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Gargantua, les thélémites

Commentaire de texte : Gargantua, les thélémites. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  1 355 Mots (6 Pages)  •  427 Vues

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Français

En 1532, en découvrant Les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme Gargantua, Rabelais a entrepris d’en écrire la suite et c’est là qu’a débuté sa carrière d’écrivain. « Comment était réglée la manière de vivre des Thélémites » est un extrait du chapitre 57 de Gargantua écrit par Rabelais. C’est un roman de fiction qui fait parti du registre comique de part l’emploi du vocabulaire et du registre didactique puisque derrière cet humour, il veut faire passer un message. Il se situe après les guerres picrocholines, déclenchées par Picrochole et remportées par Gargantua. Gargantua récompense Frère Jean en lui offrant l’abbaye de Thélème. Dans ce passage, est présenté en détail la vie des Thélémites, libres, unis et cultivés avec comme seule règle, une devise : « Fais ce que voudras ». Cette abbaye est une utopie. Rabelais est un moine humaniste et médecin de la Renaissance, appartenant au mouvement littéraire de l’humanisme. A travers cette œuvre, Rabelais cherche à nous faire rire tout en nous inculquant des valeurs essentielles qui sont l’éducation, la religion et la guerre. Comment Rabelais, au moyen d’une utopie religieuse, critique-t-il la religion et fait-il œuvre d’humanisme ? Tout d’abord, nous verrons la règle de vie à Thélème : la liberté comme référence absolue. Puis, nous montrerons les activités des Thélémites et enfin, la sortie de Thélème.

     Pour commencer, la première phrase illustre à elle seule le mode de vie des Thélémites : elle insiste sur le fait que leur vie ne dépend ni des règles, ni d’une position d’une personne mais bien de la liberté et du désir de chacun. Ils sont libres, ils n’ont aucun horaire à respecter : « Ils se levaient quand bon leur semblait » (l.2), « dormaient quand l’envie leur en venait » (l.3). C’est une utopie, chacun à la possibilité d’agir, nous sommes dans un système idiorythmique. Ils ont le droit d’organiser leur journée comme ils le souhaitent En effet, le champ lexical de la liberté est omniprésent dans cet extrait : libre (l.2), librement (l.8), libérer (l.9), liberté (l.11). Avec l’emploi de l’imparfait d’habitude, les actions sont répétées et ont une durée illimitée. Ils ont donc une liberté totale et illimitée. L’emploi de la forme négative « Nul ne les » est une anaphore pour montrer que personne ne contraint les Thélémites. « Ainsi l’avait voulu Gargantua » (l.4) véhicule le fait que Gargantua veut partager l’éducation que lui a instruit Ponocrates, elle lui a permis de passer d’un enfant dépourvu d’hygiène et éduqué comme un animal puis à un adolescent avec une éducation désorganisée avec des connaissances apprises par cœur et enfin à un adulte avec une éducation humaniste, organisée avec une bonne hygiène. Gargantua est en quelque sorte redevable et il lui rend honneur en créant cette abbaye. Ces derniers ne sont soumis qu’à une seule règle : « Fais ce que voudras », mise en valeur par l’écriture italique et l’emploi de l’impératif. Rabelais fait un jeu de mot avec cette devise « Fesses que voudras », preuve qu’il tourne tout à la rigolade, même les choses les plus sérieuses. Dans la ligne 5, est présente une énumération de qualités qu’ont les Thélémites : « gens libres » qui est garantie par le gouvernement, « bien instruits » qui est propre à l’éducation de chacun et « bien nés/ honnêtes » qui ressort du vice de la nature. Ils sont tous égaux avec les mêmes valeurs. L’opposition entre « vertueuse » (l.7) et « vice » (l.7) signifie que c’est grâce à cette vertu qu’ils ne se laissent pas asservir par le vice. Le présent de vérité générale permet d’exprimer un fait qui ne peut pas être contredit, ici il montre que ces qualités sont éternelles et combatives. L’homme est soumis aux contraintes de la nature : « sujétion » (l.8), « abaisse » (l.8), « asservit » (l.8), « joug de la servitude » (l.9). Selon Rabelais, l’homme, s’il avait un choix à faire, opterait pour le bien même si les contraintes le pousseraient au vice.

      Ensuite, « louable esprit d’émulation » (l.11) montre qu’ils poussent à se surpasser dans l’acquisition de compétences, de connaissances dans diverses activités, sans cesse à la recherche de la perfection. « tous redoublaient d’efforts pour faire ce qu’ils voyaient plaire à un seul » souligne le fait que l’abbaye a des limites, les Thélémites sont obligés de se soumettre au désir de chacun, si l’un a une envie tous doivent la suivre. Ils ne sont donc pas si libres que annoncés auparavant. Les activités sont placées sous le signe du plaisir comme le montre les verbes « plaire » (l.12), « buvaient » (l.12), « jouaient » (l.13), « amuser » (l.13) et de l’esthétisme, à travers les mots « plaire » (l .12) « beaux chevaux » (l.14), « élégants palefrois » (l.14-15), « joliment ganté » (l.15). La beauté physique est importante puisque c’est l’un des seuls critères pour accéder à Thélème, elle passe au-dessus de la beauté morale. L’emploi des mots « tous » (l.13) et « on » (l.12-13) montre qu’il y a une égalité absolue entre les hommes et les femmes sans distinction de condition ou de sexe. Les hommes chassent avec des oiseaux de proie lourds tandis que les femmes ont les plus légers. Il y a donc un problème d’égalité homme femme au sein de cette abbaye. L’éducation leur donne un niveau intellectuel élevé puisqu’ils maitrisent plusieurs activités : « lire, écrire, chanter, jouer d’harmonieux instruments, parler cinq ou six langues » (l.17-18). A travers cette gradation, on a l’impression que chaque compétence parait supérieure à la précédente. Rabelais insiste sur la bonne éducation des Thélémites, ce sont des humanistes. On comprend également la beauté morale est tout autant important que le physique. « Jamais on ne vit » répété 2 fois, est une anaphore qui permet de souligner le fait qu’ils sont uniques, elle renforce le sentiment de perfection. Encore une fois, il y a une inégalité homme femme : les hommes sont sur le terrain « chevalier aussi preux » (l.19), « adroits à pied comme à cheval » (l.19), « habiles à toutes sortes d’armes » (l.20) et les femmes à la maison « adroites aux travaux d’aiguilles » (l.21). Dans cette seconde partie, on apprend que cette communauté n’est pas si libre qu’elle prétendait dans la première partie. En effet, ils sont tributaires les uns des autres et ne sont pas égaux puisqu’il y a des différences d’activités et de répartition du poids des oiseaux. Rabelais critique donc cette abbaye, qui à première vue peut paraitre parfaite mais lorsque l’on creuse, on découvre ses défauts. Il suffit que l’un se mette contre les autres et ce système de totale liberté sans règle ni loi soit détruit. C’est pourquoi Rabelais insiste sur l’importance de l’éducation qui est la seule condition pour que cette communauté ait une liberté absolue.

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