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Fiche incipit de la Condition humaine d'André Malraux

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Par   •  22 Mai 2017  •  Fiche  •  1 150 Mots (5 Pages)  •  1 691 Vues

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La Condition humaine, Incipit

Paru en 1933, la Condition Humaine fait rapidement l’unanimité parmi les critiques et le public : le roman permettra à André Malraux de gagner le prix Goncourt. Situé dans un contexte contemporain, 1927, mais sur un autre continent, le roman raconte comment un groupe de communiste prépare l’insurrection de Shangaï dans la Chine de Tchang Kaï-Check. Tchen, jeune révolutionnaire, ouvre le récit : il s’apprête à tuer un trafiquant d’arme afin de pouvoir récupérer un ordre de vente qui permettra à ses camarades d’obtenir des armes-mais le lecteur de détient pas encore le motif de son acte.

En quoi ce début de roman historique est-il original ?/ En quoi cet incipit est-il brutal ?/ Quelles sont les fonctions de cet incipit ?/ Quelle image du protagoniste Malraux propose-t-il dans cet incipit ? /Comment Malraux met-il en valeur le drame intérieur du protagoniste ?

  1. Un incipit original

Un début in media res, le lecteur est témoin d’une scène déjà commencée.

-Un moment décisif

-Lecteur plongé dans l’intériorité du perso

-Récit vu à travers les yeux de Tchen, ce qui limite les informations : on voit ce qu’il veut voir

2 questions initiales,

Verbes d’action

Discours indirect libre

point de vue interne

« Tchen tenterait-il de soulever la moustiquaire ? », « Frapperait-il au travers ? »

Lever/ frapper

« le tas de mousseline » le fascine, fixation sur les « pieds »

Des informations parcimonieuses

-Débute par une indication temporelle extrêmement précise VS, à la suite peu d’informations

-On ne connaît que le nom du perso

 Et sa future victime

-On déduit quelques infos du lieu

Des groupes nominaux

« 21 mars 1927. Minuit et demi »

« Tchen », consonance asiatique

« un corps moins visible qu’une ombre », « cet homme »

« moustiquaire », pays chaud/ « lit », une chambre/ « le building voisin », « quatre ou cinq klaxons », « l’embarras de voitures », une grande ville

Malgré un récit historique, les références politiques sont rares et tardives. « Que les ouvriers imbéciles vinssent fabriquer les armes destinée à tuer ceux qui combattaient pour eux ! » « dictateur militaire » « l’insurrection imminente » « troupes révolutionnaires » « « désarmer la police pour armer leurs troupes »

  1. Un incipit intense

Un jeu de contrastes, tension par l’opposition des contraires

-Lumière VS obscurité, Tchen est fasciné par les tâches de lumières

-Intérieur VS extérieur

Pièce dans le noir

Intérieur calme, silencieux, immobile

« la seule lumière venait du building voisin », le corps est « moins visible qu’une ombre »

L’homme dort, »incliné par le sommeil », « stupéfait du silence qui commençait à l’entourer »VS « embarras des voitures »

Symboliquement, les contrastes entre le monde des vivants « le monde des hommes », pensée de Tchen, et des morts, le meurtre que s’apprête à commettre Tchen. Aussi, ce contraste souligne l’acte cruel qu’il va commettre.

Une atmosphère angoissante, confinement dans l’espace, nuit= enfermement angoissant

-Scène violente

-Il doit se confronter à ses actes

-Bruits décroissants= enfermement

Métaphore de la prison

Champs lexical de la violence  et sang /mort

« des barreaux » qui forment des ombres sur le lit

« tuer/ assassiner/ poignard… » « sang/ mort/ tuer

« comme si la nuit n’eût pas suffi à cacher ses gestes »

« vague de vacarme » puis silence

Tchen est définitivement renfermé sur lui-même. Dans la chambre il n’y a que lui et le pied « rien n’existait que ce pied »= imminence de son acte

Temps suspendu, qui intensifie l’angoisse

-Détermination de Tchen VS temps infini

-Date précise VS impression de ralenti

C-haque actions sont décomposées= étirement du temps

Suspens +++

Imparfait descriptifs

« il savait qu’il le tuerait »

« tordait/ connaissait/ était/ venait »

« Il le fit passer dans sa main droite, la gauche retombant sur la laine de son chandail et y restant collée… Il éleva légèrement le bras droit »

Gros plan sur certains détails (le pied)  

Récit de dix minutes VS 6 pages

Participe à l’étirement du temps ; même l’action finale est ralentie, après un moment de paralysie, il ne déclenche rien « mais non, il ne se passait rien »

Rythme lent à travers une scène, discours narratif décrivant un moment particulier de manière développée. Imparfait : développement circonstanciel, passé simple, action

Plus loin que de simplement décrire, Malraux ce concentre sur les émotions du personnage et les données spaciales mais de manière expressionniste ; On retrouve presque l’incipit d’un roman policier ou fantastique, ce qui donne un récit captivant.

  1. Un drame intérieur

Focalisation interne, monologue intérieur, le lecteur est sensible au doute 

-Hésitation de Tchen face à des problèmes concrets

-Angoissé et fébrile : sa pensée défile vite

=Malgré le champ lexical de la violence, cette focalisation nous rend proche de T, perso sympathique

Phrases interrogatives

Syntaxe heurtée

Ellipses

« mais comment retirer le poignard ? »

Phrases de longueur variable, parfois séparées par des points virgule

« 4 ou 5 klaxons grincèrent à la fois. Découverts ? Combattre, combattre des ennemis qui se défendent, des ennemis éveillés »

Des sentiments contradictoires, débat intérieur

-D’abord fermement décidé, acte réfléchi

-Tente de se concentrer sur le fait que la mort est nécessaire à la révolution

VS sentiment contrebalancé par l’horreur

Car la victime est vivante et dort

Acte lâche car la victime dort

Impératif

Aphorisme  

« il connaissait sa propre fermeté », « il savait qu’il le tuerait »

« cet homme devait mourir » « cet homme qu’il devait frapper »

« Il se répétait que cet homme devait mourir »

« jusqu’à la nausée », « le poignard lui répugnait moins » 

« le pied incliné par le sommeil, vivant quand même », la lumière « en accentue le volume et la vie

« Assassiner n’est pas seulement tuer.. »

Acte symbolique, évolution dans ses pensées

Tchen a conscience de ses actes  et a donc du mal à assumer

-Mais cet  acte est un baptême révolutionnaire = déchirement intérieur, on apprend plus tard qu’il  a été élevé chrétien= péché

Voc religieux

« un corps », « ce pied », « de la chair d’homme », « cet homme »

« mais non, il ne se passait rien : c’était toujours à lui d’agir »

« sacrificateur », « «aux dieux qu’il avait choisis », « son sacrifice »

En qualifiant la révolution de nouveaux « dieux », il sacralise la révolution (justifie le meurtre) Mais, il se sacrifie lui-même (renonce au paradis)

Malraux joue sur le mélange des émotions ressenties par son héro face à un acte irrévocable pour plonger brutalement le lecteur dans le récit. Dans cet incipit, se pose la question de la valeur de la vie humaine à travers les hésitations de Tchen à concrétiser son geste, même s’il est convaincu de la nécessité de son acte au nom de la révolution.

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