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« Comment Maupassant s’inscrit-il dans une nouvelle ère romanesque à travers l’ascension d’un séducteur sans scrupule ? »

Dissertation : « Comment Maupassant s’inscrit-il dans une nouvelle ère romanesque à travers l’ascension d’un séducteur sans scrupule ? ». Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Mai 2022  •  Dissertation  •  2 577 Mots (11 Pages)  •  422 Vues

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Séquence n°3 : « Comment Maupassant s’inscrit-il dans une nouvelle ère romanesque à travers l’ascension d’un séducteur sans scrupule ? »

Lecture linéaire de l’excipit de Bel-Ami

Introduction :

Paru en feuilleton dans la revue Gil Blas au mois de mai 1885, Bel-Ami de Maupassant est un roman d’apprentissage (ou d’éducation) réaliste/naturaliste de Guy de Maupassant. Il raconte l’ascension sociale de Georges Duroy, héros négatif, arriviste narcissique et sans scrupule, dans le Paris de la Troisième République, tout en dénonçant les travers de la société parisienne. Cette fin de roman fait assister le lecteur à une sorte de couronnement du héros, devenu Du Roy du Cantel, car il épouse la fille de son patron, Suzanne Walter.

Lecture à voix haute

Organisation du texte :

Tout comme dans l’incipit, le lecteur suit le protagoniste dans différents lieux : « dans la sacristie », « retraverser l’église », « sur le seuil », « il descendit avec lenteur les marches du haut perron ». Mais alors qu’il était perdu dans la foule, ici, il s’en distingue et la foule est venue pour lui.

Deux mouvements parallèles se distinguent :

  • Ligne 1 à 17 : le défilé des assistants après l’office

Le passage central portant sur Mme de Marelle (ligne 5 à 15) est mis en valeur car il est entouré par l’évocation de la foule.

  • Ligne 18 à la fin : la traversée de l’Eglise de la Madeleine et descente des marches

Dans les deux passages, on passe de Suzanne, qui n’est présente qu’à deux reprises dans l’extrait alors qu’elle se marie, à Mme de Marelle, l’ancienne maîtresse.

Problématique :

Quelle image le narrateur donne-t-il de son protagoniste et de la société dans cet excipit de roman ?

Annonce de votre plan : procéder comme pour le commentaire, donc faire des phrases avec les titres de vos grandes parties.

I/ Un mari peu convaincu qui se croit un roi :

La scène est relatée la plupart du temps en focalisation interne, du point de vue de Duroy : « il aperçut », « Georges pensait », « il sentit », « les yeux fixés », « il sentait sur sa peau », « il aperçut la foule », « puis relevant les yeux, il découvrit »…

L’excipit met tout d’abord en scène une situation théâtrale de vaudeville qui a lieu dans la sacristie : le mari, la femme, la maîtresse, ce qui est à la fois choquant puisqu’il s’agit du jour du mariage, mais peut faire sourire le lecteur et constitue une dénonciation de la société de l’époque.

  1. Suzanne, l’épouse déjà délaissée
  • Comme la scène est relatée du seul point de vue de Duroy, on ignore tout de ce que ressent Suzanne, la jeune mariée.
  • D’ailleurs, celle-ci est très peu mentionnée et l’expression « donnant le bras à sa femme » (l. 1) fait d’elle d’abord une identité sociale : elle est l’épouse, et le mariage est donc vu essentiellement dans sa dimension sociale et non affective. Cette formulation la réduit, on ne cite que son bras (l’expression sera reprise plus loin « le bras de Suzanne »). On ne perçoit qu’un membre de ce personnage qui n’existe plus, si ce n’est dans ce qu’il représente à ce moment pour Duroy, qui n’éprouve aucun sentiment pour elle.

  1. Une scène d’amour avec Mme de Marelle, l’ancienne maîtresse
  • Mais ce qui est d’autant plus choquant ici, c’est qu’il y a bien une scène d’amour qui se joue, une scène où les sentiments et le désir s’expriment, mais elle réunit Bel-Ami et Mme de Marelle.
  • Le narrateur s’attarde sur le récit rétrospectif de leur relation dans un registre quasi-lyrique comme en témoigne la répétition anaphorique du nom « souvenir ». Le parallélisme des deux subordonnées relatives de cette analepse au plus-que-parfait souligne la réciprocité de leur amour, amplifiée par l’anaphore hyperbolique « de tous » : « de tous les baisers qu’il lui avait donnés » (homéotéleute en [é]) // « qu’elle lui avait rendus ». Le lexique des sensations met l’accent sur la sensualité de leur relation : sensations tactiles « baisers », « caresses », « gentillesses » (à nouveau homéotéleute) + sensations auditives « son de sa voix » + sensations gustatives « goût de ses lèvres ». L’énumération de ces sujets du verbe « lui fit passer dans le sang » est amplifiée par l’animalité du COD « le désir brusque de la reprendre » (préfixe itératif RE = désir de posséder à nouveau celle avec laquelle il a pourtant rompu)
  • L’expression « leurs yeux se rencontrèrent » renvoie à une parodie ironique du topos de la rencontre amoureuse dans le genre romanesque, qui fait sourire ici, à cause de la situation même, puisqu’il s’agit d’une ancienne maîtresse, et que ce n’est pas une découverte mais une Redécouverte, comme le souligne la réitération du préfixe itératir dans le texte. Le lecteur a droit à tous les éléments traditionnels de la rencontre amoureuse, tels que les définit Jean Rousset dans son ouvrage (voir document à télécharger, vous en aurez besoin pour l’année prochaine), mais évidemment, le narrateur se joue des codes, pour le plus grand plaisir du lecteur :

*Précisions sur le cadre spatio-temporel et les circonstances de la rencontre = ici tout ce qui précède

*La vue de la femme par le jeune homme : « soudain il aperçut Mme de Marelle »

*Effet : description élogieuse de la femme « Elle était joie, élégante, avec son air gamin et ses yeux vifs » + « désir brusque » + exclamation amusante mais qui accentue la critique du personnage notamment par l’absence de point d’exclamation : « Quelle charmante maîtresse tout de même. »

* La réciprocité des regards : « Leurs yeux se rencontrèrent, souriants, brillants, pleins d’amour » = parodie de la scène de rencontre dans L’Education sentimentale de Flaubert (voir document dans le cahier de textes)

* Le franchissement, c’est Mme de Marelle qui prend l’initiative : « Elle s’approcha un peu timide, un peu inquiète, et lui tendit la main. Il la reçut dans la sienne et la garda. Alors il sentit l’appel discret de ses doigts de femme, la douce pression qui pardonne et reprend. Et lui-même il la serrait, cette petite main » = parfaite réciprocité « tendit/reçut », « douce pression / il la serrait » = ce franchissement est déjà un échange mais non verbal, ce sont les mains qui parlent, et qui ont droit au discours direct !

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