LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Cours les Les Fausses confidences

Cours : Cours les Les Fausses confidences. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Janvier 2023  •  Cours  •  1 969 Mots (8 Pages)  •  269 Vues

Page 1 sur 8

Les Fausses confidences

Analyse linéaire 2 : acte II, scène 13

C’est Dorante qui a sollicité cet entretien, se plaignant à la veuve de craindre pour son poste d’intendant, au motif de l’inimitié de Mme Argante et du Comte en particulier. Confiant, Dorante sait par Dubois que la veuve tient bon face à la pression familiale et qu’elle ne veut pas le renvoyer, mais il ne s’attend pas à ce que celle-ci rentre à ce point dans son jeu. Puisqu’il se dit inquiet de l’hostilité du comte, elle se propose de réconcilier les deux hommes, en faisant de Dorante l’entremetteur des amours de Dorimont. C’est selon cette logique qu’Araminte feint de raisonner. Araminte, avec un peu de perfidie et de ruse, fait mine de proposer la solution la plus rationnelle et réfléchie.

Texte

Procédés

interprétation

1er mouvement : Le stratagème d’Araminte : la fausse confidence

ARAMINTE. − (…) car toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte.

DORANTE, d’un ton ému. − Déterminée, Madame !

ARAMINTE. − Oui, tout à fait résolue. Le Comte croira que vous y avez contribué ; je le lui dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici ; je vous le promets. (À part.) Il change de couleur.

Lexique de la résolution

Futur simple

Abondance de la 1ère pers du sg

didascalie

Araminte met en place son stratagème. Sa volonté de faire avouer Dorante se manifeste à travers l’expression de sa détermination : lexique, futur simple et propositions brèves et juxtaposées

=> ton sec et injonctif qui n’accepte aucune objection et souligne le caractère irrévocable de sa décision.

Elle fait preuve également de cruauté vis-à-vis de Dorante puisqu’elle l’associe à l’écriture de la lettre qui, si elle est envoyée, lui ôtera tout espoir de conquérir Araminte.

=> ironie cruelle : “le comte croira que vous y avez contribué” : Dorante travaille à sa perte ! + insistance sur la situation de Dorante avec la répétition du pronom “vous”, objet des décisions d’Araminte.

Les didascalies renseignent le spectateur sur les véritables sentiments des personnages :

  • Dorante est ému, ce qui s’explique par le fait que Dubois ne l’a pas prévenu du projet d’Araminte, et il pense que c’est la réalité => reprise des mots d’Araminte montre son incapacité à réfléchir + “il change de couleur”

=> son attitude est particulièrement touchante pour le spectateur

  • Araminte “A part” : sensibilité de la jeune femme trahit ses sentiments pour le jeune homme.

 

DORANTE. − Quelle différence pour moi, Madame !

ARAMINTE, d’un air délibéré. − Il n’y en aura aucune, ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter ; il y a tout ce qu’il faut sur cette table.

Phrase exclamative

Impératif + didascalie

Malgré l’émotion non feinte de Dorante, Araminte poursuit la mise en place de son stratagème de façon implacable. Au cri de désespoir de Dorante qui cherche la compassion d’Araminte, elle fait semblant de ne pas comprendre ce qu’il veut dire. (joue sur l’implicite du nom “différence”: amour/emploi). Puis elle utilise son statut supérieur de maîtresse de maison pour balayer ses objections et lui donner des consignes qu’il est obligé de suivre.

=> usage de l’impératif, fonction du pronom “vous” (C d’objet)

=> déictique “cette” (“cette table”) : le guide par la parole mais aussi par le geste : Araminte, maîtresse du jeu

DORANTE. − Eh ! pour qui, Madame ?

ARAMINTE. − Pour le Comte qui est sorti d’ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement, par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom. (Dorante reste rêveur, et par distraction ne va point à la table.) Eh ! vous n’allez pas à la table : à quoi rêvez-vous ?

DORANTE, toujours distrait. − Oui, Madame.

ARAMINTE, à part, pendant qu’il se place. − Il ne sait ce qu’il fait. Voyons si cela continuera.

