Commentaire composé du Prologue de l'Antigone d'Anouilh (du début jusqu'à "dans une maison qui dort")
Commentaire de texte : Commentaire composé du Prologue de l'Antigone d'Anouilh (du début jusqu'à "dans une maison qui dort"). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar clairesion • 3 Novembre 2017 • Commentaire de texte • 4 089 Mots (17 Pages) • 1 693 Vues
Commentaire composé du Prologue de l'Antigone d'Anouilh (du début jusqu'à "dans une maison qui dort")
Comment ce prologue qui fait office de scène d’exposition annonce-t-il un renouvellement de la tragédie d’Antigone ?
I- Une scène d’exposition originale :
a. Une présentation des personnages révélatrice des enjeux :
- Une présentation artificielle. D’habitude : dramaturges essaient d’ouvrir leur pièce de la manière la plus naturelle possible et donc de présenter les personnages au cours de dialogues. Ici : pas le cas. Pas un début in medias res : activités des personnages ne sont pas des activités liées à la pièce (« bavardent, tricotent, jouent aux cartes » l.2). On n’est pas encore d’actions + champ lexical du jeu théâtral au présent à valeur de futur : « vont vous jouer » (l.4), « va être » (l.5), formule d’annonce « tout à l’heure » (l.6) : le début de la pièce est paradoxal, car début de l’action. Dès les premières lignes, l’accent est mis sur le fait que ça n’a pas encore commencé. Autre originalité : présentation des personnages tous les personnages, même ceux qui n’auront qu’un rôle très mineurs (deux des trois gardes, le page, Eurydice), sont sur scène et présentés. Par contre, un seul à la parole : le Prologue qui se livre à une présentation artificielle des personnages : utilisation de présentatifs (« cet homme » l.22, « Ce garçon pâle » l.33), de tournures emphatiques (« Antigone, c’est la petite » l. 4, « Le jeune homme … c’est Hémon » l.13, « La vieille dame … c’est Eurydice » l.30) et de connecteurs spatiaux (« là-bas » l.5, « à côté de » l.30, « là » l.22…) = il désigne explicitement les comédiens l’un après l’autre, sur la scène.
- Présentation du personnage principal = étonnante. Antigone = éponyme + 1er présentée personnage principal. Mais description péjorative. Son portrait se construit par antithèse avec celui d’Ismène : « la belle, la blonde, l’heureuse Ismène » (rythme ternaire qui souligne la perfection qu’incarne Ismène) s’oppose à « petite », « maigre », « noiraude » (l. 4, 6) = laideur, « grave » « triste » = respire le malheur. Ismène « rit » et « bavarde » avec les autres, Antigone est « seule », « renfermée » et « ne dit rien ». Comparaison qui donne un net avantage à Ismène : « car Ismène est bien plus belle qu’Antigone » comparatif de supériorité renforcée par l’adverbe intensif « bien ». Ismène à tout d’un personnage principal : belle et sympathique, contrairement à Antigone, qui apparaît comme un vilain petit canard. Pourtant, c’est à elle qu’on s’intéresse : spectateur est comme Hémon qui « a été trouvé Antigone qui rêvait dans son coin, comme en ce moment ». Comparaison demande en mariage/moment de la pièce renforce le parallèle qui peut s’établir entre Hémon et le public : situations similaires. Antigone = fascinante, et le contraste avec sa sœur dramatise cela, le rend plus net. Rien d’important n’est dit sur Ismène, son bonheur n’est pas intéressant. Au contraire, derrière le portrait négatif, on sent la force d’Antigone. « Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas … Elle pense … qu’elle va surgir … de la maigre jeune fille noiraude … et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi » (l.7-8) antithèse entre la petitesse et la jeunesse d’Antigone (petite, maigre, jeune fille) et la grandeur de ce à quoi elle doit s’opposer (« monde », « le roi »). Contraste appuyé par le parallélisme renforcé par l’anaphore (« seule en face de ») : Antigone semble déjà écrasée par sa tâche, accent mis sur sa solitude. Impression de David contre Goliath.
- Présentation révélatrice des lignes de force. Tous les personnages qui seront mentionnés dans la pièce sont là. Mais on remarque qu’ils n’ont pas tous le même traitement. Certains : beaucoup d’informations (Antigone, Créon, Hémon) ; d’autres ont à peine le droit à une phrase (« la nourrice qui a élevé les deux petites » l.29-30). Certains ont un nom, d’autres sont réduit à leur fonction (« la nourrice », « les gardes », « le page » d’emblée : hiérarchie entre les personnages. De plus, à part le Messager, tous les personnages sont reliés soit à Antigone, soit à Créon : « sa sœur Ismène », « Il est le fiancé d’Antigone » ; « Hémon, le fils de Créon », « Eurydice, la femme de Créon », « son petit page », « auxiliaires de la justice de Créon » déterminants possessifs, compléments du nom et appositions établissent clairement le schéma actantiel qui est nettement organisé entre ces deux personnages annonce déjà que l’intrigue tournera autour d’eux. Présentation des personnages = depuis l. 4 à 41 : divisée en deux l.4-22 = tout tourne autour d’Antigone (nom répété 8 fois !) ; l. 22-41 = tout tourne autour de Créon sont les deux piliers de pièce. Tout oppose déjà Créon et Antigone : jeunesse (« jeune fille ») /vieillesse (« il a des rides », « cheveux blancs »), absence de crédit et de pouvoir (« que personne ne prenait au sérieux »)/pouvoir (« c’est le roi »). Mais sont aussi plus proches qu’il n’y paraît. Solitude = caractéristique des deux : Antigone va « se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon »/Créon. « Créon est seul. Seul avec son petit page… » : anaphore de la première citation et anadiplose de la seconde souligne fortement la solitude de ces deux personnages. Solitude de Créon aussi mise en avant par l’asyndète : « Elle est bonne, digne et aimante. Elle ne lui est d’aucun secours » : contraste entre la description méliorative d’Eurydice et son inutilité est renforcée par l’absence de coordination. + Caractérisés tous deux par leur état d’esprit songeur : Antigone Anaphore du verbe « penser » (l.5, 8), utilisation du verbe « rêver » l.16 /Créon « médite » (l. 22), « se demande » (l.27). Personnages introvertis et isolés. Vont s’opposer, mais se ressemblent beaucoup. Hémon : seul à être lié aux deux + il est celui qui fait la transition entre les 2 parties de la présentation aura probablement une place importante : on sent poindre un conflit d’intérêt.
b. L’entrée dans une tragédie
- Présence des caractéristiques de la tragédie. Milieu noble : ici famille royale de Thèbes + personnages typiques de la tragédie comme le page et le messager. Solitude des personnages
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