En quoi "à une passante" est-il une allégorie de la modernité?

Synthèse : en quoi « À une passante »

est-il une allégorie de la modernité ?

Dans son essai « le peintre de la vie moderne », Baudelaire va donner ses lettres de noblesse au mot « modernité ». Il va reprocher aux peintres de ne pas être réaliste en représentant des thèmes antiques et va lier la modernité à la mode, qui change tout le temps, mais mériterait de durer.

Dans le poème « à une passante », le poète apparaît dès le premier vers dans une situation inconfortable dans la rue, placée en tant que sujet, qui « hurle » autour de lui. C’est la laideur de cette époque dans laquelle il vit.

Puis apparaît la passante, désignée par le pronom impersonnel « une » femme, inconnue, mystérieuse.

L’utilisation du passé simple « passa » au vers 3, donne un aspect rapide, fugitif.

La passante est définie par des adjectifs mélioratifs « longue, mince, majestueuse, agile, noble », que nous pouvons rapprocher de la mode et de cette beauté mystérieuse que Baudelaire souhaite extraire du moment vécu.

La modernité est fugitive, comme cette passante « agile » (V.5), mais également comme cet « éclair » (V.9) du coup de foudre et cette « fugitive » beauté.

Au vers 10, le regard de la passante a fait soudainement renaître le poète par ce qu’il a de vivant, de valorisant pour celui qui est regardé. Puis au vers 11, Baudelaire, à travers le mot « éternité », exprime en quoi la modernité va s’inscrire dans l’éternité.

Avec l’utilisation du passé simple et de l’imparfait, mais également du présent puis du mot « éternité », nous ressentons dans ce poème l’importance du temps entre le présent, le passé et le futur : c’est là que la modernité s’inscrit. Elle est dans le présent mais elle s’inscrit dans l’histoire en restant dans le futur, pour l’ « éternité ».

Elle est imprévisible, comme ce coup de foudre du poète pour la passante.

En utilisant l’image d’une femme majestueuse qui passe devant lui, poète dans la douleur, Baudelaire nous décrit ici une image de la modernité.

Les modes passent, se renouvellent à chaque saison mais il revient à l’artiste d’apercevoir ce qu’il reste en nous de grand, de poétique et de le représenter, de l’immortaliser.

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