Vénus anadyomène
Commentaire de texte : Vénus anadyomène. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jmonneuse • 24 Décembre 2021 • Commentaire de texte • 725 Mots (3 Pages) • 858 Vues
Vénus anadyomène
[pic 1]« Vénus anadyomène » parodie le motif antique de la naissance de Vénus sortant de la mer, en dressant le portrait horrifique d’une prostituée corpulente sortant d’une vieille baignoire.
- Que signifie le titre du poème ? Quel est le sujet du poème ?
Le titre du poème évoque le thème antique de la naissance de la déesse Aphrodite (ou Vénus) sortant de l’eau, illustré par exemple par Botticelli en peinture. Mais le sujet du poème est tout autre : il s’agit de la description d’une vieille et laide prostituée !
- A quelle forme de discours appartient ce poème ? Quel est le registre principal ?
Ce poème est descriptif. Il s’agit d’un blason. Il est également parodique car le titre est purement ironique. Dès le premier vers, en effet, la conque de la Vénus de Botticelli est remplacée par une « vieille baignoire » (v. 3) comparée à un « cercueil » (v. 1) ! En fait la Vénus annoncée par le titre du poème n’est qu’une prostituée vieille et malade…
- Comment est décrite la prostituée ?
La prostituée est décrite de haut en bas, du moins de la tête « à l’anus », en passant par le cou (« le col »), les « omoplates » (v. 5), le « dos » (v. 6), les « reins » (v. 7 et 12) et « l’échine » (v. 9). Il s’agit d’une femme disgracieuse.
Contrairement à Vénus, la prostituée est brune (« à cheveux bruns »), vieille et laide (« fortement pommadée », « avec des déficits assez mal ravaudés »), grosse et grasse : « col gras » (v. 5), « larges omoplates / Qui saillent » (v. 5-6), « la graisse sous la peau » (v. 8). Son dos est difforme (« le dos court qui rentre et qui ressort »). Sa peau est « grise » et elle a des rougeurs (« l’échine est un peu rouge »).
Loin d’être une beauté fatale cette prostituée ressemble plutôt à un monstre !
D’ailleurs le poète n’utilise pas seulement des adjectifs dépréciatifs pour la décrire mais aussi des termes davantage utilisés pour les animaux que pour une femme : « l’échine » (v. 9), la « croupe » (v. 13). Le pronom indéfini substantivé (« le tout ») pour désigner la prostituée est tout aussi peu élégant.
La laideur de la prostituée est soulignée en outre par des allitérations de consonnes gutturales (« gras et gris) et la répétition dysharmonique de syllabes (« des déficits »).
Si le poète s’attarde sur des aspects visuels, il évoque en outre la mauvaise odeur de la prostituée qui sort pourtant du bain : « le tout sent un goût / Horrible étrangement » (v. 9-10) !
Paroxysme de la vulgarité, aboutissement de la description descendante et chute du poème, le poète termine la description de la prostituée par la mention d’ « un ulcère à l’anus » (v. 14), signe de la syphilis.
- Quels éléments du poème sont une provocation ?
Rimbaud déjoue les attentes du lecteur en choisissant de décrire dans ce poème une prostituée. La mention à la fin du sonnet d’une partie anatomique que la pudeur répugne à dévoiler et les signes cliniques de la maladie avec la pratique sexuelle qu’elle suppose est propre à provoquer le lecteur non averti et le public de l’époque. En associant par la rime l’amour et la beauté avec la laideur et la sexualité, Rimbaud va à l’encontre des règles esthétiques de son temps et affirme une liberté, un affranchissement des règles poétiques.
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