Demain dès l'aube

Ce poème de Victor Hugo, auteur romantique du XIXe siècle s’intitule « Demain dès l’aube ». Il fait partie d’un recueil de poésie composé de six livres, Les Contemplations, rédigé pendant son exil à Guernesey et publié en 1856. Les Contemplations, est une sorte de recueil autobiographique en hommage a sa fille Léopoldine morte, noyée en 1843. Victor Hugo a été profondément marqué par cette douloureuse épreuve, il organisera alors son recueil en deux parties. La première est « Autrefois » (1830-1843), possédant les livres I à III, la seconde partie « Aujourd’hui » (1843-1856) recueille les livres IV à VI. Le poème « Demain dès l’aube » fait partie du live IV « Pauca meae » et donc d’« Aujourd’hui ». Composé de trois quatrains d’alexandrins en rimes croisées, ce poème évoque un voyage rythmé dans lequel Hugo rend visite à sa fille.

Dès la première strophe le poète pose d’emblée le cadre spatio temporel. Au vers 1 le mot « aube » est placé a l’hémistiche, cela donne un rythme au vers des le début. La symbolique de l’ « aube » est la blancheur, le commencement. Ce mot vient du latin « alba », blanc, ce qui renforce le verbe blanchir quelques mots après, le blanc une couleur pâle. Le rejet du vers 1 au vers 2 fait qu’on enchaine directement au deuxième vers, les pronoms « je » et « tu » apparaissent pour la première fois, ils introduisent un dialogue et la relation entre le poète et ce « tu » non-identifié, le tutoiement signale l’étroitesse de cette relation. C’est un dialogue avec l’être aimé. Le verbe « partirai » au futur de détermination souligne la volonté du poète de marcher, faire un voyage, cela créé un rythme très particulier de 4 syllabes, 2syllabes et 6 syllabes. De plus au vers 3 la progression dans l’espace continue, exprimée par une série de compléments de lieu soulignant le passage comme « par », cette préposition traduit l’idée qu’il traverse la nature. Le rythme est soutenu par l’anaphore de « J’irai par », qui marque l’insistance et créée un parallélisme de construction, une régularité. Puis au vers 4, comme un constat au présent qui dit la séparation et la douleur, balancement entre le « je » et le « toi ». Le poète insiste sur l’absence insupportable « Je ne puis demeurer loi de toi plus longtemps ». Ce dialogue entretenu rend son interlocuteur vivant.

Dans la deuxième strophe débute une mise en place d’une dynamique de traversée de la nature. Des verbes de mouvement viennent soutenir, dans la suite du poème, cet élan initial comme « Je marcherai » (v5). De plus il y a une anaphore du « je » qui commence a la fin de la 1ere strophe. Cette strophe marque une sorte de rupture : le poète est indifférent a la nature, au paysage ce qui est contraire aux règles de la poésie lyrique. Ce « retrait » montre bien que ce n’est pas une simple balade romantique traditionnelle. Il est absent à la nature qui l’entoure, entièrement tourné vers son monde intérieur. Dans cette strophe, l’accent est mis sur la négation des sensations auditives et visuelles, qui font apparaître un aveuglement symbolique : « les yeux fixés sur mes pensées » (v5), « Sans rien voir au dehors », « sans entendre aucun bruit » (v6). Lorsque le poète dit au vers 5 : « Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées » il y a une forme de solennité.

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