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Antigone la révoltée contre Ismène la soumise

Commentaire d'arrêt : Antigone la révoltée contre Ismène la soumise. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Juin 2017  •  Commentaire d'arrêt  •  2 581 Mots (11 Pages)  •  3 061 Vues

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  1. Pourquoi Peut-on dire que ce dialogue est celui de la raisonneuse et de la raisonnée ?

La première rencontre entre Antigone et sa sœur Ismène nous livre de nombreuses informations sur la personnalité des deux personnages. Cette scène est l’occasion pour Anouilh de souligner la dualité qui sépare les deux sœurs. A travers un dialogue impossible entre deux visions du monde qui s’opposent, nous comprenons mieux comment Antigone refuse de considérer l’existence à travers le prisme de la raison.

Tout d’abord, Ismène se présente d’emblée comme une figure de sagesse. En tant qu’ainée, elle entend montrer à Antigone qu’elle a beaucoup médité sur l’attitude à adopter face à l’édit de Créon. Alors qu’Antigone semble avoir décidé de son sacrifice de façon spontanée, Ismène insiste lourdement sur le fait qu’elle ait longuement raisonné afin d’obtenir l’attention et la confiance de sa petite sœur. Nous percevons cette volonté par les déclarations suivantes : p. 23 « j’ai pensé toute la nuit ». «  Je suis l’ainée. Je réfléchis plus que toi. » « Moi je suis plus pondérée. Je réfléchis ». «  J’ai raison plus souvent que toi » ( p.24).

Après s’être présentée comme un être réfléchi, Ismène montre qu’elle a su peser le pour et le contre face à la difficile décision qui s’imposait à elle. En effet, Ismène ne rejette pas complètement la décision d’Antigone qu’elle devine. Elle admet que sa sœur a de bons arguments pour braver la loi. Toutefois, Ismène sait également entendre le point de vue de Créon. P.24 : «  J’ai pitié aussi de mon frère, mais je comprends un peu mon oncle ».

Enfin, nous pouvons affirmer qu’Ismène est la figure de la sagesse puisqu’elle démontre avoir longuement considéré les conséquences d’une révolte contre la loi. Aussi décrit-elle de façon précise ce qui se passera si elle décide d’enterrer son frère. Non seulement, elle prévoit les évènements qui découlerons de cet acte mais elle également pris le temps de se demander comment elle réagirait dans cette situation. Ismène s’interroge pour savoir si elle serait capable d’assumer le rôle de martyre. Elle évoque avec horreur les conséquences : honte, souffrance, humiliation. «  p.26 Ils nous hueront […]. Oh ! Je ne peux pas, je ne peux pas ».

Au contraire, Antigone se refuse à s’engager dans de telles réflexions. Elle semble avoir pris sa décision sans même y avoir réfléchi. Pour l’héroïne, la question de savoir s’il fallait enterrer son frère ou non ne se pose pas. Il s’agit d’un devoir qui ne souffre aucune hésitation. Elle assume ainsi son destin sans se poser de questions. Elle refuse même de se questionner sur la valeur de son acte. P.24 «  Nous, nous devons aller enterrer notre frère. C’est comme cela que ça a été distribué ». « Il y a des fois où il ne faut pas réfléchir ».

De plus, c’est la raison même que semble refuser Antigone. Lorsqu’ Ismène lui apporte un argument allant dans le sens contraire de ses convictions, Antigone ne cherche pas à contredire ses arguments par d’autres. Elle ne tente pas de convaincre son aînée qu’elle a raison. Antigone refuse même l’idée du questionnement comme si cela n’était pas digne d’elle. P. 25  «  Moi je ne veux pas comprendre un peu ». «  Je ne veux pas avoir raison », p.26 «  Je ne t’écoute pas ».

Pourtant, Antigone n’a pas omis de réfléchir à ce qu’elle perdra en se sacrifiant. Il semble évident que cette dernière a pensé aux être chères qu’elle ne verra plus. L’épisode de la nourrice nous le montre. Mais dans cet extrait, nous comprenons aussi qu’elle a pensé à Hémon et au fait qu’elle allait sacrifier son bonheur. Antigone est consciente de la douleur qu’elle provoquera chez ceux qui l’aiment, y compris Ismène. Mais c’est justement pour ne pas hésiter dans le rôle qu’elle s’est donné qu’elle refuse violement d’y réfléchir. Ainsi, elle s’empresse de clore la conversation lorsque Ismène évoque son fiancé. Elle rejette également brutalement Ismène lorsque celle-ci lui fait montre de tendresse. Antigone sait ce qu’elle va perdre mais elle refuse d’y penser pour ne pas faiblir. P 28 «  Ah non ! Laisse-moi ! Ne me caresse pas ».

  1. Quel tableau dresse Ismène d’Antigone ?

Comme nous l’avons dit précédemment, ce dialogue est avant tout un prétexte pour faire un portrait de la personnalité d’Antigone. Ainsi, c’est à travers la description que fait Ismène d’Antigone qu’Anouilh nous livre habilement la nature profondément révoltée de son héroïne.

En premier lieu, Ismène insiste sur le caractère déraisonnable de sa sœur. Elle souligne non seulement son manque de raisonnement mais également un caractère borné, qu’il est difficile de faire fléchir. Ismène insiste sur le caractère obstiné de sa sœur qui ne semble jamais tenir compte des avis de son entourage. Trait de caractère qui lui a certainement déjà porté préjudice dans le passé. P. 23  « Tu es folle. P.24 «  Toi, c’est tout ce qui te passe par la tête tout de suite, et tant pis si c’est une bêtise ».
p. 25 «  Tes sourcils joints, ton regard droit devant toi et te voilà lancée sans écouter personne ».

En second lieu, Ismène décrit sa sœur comme un être original, affublé d’un charisme certain. Pour Ismène,  Antigone a un charme particulier. Si Antigone ne répond pas aux canons habituels de beauté, elle reste, à sa façon, très attirante. Peut-être son caractère impétueux y est-il pour quelque chose. Toujours est-il qu’Antigone à une forte personnalité qui lui confère une attractivité certaine qui a su séduire Hémon. P. 29 «  Pas belle comme nous mais autrement [ …] sans pouvoir te quitter des yeux jusqu’à ce que tu aies tournée le coin. »

  1. Montrez qu’Antigone semble vouloir prendre une revanche sur son enfance.

Dès le début de la pièce d’Anouilh, le personnage d’Antigone détient un caractère enfantin marqué. Il semble que l’héroïne tragique ne veuille pas sortir de l’âge d’enfance. Cette scène, jointe à celle de la nourrice, nous permet de mieux comprendre pourquoi Antigone garde un lien si étroit avec son enfance.

 Pour commencer, nous remarquons que dès le début de la scène avec Ismène, Antigone évoque des souvenirs d’enfance. Cette réaction peut évidemment s’expliquer par le fait qu’elle ait partagé cette période avec sa sœur à qui elle s’apprête à dire adieu. De plus, à la veille de la mort, il est naturel de se souvenir de sa vie. Or Antigone, n’ayant que 20 ans, ses souvenirs ne peuvent que concerner l’enfance. Mais le souvenir qu’elle évoque en premier lieu est une scène cruelle infligée à sa sœur. Cela peut être compris comme une volonté de se faire pardonner à la veille de la mort. Mais on peut également y percevoir une sorte de jalousie. En devenant l’héroïne, Antigone se venge peut-être de la beauté et du bonheur de sa sœur à cette époque. P. 22 «  Quand j’étais petite, j’étais si malheureuse, tu te souviens » ?

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