En avril 1830, Balzac déclare à propos d’« Hernani » : « Rien n’y est neuf ». Qu’en pensez-vous ?

Manon Davis                                                                        Mercredi 1er Avril 2020

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En avril 1830, Balzac déclare à propos d’« Hernani » : « Rien n’y est neuf ». Qu’en pensez-vous ?

        Hernani fut écrit en 1830 par le célèbre écrivain français Victor Hugo. Cette pièce applique les règles dictées dans la préface de Cromwell, concernant les principes du romantisme, qui rompent radicalement avec le théâtre classique. Ces nouvelles façons de faire offrent plus de liberté aux dramaturges, bouleversent certains et codes et coutumes de la littérature française. Cependant, Hugo reprendra certains aspects du théâtre classique. On étudiera le commentaire de  Balzac sur ce drame romantique écrit dans un article de presse comme quoi “rien n’y est neuf”. On se demandera alors dans quelle mesure peut-on donc nier les innovations présentes dans Hernani ? Nous verrons d’abord que Balzac ressent un manque de nouveauté car la pièce s’inscrit dans une certaine tradition. Ensuite, nous verrons que la pièce se distingue pourtant dans son genre novateur. Enfin, nous verrons que Hernani comprend des thèmes universels qui ne sont certes pas neufs mais l’auteur y met sa touche personnelle et arrive ainsi à créer une oeuvre qui est emblématique du romantisme, et qui s’étudiera à l’école des siècles après sa publication.

        Avec Hernani, Hugo reprend des thèmes et des manières d’écrire qui ne sont pas révolutionnaires. Premièrement, on a une structure assez classique de la tragédie, puisque la pièce se déroule en cinq actes durant lesquelles une progression classique se fait des évènements de l’histoire. Chaque acte a son rôle propre que l’on retrouve dans d’autres pièces tragique du théâtre du XVII siècle. Par exemple, l’acte premier a une fonction d’exposition, les personnages sont présentés, la situation actuelle, etc. Un découpage particulier se fait de l’histoire : on retrouve l’exposition, le noeud et le dénouement du type catastrophe dans les tragédies et le drame, avec la plupart du temps la mort de personnages principaux. Dans Hernani, Dona Sol et son amant meurent tragiquement.

La pièce n’est pas novatrice car elle lie également une intrigue politique et une intrigue amoureuse, que l’on découvre dès le début de l’acte I, ce qui est assez classique. L’intrigue amoureuse et principalement l’amour impossible entre les deux amants qui vivent un amour caché avant de pouvoir se trouver enfin à la fin de la pièce, mais finissent par mourir tragiquement. C’est une progression très classique. L’intrigue politique, quant à elle, concerne les relations hiérarchiques des personnages, dans une Espagne sous un régime de royauté. Cette intrigue trouve une fin heureuse puisque les personnages réussissent à se pardonner à la fin.

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Ensuite, nous retrouvons le scénario classique des hommes amoureux d’une seule femme, et s’affrontant par amour. C’est le cas de beaucoup d’autres histoires telles que La princesse de Montpensier, Roméo et Juliette ou encore Britannicus.  Dans Hernani, trois hommes se disputent Dona Sol, mais sont contraints par leurs positions sociales. Hernani est pauvre et un bandit qui à malgré ça l’amour de Dona Sol, mais est recherché et ne peut être heureux avec sa bien-aimée. Don Carlos, lui, ne peut aussi pas vivre son amour pleinement car il n’est pas réciproque, et sa position sociale l’en empêche. Enfin, Don Ruy Gomez, qui était destiné au début de l’histoire à épouser sa nièce qu’il a élevé se voit jouer des tours par ses rivaux et perd ainsi l’alliance possible qu’il aurait eu avec Dona Sol. Cette dernière, entre trois hommes qui réclament son amour, n’a d’yeux que pour son premier amour qu’elle suivra jusqu’au bout.

Aussi, la pièce n’est pas nouvelle dans la littérature car Hugo s’est inspiré d’autres pièces connues telles que Le Cid de Corneille ou bien de l’oeuvre de Shakespeare. On retrouve notamment dans Hernani le fameux dilemme cornélien, entre l’amour et l’honneur. Comme l’a fait Rodrigue chez Corneille, Hernani choisit l’amour plutôt que l’honneur, que l’on verra notamment dans sa réplique : « La vie et Doña Sol ! — Non ! je tiens ma vengeance ! ». Cette réplique courte et exclamative prouve la douleur qu’il ressent dans son choix difficile. La mort des deux amants à la fin de la pièce de Victor Hug et la mise en scène de l'agonie rappelle les mises en scène baroques, et notamment celle de Roméo et Juliette.        

Enfin, si cette pièce n’et pas classique pour Balzac, c’est aussi  parce-que la pièce a une part de comique qui plaisait au public de l’époque. Le comique de cette pièce est réservée au  mélodrame, ou au théâtre de boulevard, genres extrêmement populaires en cette première moitié du XIXe siècle. On retrouve dans ces genres des duels, cachettes secrètes, coups de théâtre… qui font bien rire le public. Malgré le drame de l’histoire, Hugo a ajouter des touches comiques tout au long de l’histoire. Par exemple, dès la scène 1, Don Carlos se réfugie dans un placard et assiste à la scène entres les deux amoureux avant de bondir hors du placard de manière très comique. On peut aussi donner en exemple l’apparition d’Hernani déguisé en mendiant qui relève de la comédie. SI ces genres comiques sont très populaires à l’époque, il est néanmoins bon de relever le fait que ce n’est pas classique de mélanger comédie et tragédie, et que Hugo diffère ainsi des pièces tragiques bien connues.        .

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