Commentaire linéaire lettre persane 30

                                                 Explication linéaire lettre 30

Question littéraire : En quoi la forme choisie par Montesquieu permet elle de donner de l'intérêt au regard porté sur l'Autre ?

Introduction:

Deux voyageurs Persans, Usbek et Rica, visitent la France entre 1712 et 1720. Ils font part de leurs impressions à leurs amis avec lesquels ils échangent des lettres.

Charles Louis de Montesquieu : • Né en 1689 au château de la Brède, en Gironde dans une famille noble • Mort en 1755 d'une forte fièvre et est inhumé à l'église Saint Sulpice à Paris • 1717: Faculté de droit de Bordeaux, 1714: conseiller au parlement de Bordeaux

• Auteur humaniste du XVIème siècle

-L’œuvre « Lettres persanes » :

• Rédigée en 1721 (32 ans), qui paraissent anonymement à Amsterdam • Ouvrage qui rencontre un vif succès → il est vite reconnu comme auteur • Roman épistolaire

• Le célèbre « comment peut-on être Persan ? » qui dénonce la curiosité frivole des Parisiens, leur intolérance et leur ethnocentrisme, illustre cette confrontation de la diversité des points de vue et la nécessité de s'élever à l'universel.

Plan:

Nous étudierons deux parties :

 • 1ère : Ligne 01 → 15: Rica exprime à son ami Ibben la curiosité extraordinaire dont il est l'objet

 • 2ème: Ligne 15 à 33: Rica quitte son habit persan et observe les changements qui se produisent

Commentaire linéaire :

1ère partie :

-  En tête :
. On observe qu'il s'agit d'une lettre (roman épistolaire) : on a des éléments d'information : l'émetteur, le destinataire et le lieu d'envoi

• Le choix des prénoms orientaux participe aussi de ce procédé. Ces éléments créent l'illusion fictive du détour: il s'agit donc d'un apologue

- Ligne 01:
• Rica porte l'habit traditionnel persan. Il devient un objet de curiosité pour la société mondaine de Paris
• Première phrase courte : le présent de vérité générale laisse à penser que la curiosité est une caractéristique de la France

• Ironie : la curiosité est en général considérée comme un défaut.

• Le choix du terme « extravagance » insiste aussi sur ce qui est un défaut: comportement anormal décalé, exagéré. La périphrase au pluriel « les habitants de Paris » illustre aussi l'enfermement et donc les préjugés de ces gens

- Lignes 02 à 04: développement de ce qu'il entend par la curiosité

• Utilisation du pronom personnel je » insiste sur la subjectivité : on est dans un point de vue, celui d'un persan, il nous parle des regarde portés sur lui. La voix passive « fus regardé» montre qu’il devient un objet dans le regard des parisiens.

• Comparaison ligne 3 « comme...du ciel » montre les repères de Rica qui est un musulman croyant. Il ressent le décalage entre ces deux cultures.

 • L'énumération (du plus âgé au plus jeune, groupes nominaux au pluriel)
donne l'impression de groupe. Le pronom indéfini « tous » insiste sur la globalité. L'énumération décroissante se fait en fonction des valeurs de Rica.

- Lignes 04 à 07:
• Anaphore « si » et parallélisme de construction qui crée l'effet qui est sous observation^[1] permanente. On peut noter que cette façon de dévisager manque d'élégance (ce n'est pas très poli I). Par contre, le ton de Rica semble plus amusé que vraiment gêné: il insiste sur le côté extraordinaire, étonnant de la situation. Les verbes de mouvement la sortais », a se mettait aux fenêtres »), un cercle se former autour de moi », « qui m'entouraient », « dressées contre ») donnent l'impression justement que l'on voit ces p sonnes suivre physiquement Rica. L'emploi de l'imparfait crée l'idée de répétition.

• On retrouve cette idée du regard à travers les moyens utilisés : « les fenêtres « cent lorgnettes dressées contre ma figure ». Cette personnification des objets fait quand même l'impression d'armes, d'une certaine agressivité retrouve l'idée de l'enfermement « cercle », «lorgnettes ».

• A travers la description de Rica, on a pour Ibben une description de la vie des Parisiens : les promenades (dans le jardin des Tuileries),les spectacles (et on sait qu'au XVIllème siècle on allait au théâtre autant pour être vu que pour voir le spectacle.)

• Rica est un persan qui décrit enfin la scène avec ses codes et ses références : il est émerveillé par la richesse des robes des femmes. Il utilise ainsi la métaphore : « faisaient un arc-en-ciel autour de moi ». On comprend donc que Rica est lui aussi en observation mais qu’il se montre d’une curiosité plus policée.

- Lignes 07 à 08:

• La proposition indépendante juxtaposée vient tirer la conclusion
• L'adverbe «enfin » introduit cette conclusion →il est le centre des regards

- Lignes 08 à 09:

• Annonce la chute de la lettre • Le verbe « souriais » est intéressant : il peut montrer la compréhension de la situation qu'a vraiment Rica. Après tout, quels préjugés les Parisiens ont-ils des Persans ? Qu'est-ce que ça veut dire avoir l'air persan, avoir l'air français, avoir l'air américain ... On sent déjà derrière ce sourire l'ironie et la satire de Montesquieu de l'ethnocentrisme de ses compatriotes européens. Cette satire sera aussi présente dans l'apostrophe : « Chose admirable !».

- Lignes 09 à 11: • Montesquieu finit par utiliser l'hyperbole. Ce grossissement est amusant :

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