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Incipit, L'étranger, Albert Camus

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Par   •  14 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 812 Mots (8 Pages)  •  3 446 Vues

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CORRECTION DE L’INCIPIT DE L’ETRANGER DE CAMUS

Ce texte est le début du roman d’Albert Camus, L’Étranger, paru en 1942, il s'agit d'un des romans les plus emblématiques de la littérature française du XXe siècle. Thème Au sein de cette œuvre, deux thèmes principaux sont abordés : la révolte et l’absurde. L’Étranger, met en scène un narrateur, Meursault, qui fait le récit de sa vie. Cet extrait correspond au début de l'œuvre : Meursault relate la nouvelle de la mort de sa mère et les préparatifs de son départ pour la veillée funèbre et l'enterrement. Nous pouvons donc nous demander en quoi cet incipit est déroutant et original puisqu'il semble défier les codes de l'incipit romanesque traditionnel. Nous verrons d'abord en quoi cet incipit nous propose une entrée en matière abrupte et déconcertante pour le lecteur puis nous analyserons la complexité de la personnalité de Meursault qui semble être un personnage difficile à cerner, entre indifférence et sensibilité.

Une entrée en matière abrupte c’est-à-dire une entrée in medias res (dans le vif du sujet) est proposée au lecteur dès la lecture des premières pages de L’Etranger de Camus.

Dans un incipit, on pense à ce qui est montré, mais aussi à ce qui est absent. Les lieux sont brièvement mentionnés : on doit déduire que le narrateur vit à Alger, puisque la distance est estimée par rapport à cette ville : il s’agit de l’Algérie française, le lecteur est plongé dans le contexte de la colonisation : Meursault est un français en Algérie. Le temps ne fait pas mention de mais d’un « autobus », Xxème. Les repères temporels sont brouillés, le narrateur lui-même ne sait pas, se corrige (« ou peut-être hier, je ne sais pas »). On constate que la mort s’insère avec rapidité dans le quotidien : « deux jours de congé » demandés au patron. La nécessité d’insérer le temps de la mort dans celui du quotidien, (et encore, avec efforts) est soulignée par les réflexions intérieures de Meursault.

Une écriture et un enchaînement des événements déroutants au service d’informations lacunaires sont présentés par le biais de phrases brèves. Au début du texte, on remarque des phrases courtes, des événements qui se suivent sans lien logique. (absence de connecteurs de liaison). On n’en trouve que quelques-uns « mais », « ainsi », « en somme » => pas de lien logique dans le développement du récit. L’enchaînement rapide des événements amène le lecteur à observer une absence d’amplification romanesque. : Télégramme au travail – restaurant – bus – entretien avec le directeur de l’asile. Dans un enchaînement aussi rapide, sans connecteurs, tout a la même importance : la date de la mort de la mère comme la cravate noire d’Emmanuel. Aucune hiérarchie, abstraction de l’échelle de priorité / importance.

Nous découvrons l’aspect factuel d’une écriture au fil de l’action : on ne remet pas en cause ces phrases à construction simple (Sujet-Verbe-Complément) qui semblent décrire la réalité au moment où elle arrive, apparence de discours oral vrai. Cf le discours rempli d’auto-corrections qui tend à montrer le souci du vrai : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier. Je ne sais pas. » La volonté de présenter un incipit romanesque est explicitée grâce à la rupture avec les codes traditionnels du roman. En effet, la focalisation interne présente les réflexions personnelles de Meursault :« je » et référence à une situation d’énonciation (« aujourd’hui », « hier »...). Le lecteur a directement accès aux pensées de Meursault si bien que le narrateur et le personnage se confondent. Le lecteur ne peut qu’observer l’objectivité du récit marquée par l’absence de description. On ne peut que déduire le nom du perso principal (Mme Meursault). Il n’existe pas de portrait physique ou moral des personnages : seulement une fonction (« maman », « le patron ») ou des prénoms (Céleste, Emmanuel, mais que sait-on vraiment d’eux ? Emmanuel a pour raison de présence sa cravate, Céleste son statut d’habitude. Seul le directeur de l’asile a droit à un semblant de description « C’était un petit vieux », « il m’a regardé de ses yeux clairs » mais minimum, « petit vieux » renvoie à n’importe quelle personne âgée, ne donne aucune indication supplémentaire. Même chose pour « yeux clairs », rien de précis. Ce sont donc les actions qui prennent de l’importance ainsi que leur enchaînement. On présente des actions mais sans le sentiment qu’elles suscitent. « J’ai dit « oui » pour ne plus avoir à parler ». Mais pourquoi ne pas parler ? Le lecteur doit fournir sa propre interprétation.

Cet incipit est en rupture avec codes romanesques traditionnels puisqu’il tend à présenter le récit comme un journal dans lequel narration et histoire se rejoignent. Mais si l’incipit frappe le lecteur c'est que le narrateur-personnage qu'il introduit est aussi déroutant et complexe psychologiquement.

Meursault est à la fois un personnage étrange et complexe puisqu’il semble être indifférent au décès de sa propre mère.

« Aujourd’hui maman est morte » révèle au premier abord la souffrance humaine et universelle saisissante : la mort de la mère. Mais cette tragédie est contrebalancée par la seconde phrase : « ou peut-être hier ». Elle semble donc banalisée. Il semble que la préoccupation de Meursault soit plutôt le jour du décès que le décès. On ne constate pas l’expression des

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