Ponctuation expressive

Importance des didascalies + didascalies internes

Champ lexical du rêve et de la distraction

Les réactions très expressives de Dorante révèlent que le stratagème d’Araminte est efficace. La question “Pour qui, Madame?” souligne son désarroi et son incompréhension (Dubois ne l’a pas averti du projet d’Araminte).

Face à lui, Araminte poursuit sans concession et avec une pointe de sadisme : “que je vais surprendre bien agréablement” : l’adverbe à connotation positive “agréablement” appuyé par l’adverbe d’intensité “bien” insiste sur le plaisir que sa lettre va procurer au comte.

+ “que vous allez lui écrire” : insistance ironique sur le rôle de Dorante dans ce mariage.

+ Araminte secoue Dorante par ses interrogations à valeur injonctive

=> met en scène et dirige Dorante.  

Les didascalies jouent un rôle essentiel : elles montrent le désarroi de Dorante, qui se doit de taire son amour pour Araminte mais qui peine à le cacher dans son comportement. Ainsi Dorante perd ses moyens “rêveur”, “par distraction”, “toujours distrait”.

+ réponse incohérente “oui, Madame”

Araminte, pas totalement certaine encore de ses propres sentiments, a besoin de savoir clairement ce qu’il en est de ceux de Dorante.

=> aparté : commentaire “en direct” sur l’efficacité de son stratagème au fur et à mesure qu’elle le déroule.

2ème mouvement : la rédaction de la lettre

DORANTE, cherche du papier. − Ah ! Dubois m’a trompé !

ARAMINTE, poursuit − Êtes-vous prêt à écrire ?

DORANTE. − Madame, je ne trouve point de papier.

ARAMINTE, allant elle−même. − Vous n’en trouvez point ! En voilà devant vous.

DORANTE. − Il est vrai.

ARAMINTE. − Écrivez. Hâtez-vous de venir, Monsieur ; votre mariage est sûr… Avez-vous écrit ?

DORANTE. − Comment, Madame ?

Répliques brèves et expressives

Didascalie

 Impératif

L’enchainement de répliques brèves permet de mettre en relief le désarroi de Dorante et l’agacement d’Araminte, voire son exaspération. Dorante semble totalement désorienté : la didascalie “cherche du papier” qui montre le jeu de scène du comédien, est incongrue (Araminte vient de lui dire que tout était sur la table) + “je ne trouve point de papier” : signe de résistance mais finalement sera contraint d’obéir.

Araminte sur un ton sec n’hésite pas à souligner cruellement son état d’égarement, même de façon humiliante par la parole et les gestes (didascalie interne “en voilà devant vous !”)

Elle se montre également très pressante : “écrivez”, “avez-vous écrit ? ”.

=> Ne laisse aucun répit à Dorante.

Les premiers mots qu’elle dicte à Dorante sont également cruels car la tournure impérative “hâtez-vous” exprime l’idée de l’empressement, et l’adjectif “sûr” le caractère résolu de sa décision.

Question de Dorante a un effet comique : Marivaux insiste sur la désorientation du personnage. => scène comique mais Dorante pathétique.

Sur la lettre : elle ne remplit pas les codes habituellement associés à l’écriture épistolaire : pas d’en-tête précisant le nom de l’expéditeur ou du destinataire, ni date, ni lieu, pas de formule d’appel ne de salutation finale. Il s’agit d’un type de lettre en vogue au XVIIIe siècle : le billet, qui vise à communiquer une information brève et importante dans un délai très court. Il est en général porté par un messager le jour même. Ici le contenu est court (4 phrases) et contient un seul élément d’information : la décision d’Araminte d’épouser le comte. L'objectif de la lettre est de faire venir rapidement le comte (“Hâtez-vous”). Néanmoins ici, le procédé est détourné : Araminte n’a aucune intention de faire parvenir son billet au comte. De plus, cette lettre présente quelques incohérences : Araminte n’a en fait pas besoin de ce billet pour faire venir le comte, puisqu'il est chez Mme Argante.  + précise qu’elle accepte la proposition du comte par amour et non pour éviter le procès. Il n’est pas nécessaire de le faire écrire par un serviteur.

