Verlaine - Chant d'automne

Paul Verlaine – Chanson d'automne

Paul Verlaine est né à Metz en 1844. Il est issu d'une famille de la petite bourgeoisie.

Son père, comme celui de Rimbaud, est capitaine dans l'armée. En 1858 (14 ans), sa vocation poétique est affirmée. Déjà il envoie à Victor Hugo en exil un poème de sa composition:« La Mort »

A 21 ans, Verlaine est chargé de la critique littéraire dans la revue "L'Art". Il y écrit des articles élogieux sur Charles Baudelaire et Victor Hugo.

Il rencontre plusieurs parnassiens, notamment José-Maria de Heredia et Leconte de Lisle.

En 1866, il publie son 1er recueil, « les Poèmes saturniens ». On y sent l'influence de Ch.Baudelaire

En 1870, il publie « La bonne chanson » comportant des poèmes sur celle qu'il vient d'épouser, Mathilde Mauté. En 1871, sa rencontre avec Arthur Rimbaud va bouleverser sa vie.

Verlaine commence à maltraiter sa femme qui le quitte. Verlaine et Rimbaud s'installent ensemble puis partent à Londres puis en Belgique. Mais leur relation commence à devenir très conflictuelle.

En 1873, Verlaine blesse Rimbaud d'un coup de revolver et est condamné à deux ans de prison. En prison, il se convertit au catholicisme. Cette période de 2 ans joue aussi comme une cure de désintoxication de l’alcool. Ses conceptions poétiques originales s'affirment dans « Art poétique », composé dès 1874 en prison mais publié seulement en 1884.

Il y revendique « de la musique avant toute chose » et ouvre la voie au symbolisme.

Libéré en 1875, Verlaine rencontre Rimbaud pour la dernière fois à Stuttgart en février. Ce sera leur dernière rencontre, qui se passe mal. À partir de 1878, il entame une relation apparemment platonique avec un de ses élèves, Lucien Létinois, alors âgé de 17 ans.

Relation qui durera jusqu’à la mort du jeune homme en 1883, à cause de la fièvre typhoïde.

Après la mort de Lucien, Verlaine sombre définitivement dans l’alcool.

Cependant, ses recueils lui apportent une réputation littéraire grandissante, notamment « Jadis et naguère » (1884) marqué par la mélancolie, la mort et la déception.

En 1884, il publie un essai sur trois "poètes maudits" qui contribue à les faire connaître (Mallarmé, Tristan Corbière, Rimbaud). A partir de 1887, alors que sa célébrité s'accroît, il plonge dans la misère. En 1894, il est couronné "Prince des Poètes" et doté d'une pension.

Usé prématurément, il meurt dans la misère le 8 janvier 1896, à Paris. .

Le recueil « Poèmes saturniens », est le premier publié par Verlaine.

Saturne : Dieu romain, équivalent de Chronos, dieu du temps chez les Grecs.

Symbole de celui qui dévore autant qu’il engendre ses enfants.

Dans l’astrologie, Saturne est considérée comme « une planète froide et malfaisante, ennemie de la nature, [et] de l’homme » selon le Littré.

On considéra longtemps que ceux qui sont nés sous l'influence de Saturne sont à jamais sous son influence négative tant au niveau de leur tempérament que de leur destinée.

Le recueil « Poèmes saturniens » est introduit par un Prologue poétique et clos par un Épilogue constitué de 3 poèmes.

Entre le prologue et l'épilogue, le recueil est divisé en quatre parties :

- « Mélancholia »: 8 sonnets

- « Eaux-fortes »: 5 poèmes de formes diverses.

- « Paysages tristes »: 7 poèmes de formes diverses typiques de la poésie romantique comme

« soleils couchants », « Promenade sentimentale »

C'est à cette partie qu'appartient « Chanson d’automne »,

- « Caprices »: 5 poèmes de formes diverses suivis d'une série de 12 poèmes divers indépendants.

Comme l’ensemble des « Poèmes saturniens » (1866), « Chanson d’automne » est une œuvre de jeunesse de Verlaine dans laquelle on ressent l'influence de Charles Baudelaire.

Comme tant d'écrivains et de poètes du XIXe Siècle, Verlaine s'est laissé inspirer par le charme mélancolique de l'automne.

Le poème offre un exemple poignant de la mélancolie qui assaillait le poète, qui se croyait sous l’influence néfaste de Saturne.  Le thème du poème est non seulement celui des saisons, mais bien surtout celui du temps qui passe et de ses méfaits.  

Le poème prend donc une valeur symbolique mais aussi prophétique puisqu’il suggère déjà le drame que sera l’existence de Verlaine.

Avec ce recueil, Verlaine qui donnera un nouveau souffle à la poésie commence à prendre ses distances avec le romantisme.

En effet, on y retrouve le lyrisme et les thématiques traditionnelles du romantisme,.

Cependant, le poète commence à renouveler le champ poétique par la remise en cause des usages conventionnels aussi bien au niveau de la forme (rythme, rimes, forme), que du fond même des images empruntées.

Nous verrons donc dans un premier temps comment Verlaine avec ce poème chanson revisite le romantisme, puis nous analyserons en quoi les sentiments mélancoliques exprimés par le poème font entrer leur auteur dans la modernité littéraire de son époque.

Chanson d'automne : un poème chanson d'un lyrisme original

1 - Un poème chanson

Ce poème étonne par sa brièveté et sa simplicité : juste 3 sizains (strophes de six vers) composés de vers courts (3 ou 4 pieds).  Par sa construction et son rythme, il évoque une courte chanson.

Cette musicalité renvoie à un autre poème de Verlaine « Art poétique » qui commence par ce vers

« de la musique avant toute chose ».

Cette définition de la poésie comme musique se retrouve dans le titre du poème «chanson d'automne».  Au sein même du poème cette musique est clairement évoquée :

• quand le poète associe métaphoriquement l'automne à des violons (1), évoquant ainsi une longue plainte de la nature
• quand le poète utilise l'image de l'heure qui sonne (2) pour évoquer le temps qui passe.

La musicalité du poème est due principalement aux sonorités et aux rythmes utilisés par l'auteur.

Les sonorités

Les sonorités du poème sont principalement dues aux rimes (genre et richesse), assonances et allitérations utilisées

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