J'espère et crains de Pierre de Ronsard

Lecture d’un  recueil poétique  

J'espère et crains

Poète : Pierre de Ronsard (1524-1585)

J'espère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
J'admire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui m'ennuie,
Je suis vaillant et le cœur me défaut,
J'ai l'espoir bas, j'ai le courage haut,
Je dompte Amour, et si je le défie.

Plus je me pique, et plus je suis rétif,
J'aime être libre, et veux être captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.

Un Prométhée en passions je suis ;
Et, pour aimer perdant toute puissance,
Ne pouvant rien, je fais ce que je puis.

Vocabulaire:

• Or et ores: tantôt
• Rien ne me chaut: rien ne m’importe
• Délace: délie
• Relie: renoue
• Cœur me défaut:le courage me manque
• Et si: et pourtant
• Rétif: désobéissant
• Prométhée en passions: pour avoir volé le feu aux Dieux, Prométhée fut condamnée à avoir le foie éternellement dévoré par un aigle
• captif: prisonnier

Premier quatrain : les rimes suivent l’ordre ABBA (marchello)

• Dans tout le poème : les hémistiches sont respectées par une césure au milieu d’un vers  6//4
• Vers 1 : on trouve deux propositions juxtaposées par une virgule.
• Le poète emploie le pronom personnel « Je » première personne du singulier pour faire référence à lui-même. Ronsard exprime ses sentiments qui le troublent.
• Dans le premier hémistiche, on retrouve « espère et crains » 2 verbes reliés par  la conjonction de coordination «et» qui relève deux antithèses opposées qui soulignent l’état mental  l'espérance et la crainte.
• Dans les vers 1 et 4, l’emploie du (e) muet à la fin de vers devant une voyelle.
• Vers 2 : or et ores sont des homophones  qui sonnent de la même façon L’opposition entre 2 états physiques contradictoires «  feu et glace »  froid et chaud :« être glace »/« feu chaud » le poète est tantôt enflammé, tantôt glacé par son amour.
• Deuxième hémistiche du vers 4  le déterminant personnel « me » redouble.  Le poète est lui-même la cible. Aussi, il y a une opposition des sentiments,  le poète est à la fois avec et contre le sentiment amoureux.
• Vers 4 « délace » rime avec «glace» cherche à ralentir le rythme de la passion.
•  Vers 4 « Relie » rime avec « supplie » au  vers 1.

Il se délie et se  renoue, il lutte contre ses sentiments  le bonheur et  la souffrance d’aimer.

Deuxième quatrain : Les rimes suivent l’ordre BAAB  (richard)

2ème quatrain : reprend le rythme du 1er quatrain. Les propositions sont juxtaposées et coordonnées.

• Le vers 5 commence par « Rien» qui montre la négation nul ne lui plaît. Les deux hémistiches sont reliés par la conjonction  « sinon »   « sinon ce qui m’ennuie » qui montre que l’Amour le fait souffrir mais il prend du plaisir.        

• Vers 5 l’emploi d’une figure de style l’antithèse qui relève une opposition « plaire/ennui ». Il a perdu tous repères à cause de l’amour qu’il ressent.

• Vers 6 ,7et 8 la première personne «je»  qui présente le poète comme un être en proie  aux sentiments amoureux qui apprécie la souffrance.  

• Vers 6 le mot « Vaillant » doué de grandes qualités mais aussi  est capable de souffrir.
• Vers 7 opposition entre 2 états d’âmes contradictoires «espoir bas » / « courage haut » ces  2 états  soulignent la souffrance.

• Vers 8 : « Je dompte Amour et si je le défie » le poète redoute l’amour et pourtant il le défie qui souligne l’opposition entre le bonheur et la souffrance.

1er Tercet (marchello)

• Vers 9 : « plus je me pique » « plus je suis rétif » :l’anaphore  « plus je » au début du vers montre un effet de renforcement car il redouble,  le poète  est esclave de son propre amour.

• Vers 10 : l’emploi de la figure de style l’antithèse exprime une opposition  entre « libre » et « captif » il veut exprimer ses sentiments librement mais il est prisonnier à la fois et n’arrive pas faire ressortir ses sentiments. le poète emploie l’adjectif « captif»  qui signifie prisonnier, il est impuissant face à son amour.
• Vers 11 : l’emploi de la figure de style l’antithèse qui exprime l’opposition: vie/mort: «cent fois je meurs et cent fois je prends naissance». On trouve l’anaphore, répétition du mot «cent fois» qui renforce l’intensité des sentiments.

 2nd Tercet  (richard)

• Vers 12 : « Un Prométhée » fait ressortir une image de l’antiquité au mythe de Prométhée. Le terme «Prométhée» est une personnification de l’émotion de l’amour à une déesse. ici le poète compare son sentiment amoureux à un sentiment inépuisable, à l’image  de Prométhée qui a subi une torture des oiseaux qui  venaient la dévorer et elle ne cessait de renaitre.

Le symbole de la renaissance, la déesse qui ne meurt jamais. Son amour pour sa bien-aimée ne meurt jamais. Son amour est éternel.

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