Bel-Ami : l'écriture journalistique
Commentaire de texte : Bel-Ami : l'écriture journalistique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar miraaaaaa • 3 Mai 2018 • Commentaire de texte • 5 357 Mots (22 Pages) • 2 883 Vues
BEL-AMI : L’ÉCRITURE JOURNALISTIQUE
VOIR PREAMBULE.
INTRODUCTION :
Ce passage est extrait d’un roman de Maupassant qui s’intitule Bel-Ami écrit en 1885. C’est un roman de formation qui raconte l’ascension sociale de Georges Duroy et dans ce passage GD vient d’être embauché au journal « La Vie Française » par le patron M. Walter qui lui demandait une série d’articles sur l’Algérie, la guerre. GD est très content ; il rentre chez lui pour se mettre au travail mais le problème de la page blanche et de l’incapacité à écrire se pose. Autant la parole orale chez lui est fluide et engageante, autant le passage à l’écrit s’avère difficile et même impossible ; ce qui provoque son désespoir. Il demande alors à la femme de son ami Madeleine Forestier de l’aide, elle accepte et elle va lui donner dans le passage que nous allons étudier une leçon lui expliquant l’art de l’écriture réaliste et journalistique.
Axes de lecture :
- Un récit entre illusion et réalité.
- L’alchimie/le processus mystérieux de l’écriture.
I-Un récit entre illusion et réalité
→C’est un récit entre l’illusion et la réalité ; on le voit par la description énumérative entre les lignes 11 et 13 où Madeleine Forestier est en train de faire son récit et d’aller du général au particulier. (« Elle imaginait…et…des compagnons de voyage »). Donc quelque chose qui sera proche des personnages inventés par elle donc on a un mélange de fiction et de réel.
→Elle se met ensuite dans la position physique de l’étude (l. 14) car elle ignorait la topographie de l’Algérie donc c’est l’aspect de l’enquête documentaire ; et c’est là le réalisme qui est visée et elle se sert des connaissances que lui donnent D (entre lignes 14 et 18) pour ensuite faire un petit chapitre dans la veine réaliste : dans le domaine de la géographie politique. On peut penser à l’aspect militaire des choses…
→Dans cette veine réaliste Madeleine greffe entre les lignes 19 et 22 des épisodes fantaisistes inventés par elle : « …des femmes…histoires sentimentales » et elle dit qu’il n’y a pas des histoires qui intéressent (l.20).
→Il y a même ce mélange de fiction et de réalité et bien l’effet de réel est donné par les toponymes et les patronymes (« Elle termina par un séjour à Saïda… »). Ces noms ont un effet de réel même s’il y a une tonalité fantastique (l.23 et 24) (hurlent au milieu du voc ??).
→ Donc, il y a ce mélange paradoxal entre Réalité et Fiction dans un récit qui se veut réaliste.
→A partir des lignes 23-24, le contexte n’est plus réaliste, son texte prend une tournure plutôt fantastique, et cette image fantastique correspond à l’imaginaire des français de l’époque par rapport à l’Algérie , lignes 24-25.
II-L’alchimie/le processus mystérieux de l’écriture.
Maupassant nous parle dans ce passage de ce processus mystérieux d’écriture, de l’alchimie.
→ Dans le premier paragraphe Madelaine « dictait » (L1) mais on ne nous parle pas du contenu de l’article mais sont décrits «les jeux de fumées ». Son rituel à elle c’est de fumer, la cigarette nourrit son imaginaire, la gestuelle et la théâtralisation de la scène sont importantes.
→ « des filets de fumée…pareils a des fils d’araignées » (l.1 a 5)
On fait référence au pouvoir créateur, d’une manière métaphorique, du Verbe ; cette fumée visible est le représentant visuel de ce processus d’écriture mystérieux, de ces mots qui sortent de la bouche et qui se déploient selon des configurations changeantes et mystérieuses.
La fumée représente les mots qui sortent de la bouche, métaphore du langage, métaphore du pouvoir créateur de la parole, verbes de mouvement, on voit les mots invisibles, « elle les coupaient » évoque le travail de correction. Les mots qui désignent des choses vagues : «s’ évaporait », « imperceptibles vapeurs », « traces légères », matérialisation manuelle . On voit les choses s’effectuer. Duroy est concentré sur la fumée qui exprime ce qui est en train de se former pour lui, répétition de « tout » (ligne 8).
