Huître de Francis Ponge
Fiche : Huître de Francis Ponge. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar anel.16 • 12 Février 2021 • Fiche • 1 522 Mots (7 Pages) • 746 Vues
phrase 1 :
¬- Le poème commence par une phrase affrimative en apparence assez banale. Le poète décrit l’huître en en faisant tout de suite le sujet de la phrase. Sa description se veut générale, comme le montrent
. le déterminant défini à valeur généralisante (“l’huître” et non pas “une huître” en particulier)
. le verbe être qui sert à introduire les caractéristiques de l’huître
. le présent de vérité générale
- Cette approche descriptive fait moins penser à un poème au premier abord qu’à une description objective. Le texte fait penser à une “leçon de choses” sur l’huître.
- Ponge s’intéresse en effet à l’apparence extérieure : taille (“grosseur”), surface (“rugueuse”), “couleur”. Il compare cette apparence à celle d’un galet (“plus rugueuse”, “moins unie”), ce qui souligne l’aspect minéral du coquillage.
- Cela dit, on peut noter plusieurs allitérations qui relèvent plutôt de l’écriture poétique :
. allitération en [r] (huître, grosseur, apparence, rugueuse, couleur, brillamment, blanchâtre) qui fait résonner dans toute la phrase le [r] de l’huître
. allitération en [g] (grosseur, galet, rugueuse) qui fait résonner cette fois le [g] du galet auquel l’huître est comparée
- L’oxymore finale “brillamment blanchâtre” (le suffixe –âtre est péjoratif et fait référence à un blanc imparfait – donc peu susceptible de briller) est révélatrice d’un trait fondamental de l’huître, qu’on retrouvera dans la suite du texte : le coquillage est ambivalent, à la fois beau (conotation positive de “brillamment”) et laid (connotation négative de “blanchâtre”)
> La prose poétique, à mi-chemin la prose banale et le vers poétique, est donc à l’image de l’objet qu’elle décrit : à la fois banale et belle.
Interprétation possible : ce discours sur l’huître n’est-il pas, au delà d’une simple description de l’huître, une description de la prose poétique elle-même ? Autrement dit, l’huître n’est-elle pas une mise en abyme du poème ? En parlant de l’huître, Ponge ne nous parle-t-il pas de la poésie ?
phrase 2 :
- L’huître devient “un monde”. La métaphore grossit l’objet (le petit devient gigantesque), car l’observateur se rapproche de l'objet.
- L’adverbe “opiniâtrement” implique aussi une personnification de l’objet. Quelqu’un d’opiniâtre est qq doté d’une volonté tenace. L’huître ne veut pas s’ouvrir.
- L’adjectif “clos”, en fin de phrase, clot justement la phrase brusquement : la phrase est courte, par opposition à la précédente, plus longue. Ponge fait coincider parfaitement le fond de la phrase et sa forme. Là encore, on note un travail formel caractéristique du travail poétique.
- Le rapprochement que nous avons fait entre l’huître et la poésie se confirme : le poème, comme l’huître, est bien un monde clos, car fermé à la compréhension. L’interprétation du poème résiste à la première lecture.
- Revenons à l’adverbe : il ressemble à “blanchâtre” par ses sonorités et, graphiquement, par les lettres “âtre”. Or, on retrouve aussi quasiment toutes ces lettres dans l’ “huître”. Il semble donc que le mot “huître”, présent initialement, ait comme contaminé les autres mots. Cette contamination des mots entre eux est encore caractéristique du travail poétique. Pour Ponge, le signifiant compte autant que le signifié dans le choix des mots.
- Enfin, notons que l’accent circonflexe dans tous ces mots fait penser à une coquille d’huître ouverte en 2.
Le signifiant graphique du mot prend du sens, comme dans les Idéogrammes occidentaux de Claudel (qui s’amuse par exemple à voir dans le mot “locomotive” une cheminée et des roues)
phrase 3 :
- la leçon de chose continue : on manipule l’objet, on cherche à l’ouvrir, et Ponge nous donne le mode d’emploi.
- Le pronom personnel indéfini “on” contribue à objectiver le discours, puisqu’il généralise le propos en renvoyant à n’importe qui.
- là encore, le rythme de la phrase coïncide avec ce qu’elle énonce. Les deux points ouvrent la phrase sur une nouvelle proposition. La juxtaposition des verbes à l’infinitif épouse le rythme des différentes tentatives pour ouvrir l’huître.
- Enfin, comme pour l’huître, il faut relire plusieurs fois un poème pour le comprendre, “ouvrir” son sens…
phrase 4 : “Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier.”
- Ponge continue à décrire le travail d’ouverture de l’huître. Le rythme reste heurté, comme ce travail.
- on retrouve un travail poétique sur les sonorités : allitérations en [s], sonorité glissante comme le couteau qui peine à s’enfoncer
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