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« Brumes et pluies » de Charles Baudelaire

Commentaire de texte : « Brumes et pluies » de Charles Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  957 Mots (4 Pages)  •  1 978 Vues

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Un éloge de la saison froide

D’emblée, Baudelaire adopte le registre de l’éloge. Cette dimension encomiastique s’exprime sur un mode emphatique à travers le recours aux exclamations et au « Ô » initial. Il s’agit ainsi de célébrer la saison froide, amplifiée par le rythme ternaire « fins d’automne, hivers, printemps trempés de boue » qui l’étend sur une bonne partie de l’année. Comme dans le poème de Verlaine récemment commenté, Baudelaire prend ici le contre-pied de l’opinion commune en célébrant une saison rigoureuse et peu agréable.

Le triple vocatif initial est repris par l’apostrophe « Endormeuses saisons ». Ce choix de l’adresse permet au poète de leur parler directement, ce qui rend le poème très vivant. Parler de personnification me semble cependant excessif, dans la mesure où les saisons n’apparaissent pas ici comme de véritables personnages qui agiraient comme des êtres humains. Il n’en reste pas moins que, en s’adressant à elles, Baudelaire les anime.

Le premier quatrain repose ensuite constamment sur la logique du rythme binaire. C’est ainsi que « je vous aime » est redoublé par « et vous loue ». De même, Baudelaire coordonne « mon cœur et mon cerveau » puis « D’un linceul vaporeux et d’un brumeux tombeau ». Il en résulte une grande impression d’équilibre et d’harmonie. On notera la rime interne des adjectifs « vaporeux » et « brumeux ».

Un paysage lugubre

Le deuxième quatrain amplifie cet éloge en apportant des précisions spatio-temporelles. De fait, ses deux premiers vers sont occupés par un complément circonstanciel de lieu. Les groupes nominaux sont saturés d’adjectifs et de propositions relatives. Cette dimension descriptive permet au poète de détailler l’ambiance lugubre de la scène. Les adjectifs « grande » et « longues » amplifient, par leurs voyelles nasales et traînantes, le volume de ce vaste espace. Les assonances en « ou » se rapprochent d’une harmonie imitative : on croirait entendre le chant du hibou. Les références à « l’autan froid », qui est un vent, et à l’enrouement de la « girouette » insistent sur son caractère inhospitalier.

Cet paysage lugubre est en harmonie avec « l’âme » même du poète, mise en évidence par l’emploi de la première personne en début de vers. Baudelaire attribue, par métaphore, des « ailes de corbeau » à son âme : le choix de cet animal au plumage noir et au chant dissonant montre que l’état intérieur du poète est à l’unisson de ce paysage. La comparaison « mieux qu’au temps du tiède renouveau » discrédite, par opposition, le printemps, déprécié par le choix de l’adjectif « tiède », qui prend ici la coloration de « sans saveur ». Le paysage est ainsi à l’image du spleen du poète.

Un goût paradoxal pour le froid et la mort

Les tercets renchérissent sur cette idée en recourant à l’hyperbole : « Rien n’est plus doux ». En plaçant l’adverbe « rien » en début de vers, Baudelaire souligne la douceur inégalable de cette nuit lugubre. Autrement dit, il accentue le paradoxe, en se démarquant nettement de l’opinion commune. Baudelaire se délecte ainsi d’avoir « le cœur plein de choses funèbres ». C’est en ce sens

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