→ Tout ca fascine GD. On a entre les (l8 et 10) la répétition et l’insistance sur l’adverbe « Tout », car le processus d’écriture s’est déployé devant lui, créateur du V ???? et de l’article en question.
→A la fin (l. 26) c’est la référence à la publication sous forme de feuilleton qui était fréquente au 19ième s pour les écrivains « la suite à demain ».
→Et il y a cette hésitation de GD à signer, cette insistance de Madelaine à le faire signer (ça se matérialise par la signature en lettres capitales à la (L.31) ; ici se matérialise tout ce qui était avant dans l’air). Cet article composé se grave sur le papier et devient tangible, réel dans ce processus qui s’est effectue sous les yeux de GD.
→ On voit bien qu’il commence a capter les choses, car il decrit le passage avec beaucoup de details. De plus, le fait qu’il signe a la fin en riant nous montre combien il est facile de s’accoutumer a ce processus (« il se mit a rire »).
Conclusion :
Pour conclure, on a vu que ce récit réaliste est paradoxalement entre le réalisme et la fiction, et on a un passage où le narrateur met en scène le processus de l’écriture d’alchimie ; il y a une mise en abyme puisque le problème de l’écriture est le même problème auquel est confronté Maupassant lui-même. D’ailleurs a parlé de cette question dans un autre texte la préface de « Pierre et Jean » où il explique directement que l’écriture réaliste est paradoxalement en ce sens qu’elle intègre de nombreux éléments de fiction. Il y a cette fameuse phrase : « les réalistes de talent devraient plutôt s’appeler des illusionnistes ».
Préface de Pierre et Jean analyse
- Décide de parler du roman en général.
- Puis s’interroge sur la définition du critique littéraire.(critique qui lui reproche de ne pas écrire véritablement des romans, justement.)
- Le critique doit être détaché de toutes les idées reçues.
- De plus, le fait de se croire capable de donner les critères du roman, de parvenir à distinguer un roman de ce qui ne l’est pas, relève de l’incompétence plus que du savoir.
- Soulève le problème de l’absence d’unité du genre romanesque. Le fait de donner des critères étant la preuve de l’appartenance à une Ecole, une esthétique.
- M. invite le critique à inciter les jeunes auteurs à choisir des voies nouvelles, revendiquer une originalité.
- « Le talent provient de l’originalité, qui est une manière spéciale de penser, de comprendre et de juger. »
- « un critique, qui méritait absolument ce nom, ne devrait être qu’un analyste sans tendance, sans préférences, sans passions… »
critique = juge impartial, qui doit mettre de côté sa personnalité
Maupassant récuse les idées d’école et de norme.
- Mais, la plupart des critiques ne sont que des lecteurs :
- Le lecteur traditionnel : attend qqch d’une lecture (rêve, peur, pleur.. )
- Le lecteur d’élite : quête du Beau (peu importe la forme).
- Les théories de l’art toutes aussi différentes les unes que les autres.
Naturalisme et réalisme = quête de la réalité.
- Mais en réalité, peu importe la création, pourvu qu’il soit un artiste.
- A chaque perspective (réaliste, naturaliste) doit correspondre des éléments, des choix propres.
- Le plus important n’est pas dans l’émotion qui en résulte, mais plus dans l’adresse de l’écrivain, « d’où se dégage le sens définitif de l’œuvre ».
- La déconcertation des critiques est normale, on déplace l’intérêt que l’on porte à une œuvre : de l’intrigue à l’habileté.
- « Si le romancier d’hier choisissait et racontait les crises de la vie, les états aigus du cœur et de l’âme, le romancier d’aujourd’hui écrit l’histoire du cœur, de l’âme et l’intelligence à l’état normal. »
Cela implique « l’émotion de la simple réalité ». « dire la révélation de ce qu’est véritablement l’homme contemporain devant ses yeux ».
- Cependant, « il faut corriger certains événements au profit du vraisemblable, et au détriment de la vérité. »
- « le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. » (l’art poétique de Boileau)
- dépasser la réalité même pour que ce soit plus saisissant.
L’écrivain doit faire sa soupe, arranger les hasards de la vie.
La vie laisse tout sur le même plan, l’art doit mettre en relief.
- faire vrai = donner l’illusion du vrai et non retranscrire pèle-mèle les faits.
« j’en conclu que les réalistes de talent devraient s’appeler plutôt les Illusionnistes ».
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