Barbara Jacques Prevert
Commentaire de texte : Barbara Jacques Prevert. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Natsucry123 • 17 Décembre 2021 • Commentaire de texte • 2 090 Mots (9 Pages) • 464 Vues
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Jacques Prévert publie un recueil de poèmes en 1946, sous le titre de Paroles. Parmi les poèmes de ce recueil figure le poème « Barbara » où une jeune femme vit une rencontre amoureuse juste avant les bombardements de Brest Comment Jacques Prévert oppose-t-il l’amour et la guerre ? Nous étudierons tout d’abord le thème de l’amour puis la place du poète et enfin la dénonciation de la guerre.
Dans la première partie du poème, l’auteur fait revivre le souvenir heureux d’une rencontre amoureuse. Il est question d’une jeune femme prénommée « Barbara » qui donne le titre au poème. Ce prénom provient du grec « barbara » signifiant « l’étrangère » et le mot renvoie aussi à « barbare », la cruauté de la guerre. La jeune femme est montrée en action : « tu marchais ». Elle marche vers son avenir, vers son amoureux. Cette action marque l’optimisme, renforcé par l’énumération d’adjectifs mélioratifs « souriante / épanouie, ravie, ruisselante » (v. 3-4). On remarquera l’assonance en « i » qui force à sourire quand on prononce le vers. On a aussi des allitérations en « r » évoquant la pluie. Trois adjectifs forment une gradation « souriante …ravie ». Le mot « ruisselante » (v4) renvoie à la pluie qui n’empêche pas la femme de sortir. La pluie ne l’arrêtera pas. Il y a pourtant une insistance sur cette pluie. On note des répétitions « Il pleuvait » (v2), un polyptote « il pleut » (v46) mais aussi une dérivation avec le nom « pluie » répété lui aussi.
Barbara retrouve son compagnon :« Un homme qui s’abritait sous un porche » (v17). Il est arrivé le premier ; il l’attend. Dès qu’il la voit il « crie » (v18) son nom ; il manifeste donc sa hâte de la retrouver. Deux vers insistent sur le geste amoureux de l’homme : « te serrait dans ses bras » (v42). L’adverbe « amoureusement » (v43) est mis en valeur par sa longueur et en occupant un seul vers. Le champ lexical de l’amour est très présent : « jetée dans ses bras » (v22), « ceux qui s’aiment » (v27), « serrait dans ses bras »(v32) .
La pluie sous laquelle elle va retrouver son amoureux prend une tonalité romantique qu’on trouve dans les films de cette époque. L’accumulation des adjectifs qualificatifs suggérant la beauté de la jeune femme est renouvelée dans un autre ordre au vers 21 mais c’est l’adjectif « épanouie » (v21) qui mis en valeur en fin de vers puisqu’elle est très heureuse de retrouver l’homme qu’elle aime. Il y a une image de bonheur qu’incarne le couple qui se retrouve avec des verbes d’actions :« il a crié »,« Tu as couru » ,« tu t’es jetée » . On assiste à des retrouvailles d’un couple passionné. Le bonheur si simple, si évident, incarné par la jeune femme se transfuse à tout ce qui l’entoure d’où l’hypallage « ville heureuse »(v33) ou « pluie « sage et heureuse » (v31).L’épiphore de l’adjectif « heureuse »(v31,32,33) insiste sur ce sentiment .Ainsi l’amour est très présent dans ce poème .
Nous allons étudier la place du poète. Pour ce poème dédié à l’amour heureux et tragique, Prévert adopte un registre lyrique renforcé par le choix de vers libres sans rimes constantes et sans nombre de syllabes définis. On est frappé par l’absence de ponctuation. Les vers sont courts, les échos sonores reviennent plus vite. Le ton est lancinant et incantatoire. Prévert joue aussi sur de nombreuses répétitions qui renforcent le caractère incantatoire et lyrique.
Prévert apostrophe la jeune femme avec la répétition du prénom « Barbara ». Il veut qu’elle se rappelle de cette journée heureuse ; il faut que l’amour l’emporte sur la guerre. Le thème du souvenir est suggéré par le verbe « Rappelle-toi ». L’insistance de l’anaphore utilisée à sept reprises, comme une prière souligne à quel point ce travail de mémoire est essentiel aux yeux du poète puisqu’il s’agit de faire revivre un épisode du passé, comme le montrent les verbes conjugués à l’imparfait de l’indicatif : « souriais », « pleuvait ». La litote « N’oublie pas » (v16,30) est utilisée pour conjurer la disparition du passé et exhorter Barbara à remonter le cours du temps pour revivre un moment heureux. La jeune femme est tutoyée, invitée à se souvenir de ce moment particulier, vécu « ce jour-là » (v.2 et v.15), un jour particulier, le jour de la rencontre et le jour peut-être du bombardement.
Il veut faire croire à cette rencontre comme l’indique la situation d’énonciation avec des indices spatio-temporels : « Brest » (v2), « rue de Siam » (v8), « ce jour-là ». Le poète et Barbara se sont croisés et ont été animés d’un sentiment de sympathie spontané créant un lien de proximité entre eux : « Et je t’ai
croisée rue de Siam / Tu souriais / Et moi je souriais de même » (v.8-10). Ils ne se connaissaient pas comme le précisent par un parallélisme de construction les deux vers : « Toi que je ne connaissais pas / Toi qui ne me connaissais pas » (v. 12 et 13) . Le poète s’adresse à cette inconnue par un sentiment de fraternité, de complicité universelle entre les gens pour qui l’amour est une valeur importante comme le confirment les deux vers suivants : « Je dis tu à tous ceux que j’aime / même si je ne les ai vus qu’une seule fois » (v.25- 26). C’est un idéaliste et un humaniste qui voudrait une harmonie entre les êtres, un pacifisme universel. Ainsi le poète fait passer un message de paix.
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