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Esope et Phedre, Le Loup et l'Agneau

Fiche : Esope et Phedre, Le Loup et l'Agneau. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Août 2018  •  Fiche  •  1 745 Mots (7 Pages)  •  1 802 Vues

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ESOPE/ PHEDRE/ LA FONTAINE : Le loup et l’agneau

CADRE ET PERSONNAGES

LE CADRE

Le cadre est peu décrit chez Esope et Phèdre : le loup et l’agneau se trouvent près d’une rivière, rien de plus. Aucune indication n’est donnée sur l’état de l’eau, ni sur ce qui l’entoure. Par contre chez La Fontaine, c’est « une onde pure », l’état de l’eau est révélateur : il caractérise l’agneau, avec la douceur de l’âge et la clarté de sa laine. Tout comme l’onde, il est pur. L’eau est symbole de vie : La Fontaine commence sa fable par « dans le courant d’une onde pure » et termine dans un lieu clos, fermé, sombre, « au fond des forêts », associé à la mort. Chaque élément est donc associé symboliquement à un animal.

LES PERSONNAGES

Les trois fabulistes annoncent dès le titre la supériorité du loup sur l’agneau en le mettant en première position. Sa place dans l’espace suggère également sa supériorité. La Fontaine a choisi de faire apparaître l’agneau en premier pour montrer le contraste entre une situation initiale idyllique et une fin tragique.

 Le contraste est renforcé par l’image populaire de ces deux animaux : Le loup, de couleur noire, représente la force, la violence, le mal et l’agneau de couleur blanche, la douceur, l’innocence et le bien. Les fabulistes donnent une valeur intemporelle à la fable.

INTENTIONS

La Fontaine a conservé les mauvaises intentions du loup de la fable d’Esope : il veut dévorer l’agneau. Celui-ci est déjà là près de la rivière en train de boire. De même dans la fable de La Fontaine, l’agneau se trouve dérangé par un loup « que la faim attirait en ces lieux » : l’intention est claire. Esope et La Fontaine présentent donc le loup avec une intention meurtrière. Par contre dans la fable de Phèdre, les deux animaux arrivent en même temps et se dirigent vers la source. Aucune intention malsaine au départ, c’est seulement dans un deuxième temps que la nature meurtrière du loup apparaît.

LE POUVOIR

EVOLUTION DE LA PRISE DE PAROLE

La parole est donnée au loup en premier, elle est menaçante et agressive.

Esope ne fait apparaître que deux discours directs attribués au loup où celui-ci accuse par deux fois l’agneau qui se défends bien mais ses réponses ne sont présentées qu’à travers un discours indirect et un résumé de parole. Le loup a donc la suprématie. Phèdre et La Fontaine choisissent le discours direct pour chaque prise de parole des personnages. Le discours direct rend l’histoire plus vivante et plus intense.

Le loup parle en premier chez les trois fabulistes signe de son audace et de sa supériorité et il parle également en dernier puisqu’il a le dernier mot.

Chez Esope et Phèdre, il y a deux actes d’accusation suivis chacun par une défense de l’agneau. Les textes sont courts. La Fontaine est également concis mais il ajoute un argument, ce qui provoque une intensité dans l’action puisque les propos plus nombreux s’enchaînent vers une issue inéluctable

LE POUVOIR DE LA PAROLE

Les arguments de l’agneau ont peu changé au fil des siècles mais quelques modifications sont quand même à noter et sont révélatrices.

Chez Esope l’agneau se défend maladroitement dans un premier temps puisqu’il ne conteste pas le fait de troubler l’eau, il précise simplement « qu’il ne buvait que du bout des lèvres » mais il se ressaisit vite et poursuit par un argument logique repris par les deux autres fabulistes. Lorsque le loup l’accuse une deuxième fois, la réponse de l’agneau est brève et concise : il n’était pas encore né. Ses réponses sont donc en accord avec son jeune âge : un peu maladroites, courtes et peu construites.

Phèdre, de son côté, supprime sa maladresse mais reprend les mêmes arguments. Il ajoute des précisions sur les réactions du jeune animal : il a peur puisqu’il tremble.

Chez La Fontaine, l’agneau reprend les mêmes arguments que dans la fable d’Esope : sa position et sa jeunesse. Il répond avec une grande politesse au loup (« Sire ; votre Majesté »). Son argumentation est bien construite : il s’adresse tout d’abord poliment au loup puis il donne la raison de sa présence (il n’est pas là pour l’offenser mais pour se désaltérer), il poursuit avec l’évocation de leur position vis-à-vis de l’eau qui coule et termine enfin avec la conclusion logique qui se déduit de tout cela.  A la seconde accusation du loup, l’agneau répond par une question suggérant sa surprise et parle de son jeune âge. Il se défend par trois fois mais ses réponses sont de plus en plus courtes, cela montre qu’il est affaibli, non pas par l’argumentation du loup, mais sans doute par sa force. Cela présage de sa disparition à la fin de la fable.

POUVOIR DE LA FORCE ET PARODIE JUDICIAIRE

Le loup ne maîtrise pas autant que l’agneau l’art de l’argumentation. Il se sert alors de sa force pour arriver à ses fins. Phèdre et La Fontaine ont repris le premier argument avancé dans la fable d’Esope : l’agneau trouble l’eau. Cet argument est un illogisme spatial, le loup fait un déni de la réalité.

Les autres propos du loup varient légèrement d’un auteur à l’autre. Esope fait du loup un justicier qui veut venger son père insulté il y a un an. Phèdre choisit de faire de lui l’outragé, la victime et de réduire le temps entre le fait et le jugement. La fontaine établit un rapport de vengeance directe puisque le loup accuse l’agneau d’avoir médit de lui comme dans la fable de Phèdre, mais l’an passé comme dans la fable d’Esope, dans celle de Phèdre c’était il y a six mois. Dans toutes les fables, l’agneau répond qu’il n’était pas encore né mais seul l’agneau de La Fontaine a le temps de se justifier à deux reprises : le loup rejette la faute sur le frère de l’agneau puis sur l’un des siens tout en tenant l’agneau responsable des propos de sa communauté. Il lui faut trouver un prétexte pour légitimer son agression.              Le loup est parfaitement conscient de la force de l’argumentation de l’agneau, c’est ce que l’on constate dans la dernière réplique de la fable d’Esope. Il ne veut pas parler, il veut agir, passer à l’action, c’est ce qu’il sait le mieux faire.

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