit car la raison nous est donnée sans que jamais ne soit prononcé le nom de Colin : « C'est que tu ne l'as pas vu, dit la souris. Qu'est-ce qu'il fait ? demanda le chat ». En fait, le chapitre commence alors que la conversation a débuté plus tôt : on arrive in medias res (au milieu des choses), et c'est ce qui déstabilise le lecteur.
=> Mais en fait, on n'a pas besoin que Colin soit nommé...
2) L'expérience douloureuse de la mort
- On pense en effet de suite à Colin depuis la fin de chap. LXVI qui s'est achevé par une phrase douloureuse : « La terre s'éboulait peu à peu, et au bout
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