Abdellatif Laâbi, Œuvre poétique I, 2006
Commentaire de texte : Abdellatif Laâbi, Œuvre poétique I, 2006. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ginger.roiseux • 6 Avril 2020 • Commentaire de texte • 666 Mots (3 Pages) • 2 045 Vues
Horace disait : « écris ce que tu voudras ; que du moins ton sujet ait simplicité et unité ». La simplicité renonce aux formes classiques de procédés poétiques et ceux, malgré la difficulté à faire ressentir les effets produits par ces prouesses techniques. Elle permet la recherche de l’authenticité et de mettre en avant le talent poétique du concerné. Les artifices et les métaphores sont rejetées pour laisser place à un paysage honnête. Abdellatif Laâbi, né en 1942, est un poète, écrivain et traducteur marocain. Œuvre poétique rassemble la totalité de ses poèmes écrits entre 1965 et 2017 en deux volumes. Le creuset du poème a été rédigé depuis la prison où séjournait le poète pendant une période de sa vie. Dès lors, comment le poète manie-t-il la simplicité pour parvenir à assimiler le bien et le mal ? Nous verrons dans une première partie la simplicité comme sujet d’inspiration poétique.
Ce poème est en vers libre et nous remarquons qu’il y a une absence de rimes (classiques) : il est écrit au présent de l’indicatif, ce qui marque un temps indéfini, un texte valable en tout temps. Le poème débute par une explication rationnelle, l’allitération en « f » évoque le souffle de la parole : « fastidieux » l.1, « fascinations » l.2, « effroi » l.3, « face » l.4, « faute » l.7. Laâbi fait face à l’opposition de ses sentiments : « effroi heureux » l.3 : il est à la recherche de beauté dans un environnement carcéral. Sa condition est accentuée par l’assonance en « i » : « fastidieux » l.1, « fascinations » l.2, « friche » l.4, « facile » l.7. Ce poème s’adresse à quelqu’un, remarqué par le pronom personnel de la deuxième personne du singulier « tu » : « alors que tu sais » l.6. Cela pose deux possibilités :soit un échange épistolaire, moyen fréquemment utilisé pour communiquer d’une prison à l’extérieur. Ou alors un échange entre le poète et un autre prisonnier, témoin de la pensée de celui-ci. La présence du « je » poétique : « je n’ai pas la larme facile » l.7 adopte Laâbi comme personnage principal de cet échange. Il exprime sa pensée par la phrase : « ma réponse est simple » l.8, en précisant qu’elle est : « peu réfléchie » : c’est un rappel de la simplicité de la vie. La réalité de cette vie dirige le libre arbitre, vue par l’apostrophe des « chaînes » l.10 : « la réalité ». Réalité personnifiée permettant l’exploration culturelle et personnelle ; décrite ainsi : « cette assise mouvante » l.13, « vers de plus hautes formes d’intelligence » l.15. En effet, la poésie est capable de transformer le monde dans lequel le poète vit , c’est ce qu’exprime le verbe « transporter » dans « de transporter ce réel transfiguré » l.19. Ce changement se propage où il le peut, notamment chez le poète par gradation : « de l’organe à tout le corps humain » l.20. Vient l’introduction de l’acheminement de la pensée du poète évoqué par le rappel du pronom personnel « tu » et la conjonction de coordination « donc » : « Tu vois donc » l.21. C’est un réel résumé des faits quotidiens accessibles au poète (car il est toujours en prison) et énumère en rythme binaire cela : « ce pigeon, ces fleurs » l.22, « cette hirondelle, ces nuages » l.23. Voilà un moment paisible et constant, car la Nature ne disparaît jamais, contrairement aux hommes et aux
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