=> Cet élément s’adresse à Dorante dont elle cherche à éprouver la jalousie.  

ARAMINTE. − Vous ne m’écoutez donc pas ? Votre mariage est sûr ; Madame veut que je vous l’écrive, et vous attend pour vous le dire. (À part.) Il souffre, mais il ne dit mot ; est-ce qu’il ne parlera pas ? N’attribuez point cette résolution à la crainte que Madame pourrait avoir des suites d’un procès douteux.

Phrase interrogative

Aparté

Cette réplique s’ouvre sur une interrogative à la forme négative qui exprime à nouveau l’agacement feint d’Araminte + conj de coord “donc” => insistance.

On peut remarquer dans cette lettre qu’elle implique toujours autant Dorante dont elle souligne le statut de serviteur : “Madame veut que je vous l’écrive” : verbe de volonté + complétive objet avec 1ère pers sujet.

=> ironie cruelle puisque cette phrase n’a aucune utilité.

Araminte commente dans ses apartés les effets de sa lettre sur Dorante au fur et à mesure qu’elle lui en dévoile le contenu. Elle n’est pas insensible à l’état de Dorante mais la question “est-ce qu’il ne parlera pas” révèle son inquiétude quant à la réussite de son stratagème.

DORANTE. − Je vous ai assuré que vous le gagneriez, Madame. Douteux ! il ne l’est point.

Négation

Dorante cherche à reprendre ses esprits et présente une parade à la décision d’Araminte. Il s’appuie sur les scènes précédentes, sur ses propres paroles, en employant des mots très forts :”je vous ai assuré”, “il ne l’est point”. C’est le premier argument. Il reprend les mêmes mots qu’Araminte “douteux” => fait tout pour ne pas révéler ses sentiments.

ARAMINTE. − N’importe, achevez. Non, Monsieur, je suis chargé de sa part de vous assurer que la seule justice qu’elle rend à votre mérite la détermine.

Impératif d’ordre

Vocabulaire laudatif

Froideur d’Araminte qui poursuit implacable la dictée de sa lettre qui finit sur un éloge du comte

=> torture pour Dorante qui semble poussé par Araminte dans ses derniers retranchements.

=> cruauté a pour objectif de l’amener à avouer...

DORANTE, à part. − Ciel ! je suis perdu. (Haut.) Mais, Madame, vous n’aviez aucune inclination pour lui.

Aparté

Tout espoir paraît perdu pour Dorante.

=> L'aparté souligne l’état d’esprit de Dorante et montre la progression du piège, mais sur un ton plus pathétique que les répliques d’Araminte. Pourtant il résiste encore. En effet, il continue de rebondir sur les paroles d’Araminte en lui rappelant ce qu’elle lui avait confié, cherchant ainsi à la mettre face à ses incohérences (2ème argument). On sent que Dorante a repris ses esprits et joue ses dernières cartes, celles de la raison et de l’argumentation, en outrepassant son statut d’intendant.

ARAMINTE. − Achevez, vous dis-je… Qu’elle rend à votre mérite la détermine…Je crois que la main vous tremble ! vous paraissez changé. Qu’est−ce que cela signifie ? Vous trouverez-vous mal ?

Impératif

Phrase exclamative

Phrases interrogatives

Araminte ne se laisse pas attendrir par Dorante, refuse de l’écouter et reste dans son rôle de patronne face à son valet => impératif sec et autoritaire “achevez, vous dis-je". Elle montre bien qu’elle voit son trouble en décrivant les tremblements de sa main pour que Dorante n’ait pas d’échappatoire et soit obligé d’avouer. Ainsi, elle le presse de questions.  

DORANTE. − Je ne me trouve pas bien, Madame.

Reprise des mots d’Araminte

Dernier mensonge pour échapper à Araminte : le malaise, réel ou feint, est une dernière tentative, désespérée, de résister à l’écriture de cette lettre si contraire à ses projets et à ses sentiments.

...

Télécharger au format  txt (12.9 Kb)   pdf (125.7 Kb)   docx (204.1 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com