Commentaire Ces Cheveux d'or Du Bellay

Commentaire littéraire : Olive, Ces cheveux d’or … (1550)

Poésie, Joachim Du Bellay

Du Bellay (1522-60) forme avec Ronsard et d’autres poètes du XVIème siècle, un groupe littéraire qui prend le nom d’une constellation : la pléiade. Ce groupe souhaite définir de nouvelles règles poétiques et Du Bellay publie un manifeste intitulé « Défense et illustration de la langue française » (1549) qui vise à faire du français une langue poétique. Ces auteurs s’inspirent cependant de la poésie italienne et de Pétrarque, l’inventeur du sonnet.

Du Bellay publie ainsi en 1549, un recueil contenant une cinquantaine de sonnets, l’Olive, qui serait l’anagramme d’une Mme Viole et qui connait un grand succès. Son thème principal, développé notamment dans le dixième sonnet qui commence par « ces cheveux d’or », consiste à exprimer le paradoxe de l’état amoureux.

On peut alors se demander en quoi ce sonnet est-il un modèle de la préciosité (Vision de Pétrarque de la femme aimée idéalisée qui sera repris par le courant de la préciosité au XVIIème) Pétrarquiste ?

Tandis que les quatrains font la description d’un coup de foudre, les tercets proposent des remèdes à la souffrance amoureuse.

I ) Un coup de foudre

        A ) L’idéalisation de la femme aimée

- La dame n’est nommé qu’une fois dans ce sonnet, interpellé au premier vers « Madame » ; mais elle mise en relief par le pronom démonstratif « ces » et un attribut essentiel de la beauté féminine : sa chevelure. Cette description rend présente la femme aimée qui est absente

- Portrait peint par des synecdoques : le poète n’évoque que les parties de son corps qui ont provoquées le mal d’aimer.

- Idéalisation de celles-ci grâce à des hyperboles : « cheveux d’or », « yeux », « telle main ». Superlatif « d’or » + intensif « telle » traduisent son admiration comme le fait que les quatrains soient entièrement en rimes embrassées.

        B ) Le désarroi du poète devant la beauté de la femme

- Il s’agit d’un amour courtois, la destinataire du sonnet est rejeté en fin de vers par une apostrophe -> instaure une distance respectueuse entre la dame et son soupirant.

- Le poète se présente comme une victime agissante, mais consentante : « me », « ma », « je ».

- Coup de foudre rapporté au passé simple vers 2, alors que tout le poème est au présent du discours : analepse qui insiste sur la chronologie des évènements.

- Désordre amoureux également retranscrit dans la disposition des rimes : si les quatrains sont disposés en rimes embrassés, les tercets suivent un schéma inhabituel : CDE -> désarroi du poète. De plus, décasyllabes irréguliers qui montrent la même impression v.1, 5, 7 et 10

        C ) La mise en scène du sujet amoureux

- Succession de métaphores dans le premier quatrain qui mettent en scène la chronologie de l’évènement :

        - La captivité : les cheveux sont comparés à des liens constituant l’amant prisonnier « ma liberté surprise ». Il est prisonnier de la beauté de la femme « ces cheveux d’or » -> renvoie à la naissance de l’amour avec passé simple vers 2

        - La brûlure : l’amour est comparé à une flamme qui brûle le cœur, traduisant la violence physique de son émotion, violence aussi traduit par le resserrement du vers 3.

        - La blessure : Métaphore pétrarquiste par excellence : celle qui exprime le pouvoir du regard de la femme. Le regard de la femme assimilé à une arme = intensité de la sensation visuelle « trait », « transperce » ; et morale « âme ». L’amour passe par le regard, de la il se communique au cœur, siège des sentiments, et enfin à l’esprit.

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