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Commentaire, le loup et l'agneau, Jean de la Fontaine.

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Par   •  22 Janvier 2017  •  Commentaire de texte  •  1 677 Mots (7 Pages)  •  1 659 Vues

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COMMENTAIRE « LE LOUP ET L’AGNEAU » de LA FONTAINE


I) UN APOLOGUE EFFICACE

  1. un bref récit plaisant 

Cette fable se présente comme un récit bref puisqu’elle ne compte moins de 30 vers. Elle ne met en scène que deux personnages qui sont facilement identifiables : le loup et l’agneau. Les deux protagonistes sont aisément reconnaissables et se partagent la parole. Le loup et l’agneau sont deux animaux mais aussi et surtout deux symboles : le fort et le faible.

Enfin ce texte est un apologue car propose une intrigue simple et rapide tout en suivant le schéma narratif :

  • situation initiale : vers 3 et 4 : un agneau se désaltère
  • élément perturbateur qui intervient le plus tôt possible dans le récit: arrivée d’un loup affamé : vers 5-6
  • péripéties se résument ici à un semblant de dialogue des vers 7 à 26
  • Elément de résolution et situation finale  vers 26 à 28: « il faut que je me venge » : il l’emporte et le mange

Le récit est plaisant car les actions sont peu nombreuses et les procédés d’écriture ont pour but d’accélérer le récit :

  • Les personnages sont des animaux qui parlent.
  • l’histoire n’a qu’une fonction démonstrative : ainsi les présents de narration rendent l’action immédiate et la mettent directement sous les yeux du lecteur : « le loup l’emporte et puis le mange » : ces actions semblent presque simultanées malgré la conjonction de coordination « et » qui souligne l’enchaînement rapide des évènements.
  • Les rejets et enjambements mettent en valeur les verbes ou propositions en début de vers : « dit cet animal plein de rage » v.8 ou « reprit l’agneau » vers 21.
  • L’hétérométrie qui permet de maintenir l’attention du lecteur en éveil : alternance d’octosyllabes et d’alexandrins.

  1. … d’abord au service d’une morale:

  • Le cadre spatio-temporel est indéterminé. On trouve ici un décor naturel : Dans la fable, les deux animaux sont d'abord présentés dans un milieu naturel, "Dans le courant d'une onde pure" (v.4), plus suggéré que décrit par des détails pittoresques : La Fontaine se sert ici de termes d'une grande simplicité et aux sonorités pleines de douceur, de fluidité... Le décor est réduit au minimum : à la fin de la fable, il est seulement fait mention avec l’indication spatiale des "forêts" où le Loup entraîne l'Agneau et qui pourraient figurer les coulisses où, loin du regard des spectateurs et par souci des bienséances, s'accomplissent les actions sanglantes dans les tragédies classiques !
  • Le loup et l’agneau sont deux animaux mais aussi et surtout deux symboles : le fort et le faible. Chaque personnage représente un type humain, un stéréotype : cf les indéfinis « un » vers 3 et 5 qui généralisent : on passe de l’individu au groupe. Les personnages n’ont pas de réelle profondeur psychologique : ils sont réduits à une seule caractéristique.
  • La morale est explicite et donné dès le début : «  la raison du plus fort est toujours la meilleure » : cette phrase est bien une maxime car elle donne une leçon sur un ton péremptoire : adverbe « toujours » : caractère définitif et absolu de cette affirmation associé au présent de vérité générale. 
  • La démarche est donc déductive : pourquoi ? Parce qu’elle consiste à énoncer la leçon pour aboutir à un récit des faits qui illustrent cette leçon. La morale est donnée dès les premiers vers parce que ce qui compte aurait été inutile en fin de fable : l’intérêt est  de voir comment cette maxime se vérifie et s’illustre dans les faits.

Ainsi si les actions sont peu nombreuses et présentées rapidement, le dialogue entre le loup et l’agneau est davantage détaillé car c’est lui qui permet d’illustrer la morale.

II) L’ARGUMENTATION DU LOUP


En plaçant la morale de la fable en tête de son récit, La Fontaine supprime tout suspense quant à l'issue inéluctable de l'affrontement entre le Loup et l'Agneau. Tout est joué d'avance dans ce "procès" (v.29) truqué dont les méthodes expéditives semblent annoncer les tristes procès des pires régimes totalitaires et policiers avec leur chef d'accusation inventé, leur intimidation des victimes, leurs faux témoignages. On ne comprend pas pourquoi le Loup cherche tout au long de son argumentation à justifier l'exécution de sa proie, en déguisant son véritable motif, à savoir "la faim" (v.6), et en se posant en victime qui exige réparation de son offenseur. Il y a ici un renversement de situation assez stupéfiant et pour lequel le Loup déploietoute sa rhétorique et sa mauvaise foi, brutalement, sans la moindre mise en garde.


A) Des arguments matériels...

C'est d'abord un fait matériel qu'il reproche à l'Agneau : "troubler [son] breuvage" (v.7). Le chef d'accusation est présenté dans son évidence et c'est sur les circonstances annexes du crime - l'identité des complices - que porte l'interrogatoire : "Qui te rend si hardi [...] " Le Loup n'attend pas la réponse de l'Agneau : il l'a déjà condamné sans appel, comme le marque le futur de certitude: "Tu seras châtié"(v.9). L'asyndète (on attendrait : tu seras donc châtié) lie encore plus étroitement accusation et exécution. L'accusation conciliante de l'Agneau et les arguments matériels irréfutables qu'il oppose sont balayés par le Loup qui nie l'évidence, comme s'il n'avait pas entendu la justification de l'Agneau : il reprend, mais sous une forme plus brève - en trois mots- et plus hargneuse: "Tu la troubles" -, son accusation du vers 7 incontestable.

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