Dissertation parcours notre monde vient d'en découvrir un autre

Margaux Perona

DISSERTATION FRANÇAIS

Montaigne écrit dans son essai Des Coches que, pour se former, « il faut frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui ». A travers cette citation, Montaigne affirme donc que faire la connaissance des autres est important pour avoir la connaissance de soi. Mais en quoi les récits d’ailleurs et la rencontre de l’altérité peuvent permettre de s’interroger sur soi ? Nous verrons dans un premier temps que l’altérité permet de découvrir et d’exprimer nos différences, permettant ainsi de savoir qui nous sommes. Nous verrons ensuite que les récits d’ailleurs peuvent permettre de formuler une critique de notre société, ce qui permet une certaine remise en question.

Dire de l’autre, rencontrer des étrangers peut permettre de faire ressortir certaines différences entre nous et les individus étrangers.

En effet, plusieurs textes du nouveau monde font l’éloge de la société indienne. Dans Des Cannibales, Montaigne nous montre que la société indienne est une société fraternelle et égalitaire : « Ils s’entr’appellent généralement, ceux du même âge, frères ; enfants, ceux qui sont au-dessous ; et les vieillards sont pères à tous les autres. Ils font tout ensemble, ils dansent ensemble par exemple, c’est un peuple uni. Dans notre parcours « Notre monde vient d’en découvrir un autre », nous avons vu que Christophe Colomb avait découvert les Indiens d’Amérique. Celui-ci a dit : « La première richesse des Indes, ce sont les Indiens. » Cela montre que ce ne sont pas les ressources fournies par les terres indiennes et les Indiens qui dont la « richesse » mais les Indiens en tant que tels. On parle également des Amérindiens à travers le mythe du bon sauvage, qui est lié au mythe de l’âge d’or dans l’Antiquité. Ce mythe permet l’éloge de cette société en montrant que les Indiens vivent en parfaite harmonie avec la nature. Tous ces textes mettent en avant les qualités des Amérindiens.

Faire l’éloge et la description de cette société inconnue, permet par la suite de mettre en comparaison cette nouvelle société avec la nôtre, la société européenne. On voit ainsi les différences présentes entre les deux, et cela permet également d’en apprendre sur nous. Par exemple, les habitudes des indiens et celles des européens sont radicalement différentes. Dans Des Cannibales, les Indiens ont certaines coutumes propres à leur civilisation. Ils font preuve de cannibalisme après avoir vaincu leurs ennemis, ils sont polygames, … Dans leur peuple, cela est considéré comme normal. Mais en Europe, tout ceci n’est absolument pas toléré. On distingue donc de grandes différences de mœurs entre ces étrangers et les Européens.

Décrire différentes sociétés à travers des récits d’ailleurs permettent par la suite de faire une comparaison des civilisations étrangères avec la nôtre, et ainsi, montrer les différences qu’il existe. Montrer une civilisation à l’image parfaite face à une civilisation corrompue ne serait-il pas un moyen pour certains écrivains les travers de nôtre société et donc de nous faire nous remettre en question sur nous et notre manière d’être ?

En effet, certains auteurs utilisent les récits d’ailleurs ou la rencontre d’étrangers pour émettre une critique de notre société.

Plusieurs auteurs ont dénoncé leur propre système, sur le plan économique, social, ou politique. Nous pouvons citer Montaigne, qui dans Des Cannibales, fait le blâme des Européens et notamment la critique politique du système. A la fin de l’essai, trois Indiens sont à Rouen pour découvrir le mode de vie européen. Ceux-ci se demandent entre autres pourquoi l’homme à la tête de la France est-il si jeune et faible. Ceci fait références à Charles IX qui est un roi enfant. Cette pensée est avant tout celle de Montaigne. Il utilise un discours indirect pour rapporter les paroles de ces étrangers et donc émettre une critique de la société dans la quelle il vit. Nous pouvons également citer Montesquieu avec Lettres Persanes. Dans Lettres Persanes, Montesquieu met en scène deux Persans qui partent en voyage à Paris. Ces deux étrangers vont émettre un regard neuf sur la société française de l’époque en faisant ressortir l’absurdité et le grotesque de celle-ci. Ce texte émet la critique de l’absolutisme royal. Mais Montesquieu ne critique pas la monarchie en tant que telle, mais il critique la monarchie absolue de droit divin incarnée par Louis XIV. L’auteur va également faire la critique de la religion lorsque les Persans, qui sont musulmans, vont s’interroger sur quoi repose l’autorité du Pape. Et pour finir, Montesquieu fera aussi le blâme de la société en exprimant le fait que les Européens et surtout les français sont obnubilés par l’apparence et les faux-semblants. Leurs lettres sont en vérité une série de tableaux satiriques de la société.

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