Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal , Au Lecteur
Commentaire de texte : Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal , Au Lecteur. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Oceane Pelerin • 8 Juin 2022 • Commentaire de texte • 1 192 Mots (5 Pages) • 491 Vues
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal , Au Lecteur
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C'est l'Ennui ! L'œil chargé d'un pleur involontaire,
II rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !
[ Introduction ]
Au Lecteur est le poème liminaire du recueil Les Fleurs du Mal de Charles
Baudelaire. Baudelaire est un poète symboliste du XIXème siècle .
Au Lecteur est un portrait de la condition humaine. Ce poème aborde des thèmes
qui seront récurrents dans le recueil : la mort, le péché, la religion... Il est composé
de uniquement de quatrains .
[ Problématique ]
En quoi ce poème apparaît-il comme un avertissement en résonance avec le titre
du recueil ( Fleurs du mal ) ?
[ Annonce du plan ]
Cette scène se sépare en 3 mouvement :
• Le premier mouvement : Portrait en actes de l’homme en proie au péché
• Le deuxième mouvement : Peinture métaphorique de l’âme humaine sous
l’emprise de Satan
• Le troisième mouvement : Allégorie de l’Ennui et apostrophe au lecteur
[ 1er mouvement ]
La première strophe s’ouvre sur un épitrochasme, c’est-à-dire une accumulation de
mots courts et expressifs donnant à ce début de poème la puissance d’une invective
( Parole ou suite de paroles violentes )
Les quatre mots énumérés désignent quatre vices façonnant l’être humain corps et
âme.
le poète et son lecteur, comme tout homme, sont des créatures du mal dont les
remords et les repentirs sont hypocrites comme en témoigne l’oxymore « aimables
remords » au vers 3
L’assonance en [i] qui parcourt cette première strophe et que l’on trouve à la rime
dans les mots « lésine » (avarice) et « vermine », renforce l’impression d’un mal
aigu.
La présence de « l’erreur » et du « péché » dans l’énumération initiale font de
l’homme un être misérable et tragique.
Baudelaire laisse entendre que l’homme est une créature déchue, marquée par le
péché originel, à la fois nostalgique du paradis perdu et fascinée par le mal.
Le poète met au jour une forme de complaisance dans le péché à travers la
comparaison qui apparente les humains à des « mendiants » et leurs remords à de
la « vermine ».
Complaisance et hypocrisie sont mises en lumière dans la deuxième strophe.
Le parallélisme du vers 5, associé aux dentales, montre que nous ne sommes pas
capables de nous amender sincèrement.
La pratique de la confession est un moyen de laver sa conscience à peu de frais.
Le prix des aveux est celui du Salut, d’où la présence des adverbes « grassement »
et « gaiement » qui se répondent phonétiquement d’un vers à l’autre en dénonçant
...