Doit-on considérer Dom Juan comme une comédie, comme son auteur, Molière, l'avait affichée ? Ou comme une tragédie ?

[ ACCROCHE ] « Dites-moi, Messieurs, qu'est-ce qui se passe dans les comédies ? On y joue un valet fourbe, un bourgeois avare, un marquis extravagant, et tout ce qu'il y a au monde de plus digne de risée » explique François Mauriac dans sa biographie La Vie de Jean Racine en 1928. La comédie met en scène des personnages de condition moyenne ou basse dans un cadre quotidien et dont le dénouement toujours heureux, se solde souvent par un mariage. Son propos est de faire rire le public par le comique des situations, de l'intrigue, de la peinture des mœurs, du ridicule des caractères; son objectif est didactique : il s'agit de permettre la catharsis et de délivrer le public de ses vices et ridicules en en proposant un miroir grossissant via leur représentation satirique. [ SUJET ] Mais peut-on penser que le Dom Juan de Molière s'inscrit complètement dans cette définition ? La pièce est-elle une comédie ? Si tel est le cas, le libertinage de Dom Juan, a priori condamné par le dramaturge, serait le vecteur su rire et Dom Juan, l'objet de risée. Est-ce le cas ? De même, les notions de destin et de transcendance seraient exclues. Enfin, la fin devrait être heureuse. Or nous constatons l'inverse. Le statut générique de la pièce apparaît donc comme ambigu. [ PROBLEMATIQUE ] Doit-on donc considérer la pièce comme une comédie, comme son auteur, Molière, l'avait affichée ? Ou comme une tragédie ?

[ PLAN ] Nous verrons que si certains éléments inscrivent la pièce dans la lignée des comédies, d'autres laissent penser aussi qu'il pourrait s'agir d'une tragédie déguisée.

Dom Juan, dés l'origine, est une pièce inscrite par Molière dans le genre de la comédie. En effet, la pièce est peuplée de personnages de basses ou moyenne condition qui incarnent à tour de rôle l'hypocrisie, la naïveté, la couardise, la superstition. De plus,leur mise en scène s'accompagne souvent de comique de mots, de situation, voire de geste. Mais au-delà, la pièce joue son rôle cathartique en fustigeant certains vices, et particulièrement celui de l'hypocrisie.

Premièrement, Dom Juan, au cours de ses pérégrinations, est confronté à maints personnages: son fidèle valet, d'abord, Sganarelle, avec lequel il forme un couple antinomique et souvent cocasse; mais aussi des paysan, des bourgeois. Leur rencontre est l'occasion de moments savoureux qui déclenchent le rire. Ainsi, l'acte II se déroule entièrement chez des paysans, qui sont omniprésents et dont le patois suscite le rire ; ou également sa rencontre avec un bourgeois, M.Dimanche à l'acte IV, scène 3.

Deuxièmement, différent type de comiques sont mis en œuvres pour assurer le surgissement du rire du spectateur. On peut remarquer acte II, scène 4 un comique de situation. Dom Juan séduit simultanément deux paysannes, Charlotte et Mathurine. Il leur dit à l'une comme à l'autre qu'il n'a d'yeux que pour elle et que son adversaire raconte des futilités. On peut aussi trouver le comique de caractère au travers des personnages principaux : Dom Juan, séducteur endurcit qui le met régulièrement dans des situations embarrassantes, et Sganarelle, valet lâche et peureux, il apparaît à plusieurs reprises en ayant peur du Loup Garou ou encore d'aller attaquer les frères d'Elvire aux côtés de son maître.

Troisièmement, cette comédie répond à l'objectif du « castigat ridendo mores » (châtier les mœurs par la vertu du rire). En effet, elle propose la satire de certains défauts en forçant le trait, en les représentant de manière si caricaturale que leur mise en scène tout en faisant rire (parfois jaune) doit en dégoûter le public afin de l'en délivrer. Un des éléments qui le montre parfaitement se situe acte V, scène 2 : Dom Juan vient de se repentir devant son père et vient de lui annoncer son retour dans les normes de la société. Face à la joie de son valet Sganarelle, Dom Juan lui fait part aussitôt que ses propos tenu précédemment n'étaient

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